samedi 7 juin 2025

Yuri et les monstres

Vous me le confirmerez peut-être, mais je suppose ne pas être le seul à penser au comte Dracula quand on parle des Carpates. Cette zone montagneuse d'Europe centrale s'étend sur huit pays et 209.000 km². Réinventée, elle est le territoire d'un film récent: La légende d'Ochi. Le tout premier long-métrage d'un Américain spécialiste du clip vidéo.

Yuri, 16 ans, vit seule avec son père. Elle est le maillon faible supposé du groupe d'adolescents qui habite une île plantée au milieu d'un lac, lui-même situé à mille lieues du monde civilisé. Hommes et femmes sont parvenus à cohabiter avec les loups et les ours, mais les forêts du coin cachent d'autres créatures sauvages, jugées dangereuses. Conséquence: la petite troupe organise régulièrement des chasses nocturnes, dans l'idée d'éradiquer la menace pesant sur la collectivité. Yuri, quant à elle, préférerait comprendre ce qu'est devenue sa mère depuis qu'elle a quitté le domicile conjugal. Sa rencontre impromptue avec un bébé-monstre l'incitera dès lors à partir, au mépris d'un péril supposé fatal, mais qu'elle n'a en réalité jamais dû affronter de près. La légende d'Ochi convient aux adultes et aux enfants dès 10-12 ans. Certaines séquences du film sont vraiment mignonnes comme tout. L'ensemble offre une très touchante - et intelligente - ode à la nature.

D'autres pourraient donner quelques frissons désagréables à un public encore peu familier avec les mondes fantastiques, le remue-ménage qui les anime parfois et les émotions fortes. OK: rien de rédhibitoire. D'après ce que j'ai lu, cela faisait une dizaine d'années que l'auteur pensait à un film de ce genre, dans la lignée des meilleurs classiques des années 1980 conçus par Steven Spielberg, Joe Dante et consorts. Vous noterez d'ailleurs que La légende d'Ochi use d'effets spéciaux numériques, mais aussi d'animatroniques, ce qui lui donne la patine caractéristique de cette décennie dorée du cinéma de divertissement hollywoodien. Le scénario reprend d'ailleurs quelques grands thèmes des oeuvres de cette époque, tel celui de la famille monoparentale et/ou dysfonctionnelle - ce qui plaira aux plus grands, nostalgiques. Défendue pour le studio A24, que l'on présente comme un pourvoyeur important de fictions fort bien ficelées, je trouve que cette histoire mérite d'être prise en considération. Elle n'est pas la suite d'une autre et pas non plus un énième bagarre entre superhéros. Je m'en réjouis !

La légende d'Ochi
Film américain d'Isaiah Saxon (2025)
Je me suis intéressé à cette sortie après avoir découvert l'apparence de la petite créature et la présence dans le casting de Willem Dafoe. Autre visage familier à l'écran: celui d'Emily Watson, très à son aise. Cela m'a rappelé un chouette dessin animé: Le royaume de Kensuké. Au contact direct de la nature, le magnifique Gorilles dans la brume restera une référence. Et Donne-moi des ailes séduit à sa manière...

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Je tenais aussi à le dire...

La musique du film est superbe. Elle est l'oeuvre de David Longstreth. Le langage des Ochi, lui, associe des chants d'oiseaux à des sonorités d'origine humaine, sifflées par l'artiste Paul "The Birdman" Manalatos.

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