lundi 8 juillet 2024

À l'ombre du géant

Je vous propose de démarrer cette semaine avec un autre film sorti dans les années 60: le tout premier à 100% réalisé par Sergio Leone. Très actif jusqu'alors comme assistant, le Romain est sorti de l'ombre pour tourner un péplum à sa (dé)mesure: Le colosse de Rhodes. Certains disent qu'il n'était pourtant pas un grand amateur du genre...

Ce film, comme souvent à l'époque, est une grande coproduction internationale, associant des Italiens, des Français et des Espagnols. Elle a pour personnage central un certain Darios, venu d'Athènes jusqu'à Rhodes pour visiter son oncle. Sa réputation de héros militaire l'encourage à séduire l'une des femmes de l'île: Diala, la fille adoptive du concepteur du fameux colosse. Il se retrouve alors très vite plongé dans une guerre civile dont les ressorts lui échappent largement. Finalement, il prend acte de l'impopularité de Xerxès, le roi local. Vous croyez qu'il va alors se mettre au service d'une population opprimée ? C'est un peu plus compliqué: Darios est en fait un héros ambigu, qui joue d'abord ses propres cartes. On découvrira ensuite qu'il peut être "faible" ou disons chanceux quand il se tire d'affaires mal embarquées. D'autres personnages tirent leurs épingles du jeu ! Vrai-faux classique, Le colosse de Rhodes s'écarte du manichéisme...

C'est aussi un film d'une grande efficacité qui, sans effets numériques modernes, parvient à redonner vie au monde antique d'une manière particulièrement saisissante. On en oublie presque que les historiens de 2024 ignorent à quoi ressemblait la fameuse statue reconnue comme l'une des merveilles du monde - et où elle se situait au juste. Leone en fait une représentation d'Apollon, alors que la science parle plutôt d'Hélios. Bref... le spectacle, lui, est à la hauteur de la légende. Et, en deux heures, le scénario connaît plein de rebondissements ! J'ose dire que Le colosse de Rhodes est à mes yeux une réussite exemplaire, marquée par une séquence finale d'une puissance visuelle absolument saisissante (et dont je me suis donc vraiment délecté). J'imagine qu'à l'époque, sur écran géant, ça devait envoyer du lourd ! Autre atout: le film a réveillé mon intérêt pour le cinéma italien historique. Il n'est pas tout à fait à exclure que j'y revienne bientôt...

Le colosse de Rhodes
Film (franco-hispano-)italien de Sergio Leone (1961)

Autant le souligner: je préfère ce type de péplums à d'autres opus "récents" comme Gladiator ou 300. Je trouve les longs-métrages anciens mieux écrits (voir Ben-Hur et/ou La chute de l'empire romain) et prend dès lors à leur (re)découverte un plaisir plus grand. Tout cela peut étonner et reste bien entendu parfaitement subjectif. Et ne m'empêchera pas de retenir bientôt d'autres films d'aujourd'hui !

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Pour d'autres évocations "colossales"...

Je vous renvoie, à présent, vers les sites d'Ideyvonne, Vincent et Lui.

6 commentaires:

  1. Un des "classiques" de mon enfance et ce que tu en dis me donne envie de le revoir.
    Mais je suis tombée de ma chaise en découvrant que tu n'apprécies guère Gladiator, un des modèles du genre selon moi. Et Russel... tellement magnifique.
    Je vais avoir du mal à me remettre de cet avis !

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  2. Un beau souvenir de ma jeunesse...
    Merci pour le lien qui explique la construction du colosse ;)

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  3. @Pascale:

    J'y ai vraiment retrouvé le Leone que j'aime dans le western: celui qui s'empare d'un genre dit "classique" parce qu'il l'aime (ou ici par intérêt pour lancer sa carrière) et parvient à l'altérer, sans lui cracher dessus. En inventant quelque chose de nouveau et en s'appuyant sur des personnages ambivalents. Et une mise en scène à effet waouh garanti !

    "Gladiator" ? J'ai eu du mal avec ce film, mais c'est sans doute en partie lié au fait que je ne l'ai pas découvert au cinéma. Mais il faut dire que j'ai souvent du mal avec les remakes grandiloquents qui surlignent le propos original et donnent aux personnages des caractères opposés très tranchés.

    Russell n'est pas un mauvais acteur, mais je sais que tu l'aimes. Je ne fais que l'apprécier. Tout en me disant qu'il faudrait que je revoie "Master & Commander" pour me souvenir d'à quel point il peut être bon.

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  4. @Ideyvonne:

    Avec plaisir ! J'aime toujours parcourir tes chroniques en images: elles respirent l'amour du cinéma.

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  5. J'aime bien le peplum, mais celui-ci m'a toujours un peu ennuyé. Très différent de ses futurs films, on n'y retrouve guère le Leone qu'on apprécie. Je me souviens aussi des "derniers jours de Pompei" de Bonnard, sur lequel il était assistant. Pas très palpitant. Tu évoques aussi "La Chute de l'Empire romain" de Mann qui m'a à chaque fois plongé dans le sommeil.
    Par contre "Ben-Hur" de Wyler je dis oui ! et "Spartacus" aussi, et "Cléopâtre", et même "Hercule contre les vampires" de Mario Bava, magnifique. Quant à l'arène de Gladiator, j'y retournerai dès que possible !

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  6. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi, mon cher Prince.
    Il se dit que Leone n'était pas fan de peplum et, ici, il nous offre déjà des personnes ambigus.

    Pour le reste, chacun ses goûts, bien sûr, mais j'ai un faible pour les péplums à l'ancienne. Est-ce que tu iras voir "Gladiator II" ? Ou est-ce que tu préféreras re-re-re-voir celui de l'ami Ridley ? Nous aurons sans doute l'occasion de débattre à nouveau.

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