Je compare souvent le cinéma à une fenêtre que nous pouvons ouvrir sur le monde. Aujourd'hui, pour la toute première fois depuis le mois de février 2020, j'embarque vers le Mexique contemporain. L'occasion d'évoquer un très beau film réalisé par deux femmes: Hijo de sicario. On aurait pu choisir Fils d'un tueur à gages comme titre en français...
Pour info, en version originale, ce long-métrage de pile deux heures porte tout simplement le prénom de son personnage principal: Sujo. Une identité dont le secret ne sera révélé qu'à la toute fin du film. Avant cela, nous ferons connaissance avec un enfant de quatre ans élevé par son jeune père, assassin à la solde des barons de la drogue. Moins de dix minutes passent et cet homme est abattu dans le cadre d'un règlement de comptes. Sujo, orphelin, est sauvé par sa tante maternelle, inquiète à l'idée que le petit garçon subisse la destinée tragique de son géniteur et meure sous la balle vengeresse d'un chef mafieux. Finalement, mis à l'abri, il grandira presque normalement. Pour nous le montrer, le film se découpe en quatre chapitres distincts et peut ainsi couvrir une période d'une - petite - vingtaine d'années. Ma "théorie de la fenêtre" en sort renforcée: c'est très intéressant. Bon, d'accord, je vais laisser à d'autres le soin de juger du réalisme...
Dans le dossier de presse du film, il est rappelé que les réalisatrices se connaissent et collaborent depuis plus de quinze ans. Leur note d'intention commune précise: "Nous pensons que la force de nos films vient de notre appartenance à une minorité". OK. Les deux amies s'estiment dès lors tenues de "raconter les histoires de notre époque" et soulignent que leur film "avance sur différents niveaux de réalité". Je le répète: c'est très intéressant, au moins pour qui serait curieux d'un peu mieux appréhender toute la complexité d'un pays d'Amérique latine d'allure assez familière, mais que j'estime finalement méconnu. Grand prix du jury à Sundance en janvier, Hijo de sicario brille aussi par ses qualités formelles et, entre autres, sa gestion de la lumière. J'ai ainsi été particulièrement sensible à quelques scènes intenses tournées dans l'obscurité, en alternance avec d'autres plus éclairées. De ce film, j'ai aussi aimé les actrices et acteurs, tous d'une justesse exemplaire - une mention spéciale au premier rôle, Juan Jesús Varela. Il serait très dommage que leur travail passe complètement inaperçu !
Hijo de sicario (ou Sujo)
Film mexicain d'Astrid Rondero et Fernanda Valadez (2024)
Je n'avais plus eu de nouvelles du cinéma au Mexique depuis huit ans et la sortie de Desierto (consacré, lui, au fléau de l'émigration subie). Autant dire qu'on ne rigole pas tous les jours de ce côté du monde. Vous avez certes le droit de négliger cette vérité, mais je crois utile que le cinéma nous la rappelle parfois - a fortiori de cette manière. Requiem for a dream et Mais vous êtes fous n'ont pas un tel impact !
Pour info, en version originale, ce long-métrage de pile deux heures porte tout simplement le prénom de son personnage principal: Sujo. Une identité dont le secret ne sera révélé qu'à la toute fin du film. Avant cela, nous ferons connaissance avec un enfant de quatre ans élevé par son jeune père, assassin à la solde des barons de la drogue. Moins de dix minutes passent et cet homme est abattu dans le cadre d'un règlement de comptes. Sujo, orphelin, est sauvé par sa tante maternelle, inquiète à l'idée que le petit garçon subisse la destinée tragique de son géniteur et meure sous la balle vengeresse d'un chef mafieux. Finalement, mis à l'abri, il grandira presque normalement. Pour nous le montrer, le film se découpe en quatre chapitres distincts et peut ainsi couvrir une période d'une - petite - vingtaine d'années. Ma "théorie de la fenêtre" en sort renforcée: c'est très intéressant. Bon, d'accord, je vais laisser à d'autres le soin de juger du réalisme...
Dans le dossier de presse du film, il est rappelé que les réalisatrices se connaissent et collaborent depuis plus de quinze ans. Leur note d'intention commune précise: "Nous pensons que la force de nos films vient de notre appartenance à une minorité". OK. Les deux amies s'estiment dès lors tenues de "raconter les histoires de notre époque" et soulignent que leur film "avance sur différents niveaux de réalité". Je le répète: c'est très intéressant, au moins pour qui serait curieux d'un peu mieux appréhender toute la complexité d'un pays d'Amérique latine d'allure assez familière, mais que j'estime finalement méconnu. Grand prix du jury à Sundance en janvier, Hijo de sicario brille aussi par ses qualités formelles et, entre autres, sa gestion de la lumière. J'ai ainsi été particulièrement sensible à quelques scènes intenses tournées dans l'obscurité, en alternance avec d'autres plus éclairées. De ce film, j'ai aussi aimé les actrices et acteurs, tous d'une justesse exemplaire - une mention spéciale au premier rôle, Juan Jesús Varela. Il serait très dommage que leur travail passe complètement inaperçu !
Hijo de sicario (ou Sujo)
Film mexicain d'Astrid Rondero et Fernanda Valadez (2024)
Je n'avais plus eu de nouvelles du cinéma au Mexique depuis huit ans et la sortie de Desierto (consacré, lui, au fléau de l'émigration subie). Autant dire qu'on ne rigole pas tous les jours de ce côté du monde. Vous avez certes le droit de négliger cette vérité, mais je crois utile que le cinéma nous la rappelle parfois - a fortiori de cette manière. Requiem for a dream et Mais vous êtes fous n'ont pas un tel impact !
Ah oui,j’avais bien aimé moi aussi ce film. C’est vrai que c’est original ce découpage en épisodes dans le film, qui parle d’un récit d’apprentissage d’un orphelin qui va essayer d’échapper au destin de son père. La plupart des gens n’ont pas cette chance au Mexique d’échapper à la violence des cartels.
RépondreSupprimerCe que je trouve vraiment terrible, c'est que nous avons généralement du Mexique une image plutôt positive, il me semble. Alors que la violence semble gangréner la société et que les Mexicains ne sont peut-être pas un peuple si heureux que nous pouvons l'imaginer.
SupprimerJ'ai aimé ce film pour montrer cette autre réalité sans pathos ni misérabilisme.