Une chronique de Martin
Comédien figurant à la petite semaine, l'Indien Hrundi V. Bakshi s'avère incapable de jouer sobrement la moindre situation simpliste. Interdit de plateau, il dynamite la fin d'un tournage quand, à la suite d'une énième bévue et bien avant la scène finale, il déclenche prématurément un explosif et détruit le décor. Le metteur en scène en informe immédiatement le producteur du film, lequel note le nom du gaffeur, nom alors inscrit sur la liste des convives d'un dîner mondain. L'histoire - loufoque - de La party débute véritablement après les présentations. En route pour une délirante heure et demie...
En voyant Peter Sellers à l'affiche, qui plus est avec Blake Edwards derrière la caméra, les amateurs auront compris à quoi s'attendre. Déjà complices dans La panthère rose, les deux larrons récidivent dans un cadre différent, mais à peu près dans le même registre. L'aspect le plus déroutant de ce (vieux) film est peut-être le rythme relativement lent de sa progression. L'humour n'y est pas échevelé, mais plutôt burlesque: beaucoup de situations se passent de mots pour mieux exploiter la gestuelle des acteurs, surtout du premier d'entre eux, Peter Sellers donc. En roue libre sous la direction rassurante de son comparse américain, le Britannique donne probablement le meilleur de lui-même et aimante la caméra. Rares sont les plans dont il est absent. Même si c'est parfois tout au fond.
La party est donc une drôle de fête: l'esprit de Hrundi V. Bakshi va doucement contaminer l'atmosphère ambiante, le fait le plus fou étant sans doute que ce dernier, de par sa gentillesse fondamentale, ne se rend pas vraiment compte des catastrophes qu'il provoque partout. "La sagesse est le terrain de l'ancien, le coeur d'un enfant est chose pure", assure-t-il à une femme comme lui un rien perdue au cours de cette étrange soirée. De comique, le ton du film devient alors très légèrement sentimental, avec un autre rendez-vous convenu pour récupérer un chapeau dont on se dit qu'il pourrait déboucher sur autre chose. Blake Edwards n'étant pas très explicite là-dessus, chacun pourra conserver sa propre vision de l'avenir proche des personnages et de leurs pensées. Et c'est très bien ainsi.
Film américain de Blake Edwards (1968)
Avis aux amateurs: c'est déjà la quatrième oeuvre du réalisateur présentée ici, après La panthère rose, donc, mais aussi Diamants sur canapé et La grande course autour du monde. Sans faire offense au cinéaste, c'est aussi celle qui m'a le moins convaincu. Peut-être parce qu'elle a un peu vieilli, même si les techniques utilisées pour laisser la porte ouverte aux multiples improvisations de Peter Sellers étaient à l'époque tout à fait innovantes. J'ajouterai juste un mot pour vous rassurer: j'ai bien rigolé quand même.
Un chef-d'oeuvre comique immense !
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