Les cinéphiles le savent bien: Annecy, 53.013 habitants en 2011 d'après la mairie, n'est pas que le chef-lieu de la Haute-Savoie. Depuis 1960, la petite cité alpine accueille un festival du cinéma d'animation. Référence internationale, l'événement a, au mois de juin dernier, généré 115.000 entrées en six jours, avec plus de 500 films projetés, venus de 26 pays. De quoi repousser quelques frontières...
Cette année, le Cristal, le plus prestigieux des prix du Festival d'Annecy, est allé à une oeuvre brésilienne: Le garçon et le monde. J'ajoute que le long-métrage s'est aussi vu décerner le Prix du public. C'est la deuxième création d'Alê Abreu, après un premier opus resté inédit en France. J'ai eu la chance de la découvrir il y a trois semaines environ, dans la plus petite des salles - 37 fauteuils - du... plus petit des cinémas de ma ville. J'en suis sorti absolument en-chan-té ! Comme le titre le suggère, il est ici question d'un petit garçon, qui vit à la campagne avec ses parents. Les premières images le montrent en train de gambader dans la nature, visiblement heureux. Le titre original s'affiche alors et le ton change: le père quitte la petite famille et l'enfant reste, désemparé, avec sa mère pour unique compagnie...
Une petite heure et demie durant, Le garçon et le monde nous place à la hauteur d'un marmot pour envisager la conséquence sur le groupe familial du départ d'un de ses membres. Il semble assez difficile alors de réfréner une empathie à l'égard de ce p'tit bout, privé de son papa. La vraie magie, c'est d'être touché par un dessin. S'il s'enrichit d'innombrables couleurs et de formes plus complexes, le graphisme premier du film paraît assez simpliste, un peu comme si un enfant s'était soudain emparé des crayons de l'auteur. Je me suis convaincu en l'admirant que ce style pouvait aider les plus jeunes à s'immerger dans le scénario. Je crois toutefois qu'il me faut également souligner qu'il n'y avait pas que des enfants avec moi dans la salle. Il y avait aussi des adultes, venus seuls comme moi, ou en groupe de "grands".
C'est que, derrière sa simplicité apparente, le film a un message "politique" à faire passer, un message auquel les petits spectateurs resteront (peut-être) insensibles. C'est sans doute une caractéristique due à sa nationalité brésilienne: le long-métrage offre une tribune aux idéaux libertaires et écologistes. Quand le père du petit garçon s'efface dans le lointain, c'est en fait comme si un monde entier disparaissait avec lui, un univers jusqu'alors harmonieux que vient souiller une logique plus matérialiste, productiviste, quasi-guerrière. Le garçon et le monde quitte le royaume de l'enfance pour arpenter des terres réservées à certains adultes seulement, princes dictatoriaux de mégalopoles régies par les valeurs de l'argent. Quelques images réelles arrivent et, avec elles, l'idée de désolation...
Vous l'aurez compris: si le film vous propose un incroyable voyage parmi les couleurs du Brésil, il en explore aussi la face sombre. Aspect intéressant: il ne donne aucun véritable repère temporel, l'imagerie laissant la place à l'idée d'un futur possible, mais contenant également son lot de références traditionnelles, ancrées dans une sorte de passé reconstitué et imaginaire. Ce qui m'a touché, c'est que le film déroule son scénario presque sans aucune parole: quand les personnages s'expriment, ce qui n'arrive que rarement, ils le font dans un langage inventé, qui est en fait du portugais inversé ! Le garçon et le monde m'a touché aussi grâce à sa bande originale, mélange bien dosé d'airs de carnaval et de musiques rap. De quoi accompagner vos émotions jusqu'au bout du bout du générique final. Une vraie et belle réussite !
Le garçon et le monde
Film brésilien d'Alê Abreu (2014)
C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup: cette merveille de dessin animé me permet aussi d'ajouter un nouveau pays à mon "tableau de chasse" cinématographique. Jusqu'alors, le film qui m'avait le mieux permis d'approcher le Brésil était le bien nommé Rio - un autre dessin animé, venu lui d'un studio américain. Bon, rien ne vous interdit d'apprécier les deux, bien sûr...
