Une chronique de Martin
Un aveu, d'abord: j'ai assurément de grandes lacunes au rayon japanimation. J'ai certes vu quelques productions du studio Ghibli, mais je n'ai jamais vraiment couru après les dessins animés venus d'Asie. Je note d'ailleurs que celui que je vous présente aujourd'hui arrive bel et bien du Japon, qu'il s'inspire d'un manga, mais que c'est un réalisateur américain qui a pris les commandes du projet - nippon sur la forme, cela dit. Amer béton m'a vraiment plu. Il a pour héros Blanc et Noir, deux orphelins qu'on appelle Les chats, (sur)vivant dans une grande ville en s'en croyant les maîtres. Une impression qu'un groupe de yakuzas, ulcérés de la notoriété des gamins, va s'efforcer de dissiper. Quitte pour ça à tuer deux enfants...
Vous l'aurez compris: Amer béton est un film plutôt dur, une série noire dessinée. Il ne faut pas se laisser abuser par ses couleurs éclatantes: si les images sont souvent magnifiques, la trame générale du scénario est franchement à réserver à un public averti. Je suppose que l'objet cinématographique est en cela purement fidèle à l'oeuvre originale, signé Taiyo Matsumoto. J'ai tout lieu de penser que le cinéaste américain qui s'est emparé du projet a respecté l'esprit du maître japonais, puisqu'il habite également lui-même l'archipel depuis un certain nombre d'années. Bref: il n'est pas ici question de poésie et, s'il y a une nostalgie que j'avais cru déceler dans d'autres longs-métrages nippons, elle est cette fois mortifère.
Ironie de l'intrigue: les yakuzas qui, par la violence, veulent prendre le contrôle du quartier de Noir et Blanc souhaitent le détruire également, pour construire... un grand parc d'attractions. Il est évident que la fête qui s'y déroule au cours de l'histoire tourne mal, mais j'évite d'en dévoiler davantage pour préserver la surprise. Personnellement, je suis ravi: je me suis tourné vers ce film rapidement, sans grande information sur ce qui allait m'être donné de voir, sans a priori, donc, et j'ai vraiment apprécié le spectacle. Amer béton est souvent un pur émerveillement graphique. Absolument pas manichéen, son propos, tout fantaisiste qu'il puisse être par moments, est aussi extrêmement crédible et j'allais dire contemporain. Je n'ai certes pas vu le film du siècle, mais j'ai ressenti un vrai coup de coeur. De quoi m'inciter à me plonger encore plus avant vers l'animation venue d'ailleurs. J'y reviendrai et, d'ici là, suis preneur de tout conseil ou renseignement complémentaire.
Amer béton
Film japonais de Michael Arias (2006)
Je me répète: soyez prévenus qu'il y a là plus qu'un dessin animé basique, que tout n'est pas forcément tout rose dans cette ville imaginaire, préparez-vous en conséquence et je crois qu'il y a vraiment de très fortes chances que vous preniez plaisir à regarder cette oeuvre. Au petit jeu de la comparaison, j'avais une piste, mais elle m'est sortie de l'esprit. En un sens, bien que plus futuriste encore, un film comme Numéro 9 me paraît rester pertinent. Restons donc du côté japonais de l'imaginaire: je citerais également Steamboy, dessin animé auquel je n'avais pas tout à fait adhéré. Cette fois, vous l'aurez compris, je suis nettement plus convaincu.
Salut,
RépondreSupprimerpuisque tu as aimé Amer Beton je te conseille vivement Mind Game.
Attention, certes Michael Arias était au commande mais c'est bel et bien le studio 4°c, à mon sens le meilleur studio d'animation au Japon voire sur le globe, qui a superbement collaboré pour donner ce chef d'oeuvre.
Petit indication aussi, Arias n'est pas le seul "étranger" de l'équipe, la sublime BO est signée Plaid(un groupe anglais) et le designer sonore Mitch Osias est aussi américain.
Pour revenir sur Mind Game, c'est un peu la vitrine du studio 4°C, un film hors norme, où expérimentations riment avec génie.Comme à son habitude le studio ne cesse d'expérimenter de nouvelles formes graphiques pour créer à chaque fois des ovnis animés.
Bref à voir d'urgence.
J'adore les mangas... faudra que je regarde celui ci et amer beton...
RépondreSupprimerau début j'ai cru que tu parlais du "royaume des chats" des studios ghibli..
des bises.
cécile