dimanche 6 avril 2014

Coincée

Ses deux Palmes d'or font sûrement de Michael Haneke le réalisateur autrichien le mieux connu à l'étranger. Quand j'ai vu le premier film de son compatriote Julian Roman Pölsler, Le mur invisible, je croyais encore que cet autre cinéaste était allemand. Adapté d'un roman éponyme de Marlen Haushofer, autrichienne elle aussi, son oeuvre avait déjà attiré mon attention lors de sa trop brève sortie en salles. L'opportunité de l'apprécier à la télé m'a réjoui. Je suis parti confiant sur le chemin tortueux de cette très étrange aventure montagnarde...

1963-2013: il se sera passé un demi-siècle avant que les mots deviennent des images. N'ayant pas (encore ?) eu l'opportunité d'apprécier le livre, je lui rendrai hommage toutefois: son idée originelle me paraît toute simple, mais excellente. Le mur invisible a pour héroïne une femme, dont le nom n'est jamais dévoilé. Au début du film, elle est assise à l'arrière d'une décapotable, sur une route ensoleillée des Alpes autrichiennes. Le conducteur et sa épouse l'accompagnent jusqu'à un pavillon de chasse, aussi confortable qu'isolé. Dès le premier jour, la femme est laissée livrée à elle-même dans sa retraite, avec le chien du couple pour unique compagnie. Épuisée, elle s'endort vite, sans attendre le retour de ses hôtes supposés. Quand elle se réveille le lendemain matin, ces derniers n'ont toujours pas réapparu. Et quand elle se décide à marcher jusqu'au village voisin dans l'espoir de les y retrouver, la femme fait quelques pas seulement avant de se heurter à une paroi invisible. Désormais, la voilà coincée ! Ne comptez pas qu'on vous explique...

Le récit est en fait une sorte de flash-back. Nous voyons la femme écrire son histoire sur de nombreuses feuilles de papier et entendons sa voix dire qu'elle agit ainsi pour ne pas sombrer dans la démence. Maintenant, c'est vous qui savez si ce genre de film peut vous plaire ou non. Pour ma part, je suis resté scotché à l'écran ! La beauté plastique de cet étonnant long-métrage me paraît indubitable: elle est aussi un grand atout, puisque, finalement, l'unicité du personnage anéantit rapidement tout espoir de dialogue. L'oeuvre ainsi créée vient renforcer les rangs d'un certain cinéma dit contemplatif. Tourné en 14 mois, Le mur invisible repose également sur un scénario complexe, fruit de sept ans de travail. La prestation de l'actrice allemande Martine Gedeck, plongée en pleine nature, impressionne favorablement: on la jurerait seule, effectivement, loin de la caméra voyeuse. Son contact avec le monde animal - un chien, une vache, des chats - paraît naturel, comme spontanément revenu à l'essentiel. Allégorie de la folie ou monde parallèle ? Ça, c'est à vous d'en décider.

Le mur invisible
Film autrichien de Julian Roman Pölsler (2013)

Primée par le jury oecuménique du Festival de Berlin, cette oeuvre atypique fascine autant qu'elle intrigue. J'ai trouvé intelligent le fait qu'elle ne réponde véritablement à aucune des questions qu'elle pose. L'observation de la nature peut faire penser à Into the wild: on reste loin toutefois de l'approche panthéiste de Christopher McCandless. Certains critiques font un amalgame avec Robinson Crusoé. Je dois dire que je n'ai pas cette référence littéraire. Il me faudrait peut-être voir Seul au monde ou revoir Gravity du côté des solitudes cinéma...

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De votre côté, pas besoin d'attendre plus longtemps...

Vous pouvez lire un autre avis sur le film sur "Le blog de Dasola".

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