samedi 1 décembre 2012

Un héros très discret

D'avoir récemment revu Les enfants du paradis m'a donné l'envie d'en reparler sur le plan technique. Dans ma précédente chronique consacrée au film, j'ai déjà dit pas mal de choses sur cette merveille. Le temps n'a pas altéré son éclat. Je voudrais désormais présenter l'un des artistes qui l'ont créée, j'ai nommé Alexandre Trauner, l'auteur des somptueux décors du long-métrage. Le tournage complet s'est réparti sur deux sites, en région parisienne et, à seulement quelques kilomètres de chez moi, aux studios de la Victorine, à Nice.

Si je présente Alexandre Trauner comme un héros très discret, c’est qu'il est notable que Les enfants du paradis est un travail effectué… dans la clandestinité. Sa magnificence nous fait très rapidement oublier que le film a été tourné en temps de guerre. Le fait est que, de confession juive, le chef décorateur était menacé dans la France de Vichy. Originaire de Hongrie, Trauner était arrivé à Paris en 1929. Sa formation aux Beaux-Arts de Budapest lui permit de devenir l'assistant d'un autre décorateur de cinéma, Lazare Meerson. Ami fidèle de Jacques Prévert, il deviendra son propre patron dès 1937.

Devenu Boulevard du Crime, son Boulevard du Temple reconstitué demeure l'un des plus grands décors construits pour le cinéma français. On peut d'ailleurs noter que ce n'est pas le seul qu'il ait conçu en collaborant avec Marcel Carné: avant et après cet épisode, les deux hommes ont travaillé de concert à de nombreuses reprises. La carrière de Trauner impressionne pour sa longévité. Son travail sera récompensé d'un Oscar en 1961, pour La garçonnière. Il sera aussi nommé sept fois aux Césars et remportera trois trophées dorés avec Mr. Klein (1977), Don Giovanni (1980) et Subway (1986) !

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Si vous voulez en savoir plus...

À Paris, la Cinémathèque organise jusqu'au 27 janvier une exposition consacrée au film Les enfants du paradis. Elle évoque probablement la carrière de Joseph Kosma, co-auteur de la bande originale du film. Lui aussi a travaillé dans la clandestinité… et signe son travail Georges Mouqué. Né en Hongrie en 1905, Kosma fut naturalisé français en 1949, quatre ans après la sortie en salles. L'histoire populaire de la chanson française le connaît également comme auteur de la musique des Feuilles mortes. Paroles de Prévert, bien sûr...

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