Cette année, le Cristal, le plus prestigieux des prix du Festival d'Annecy, est allé à une oeuvre brésilienne: Le garçon et le monde. J'ajoute que le long-métrage s'est aussi vu décerner le Prix du public. C'est la deuxième création d'Alê Abreu, après un premier opus resté inédit en France. J'ai eu la chance de la découvrir il y a trois semaines environ, dans la plus petite des salles - 37 fauteuils - du... plus petit des cinémas de ma ville. J'en suis sorti absolument en-chan-té ! Comme le titre le suggère, il est ici question d'un petit garçon, qui vit à la campagne avec ses parents. Les premières images le montrent en train de gambader dans la nature, visiblement heureux. Le titre original s'affiche alors et le ton change: le père quitte la petite famille et l'enfant reste, désemparé, avec sa mère pour unique compagnie...
Une petite heure et demie durant, Le garçon et le monde nous place à la hauteur d'un marmot pour envisager la conséquence sur le groupe familial du départ d'un de ses membres. Il semble assez difficile alors de réfréner une empathie à l'égard de ce p'tit bout, privé de son papa. La vraie magie, c'est d'être touché par un dessin. S'il s'enrichit d'innombrables couleurs et de formes plus complexes, le graphisme premier du film paraît assez simpliste, un peu comme si un enfant s'était soudain emparé des crayons de l'auteur. Je me suis convaincu en l'admirant que ce style pouvait aider les plus jeunes à s'immerger dans le scénario. Je crois toutefois qu'il me faut également souligner qu'il n'y avait pas que des enfants avec moi dans la salle. Il y avait aussi des adultes, venus seuls comme moi, ou en groupe de "grands".
C'est que, derrière sa simplicité apparente, le film a un message "politique" à faire passer, un message auquel les petits spectateurs resteront (peut-être) insensibles. C'est sans doute une caractéristique due à sa nationalité brésilienne: le long-métrage offre une tribune aux idéaux libertaires et écologistes. Quand le père du petit garçon s'efface dans le lointain, c'est en fait comme si un monde entier disparaissait avec lui, un univers jusqu'alors harmonieux que vient souiller une logique plus matérialiste, productiviste, quasi-guerrière. Le garçon et le monde quitte le royaume de l'enfance pour arpenter des terres réservées à certains adultes seulement, princes dictatoriaux de mégalopoles régies par les valeurs de l'argent. Quelques images réelles arrivent et, avec elles, l'idée de désolation...
Vous l'aurez compris: si le film vous propose un incroyable voyage parmi les couleurs du Brésil, il en explore aussi la face sombre. Aspect intéressant: il ne donne aucun véritable repère temporel, l'imagerie laissant la place à l'idée d'un futur possible, mais contenant également son lot de références traditionnelles, ancrées dans une sorte de passé reconstitué et imaginaire. Ce qui m'a touché, c'est que le film déroule son scénario presque sans aucune parole: quand les personnages s'expriment, ce qui n'arrive que rarement, ils le font dans un langage inventé, qui est en fait du portugais inversé ! Le garçon et le monde m'a touché aussi grâce à sa bande originale, mélange bien dosé d'airs de carnaval et de musiques rap. De quoi accompagner vos émotions jusqu'au bout du bout du générique final. Une vraie et belle réussite !
Le garçon et le monde
Film brésilien d'Alê Abreu (2014)
C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup: cette merveille de dessin animé me permet aussi d'ajouter un nouveau pays à mon "tableau de chasse" cinématographique. Jusqu'alors, le film qui m'avait le mieux permis d'approcher le Brésil était le bien nommé Rio - un autre dessin animé, venu lui d'un studio américain. Bon, rien ne vous interdit d'apprécier les deux, bien sûr...
Tout cela est bien tentant. Merci pour ce joli billet :-)
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