mardi 9 décembre 2025

Du collectif à l'intime

Je n'ai aucun doute: sur le papier, le monde du travail et les inégalités sociales peuvent nourrir bien des scénarios de cinéma. Je dois dire que j'avais eu l'idée de rapprocher deux films sur ces thématiques. L'envie m'est finalement passée et je n'en ai donc vu qu'un seul. Partie remise (peut-être) pour l'autre. Et voici d'abord... Les braises !

S'agit-il d'évoquer un feu qui couve et qui ne demande qu'à repartir ? Ou bien de parler d'un autre, qui s'éteint doucement ? Il est possible que j'aie mal compris le titre de ce film, sorti début novembre. Virginie Efira incarne une employée d'usine, que l'on découvre mariée depuis vingt ans et mère de deux ados. Sa petite famille ne roule pas sur l'or, mais elle semble avoir une vie paisible et assez confortable. Karine, cependant, rejoint et fédère un petit groupe de Gilets jaunes. Sa situation dégénère un jour, après quelques frictions avec la police. La jeune femme voit son mari, amoureux, mais chef d'une entreprise en difficulté, s'inquiéter des risques encourus à (trop) se "radicaliser".

C'est, il me semble, le sujet du long-métrage, intelligent et bien joué. Arieh Worthalter prend de fait une place de plus en plus importante dans ce rôle d'époux préoccupé par la situation. D'où une question essentielle qui vient relayer celle de la justice sociale: un couple sincère peut-il véritablement perdurer si l'une et l'autre des personnes engagées suivent des chemins différents pour chercher le bonheur ? Chacun jugera de la manière dont Les braises répond. Ma déception personnelle, relative, vient du fait que cette interrogation légitime efface l'approche sociétale que le film semblait privilégier au départ. Le résultat n'est donc pas inintéressant, mais disons... un peu bancal.

Les braises
Film français de Thomas Kruithof / 2025

Bon... j'en attendais autre chose, mais je n'ai rien vu de déshonorant. Une semi-réussite, en résumé: il manque un je-ne-sais-quoi de fort et/ou de percutant pour me toucher vraiment. Un peu plus d'attention portée aux personnages secondaires, sûrement, et donc aux Gilets jaunes que j'imaginais être collectivement les personnages du film. Dans ce genre, Les neiges du Kilimandjaro est une bonne référence !

4 commentaires:

  1. J'aurais volontiers aussi Les braises, surtout sur la même période de sortie de Dossier 137. Mais à te lire, je ne sais que ce que tu écris du film et quelques images de bande annonce, Les braises n'a pas la même dimension que le film de Moll ou, par exemple, La fracture de Catherine Corsini. Une histoire de couple donc et de valeurs de chacun, plutôt que de défaillance de l'Etat et d'injustices sociales. Bon, je reste curieux.

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    1. En effet, Benjamin : "Les braises", c'est plutôt l'histoire d'un couple qui, à partir de la même sensibilité, n'a pas forcément la même manière d'agir en adéquation avec ses valeurs. Et des conséquences qui s'en suivent.

      Le film n'en est pas moins estimable ! Il mérite qu'on s'y intéresse, même si je m'attendais à ce qu'il parle plus longuement des injustices sociales et, surtout, de la difficulté de monter un collectif efficace pour chacun de ses membres.

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  2. La BA m'a suffi. Je n'ai pas cru un instant au personnage de Virginie Efira et ses grands yeux émerveillés au mileu de la manif. Je suis persuadée que ce couple meeeeeerveilleux résiste à l'épreuve.

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    1. Il est certain que, pour parler des Gilets jaunes, "Dossier 137" a (beaucoup) plus d'impact.
      Thomas Kruithof passe à côté de quelque chose. Et Virginie Efira est capable de beaucoup mieux.

      Le film est intéressant, mais je suppose que tu n'as pas de regrets. C'est de toute façon inutile d'en avoir.

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