jeudi 26 décembre 2013

Devoir grandir

L'esprit de Noël sur le blog ? Je vous jure que j'ai essayé de lui donner une certaine consistance. Seulement voilà, le moment venu, j'ai dû me rendre à l'évidence: j'ai très peu de films sur ce thème, fut-il traité sur un mode grinçant ou satirique. Rendez-vous ici même le 31 à midi pour un long-métrage spécial réveillon, mais aujourd'hui, on va se contenter d'une évocation de l'Amérique populaire: Summertime. C'est le tout premier film d'un dénommé Matthew Gordon. Il a obtenu le Prix du scénario au Festival du film américain de Deauville 2012.

Ne vous y trompez pas: Summertime n'a rien à voir avec le standard jazz écrit par George Gershwin - joie des titres en anglais différents des titres originaux ! Le héros du film s'appelle Robbie. Il a 14 ans. Vit seul avec une grand-mère muette et un demi-frère plus jeune. Parents disparus, même si la mère des deux garçons envoie encore une carte postale de temps en temps. Quand le film commence, il est l'heure des grandes vacances. Robbie, qui cache sa situation exacte aux profs de son école, vient d'être puni pour vol. On lui a expliqué qu'il devrait rédiger une dissertation pendant l'été pour être accepté au lycée. Comme si c'était sa priorité. Comme si ce môme perdu avait le temps de penser à autre chose qu'à sa survie. J'imagine bien que ça peut vous sembler plombant, présenté ainsi. J'ai pourtant vu dans ce récit un héritier des vieux romans américains sur les classes populaires. Le Monde citait Mark Twain. J'aurais dit John Steinbeck.

Je ne vais pas tout vous dire, juste qu'il n'y a qu'une demi-douzaine de personnages. L'intrigue rebondit une première fois après l'arrivée d'un grand frère. À vous de voir comment. Si vous avez l'occasion d'apprécier cette oeuvre de débutant, j'ose espérer que vous y serez sensibles. On peut, c'est vrai, passer à côté. Ne pas trouver d'intérêt particulier à la description très prosaïque d'une certaine misère sociale. Reste que les gamins de Summertime sont juste bluffants. William Ruffin, John Alex Nunnery ou Patrick Rutherford dans un rôle plus ingrat encore... ils débutent tous, sauf erreur, et se fondent pourtant parfaitement dans leurs rôles. Le mot qui décrirait au mieux leur prestation serait sans doute "sobriété". Sobre, j'ai en fait trouvé que tout le film l'était, à vrai dire. Le scénario tient en une heure dix. Beaucoup de choses sont dites ou montrées, pourtant, et la longueur paraît suffisante. La fin, elle, est belle, un peu triste et surprenante.

Summertime
Film américain de Matthew Gordon (2011)

On peut louer l'aspect presque artisanal de ce film, 100% indépendant parce que financé par les amis et la famille du réalisateur. Montant total des frais engagés: 300.000 dollars "à peine". Il me faudra essayer de retenir ce nom: Matthew Gordon. J'ose ici un parallèle timide avec le très beau Mud - Sur les rives du Mississippi. L'Amérique a bien autre chose à nous offrir que des blockbusters !

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Une ultime précision... à presque 17h00...

Avant cette fiction, Matthew Gordon a 15 ans de documentaires derrière lui. De quoi mieux cerner et apprécier sa façon de filmer.

Je ne suis pas le seul à aimer le film. À vérifier sur...

- "L'impossible blog ciné" (en version très courte !).
- "Sur la route du cinéma" (de façon plus explicite).
- "Le blog de Dasola" (au milieu d'autres oeuvres).

1 commentaire:

  1. Bonsoir Martin, voilà le genre de "petit" film américain comme on aimerait en voir plus souvent. Merci pour le lien et bonne soirée.

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