lundi 4 mars 2024

Déliiiiiire !

Autant le dire tout de suite: je ne me suis jamais vraiment intéressé aux créations de Salvador Dalí (1904-1989). Le nom de l'artiste catalan m'est bien sûr familier, mais son parcours largement inconnu. C'est sans attente que je suis allé voir Daaaaaalí !, le douzième opus de Quentin Dupieux au rayon des long-métrages. Une pure bizarrerie !

Bon... les habitués du cinéaste ne seront pas étonnés et je suppose que les nombreux aficionados du peintre ne le seront pas davantage. Je crois toutefois utile de préciser que Daaaaaalí ! n'a rien d'un biopic ordinaire. Sans revenir sur sa vie ou son travail artistique, le film nous plonge dans une étrangeté... qu'il n'aurait pas forcément reniée. Surréaliste ? Peut-être bien, oui, mais le Salvador qui s'agite à l'écran apparaît surtout très prétentieux et ne cesse de frustrer la journaliste à laquelle il a pourtant accepté d'accorder une interview. L'idée maîtresse du film est de confier le rôle de cet inconstant personnage à six acteurs différents. Que dire ? Édouard Baer et Jonathan Cohen m'ont semblé les mieux lotis, devant Gilles Lellouche et Pio Marmaï. Quoi qu'il en soit, chacun s'en sort dignement, sans cabotinage autre que celui que leur modèle exige. Didier Flamand et Boris Gillot complètent le casting: moins connus, plus âgés, mais bien en phase...

J'ai donc passé un moment sympa devant ce Daaaaaalí ! aux visages multiples, d'autant qu'Anaïs Demoustier tient le principal rôle féminin. Seules quelques "blagues" m'ont paru un peu lourdingues sur la durée. Ou disons relativement gratuites: je pense notamment à une colère homérique, interprétée par l'ami Romain Duris. Rien de rédhibitoire. Comme le film ne dure qu'une heure vingt, je n'ai pas ressenti d'ennui. Mieux: je continue même d'être assez admiratif de la façon dont Quentin Dupieux trace son sillon au coeur d'un cinéma français pourtant peu enclin à offrir de telles excentricités, habituellement. Admettons qu'il est unique: j'espère juste qu'il saura aussi évoluer vers d'autres horizons pour se réinventer de manière plus radicale. Tels quels, ses films, bien qu'étonnants, me semblent un peu vains. Je suis sévère, certes, mais c'est plus une exigence qu'un reproche. Oui, le réalisateur est officier des Arts et des Lettres, tout de même !

Daaaaaalí !
Film français de Quentin Dupieux (2024)

Les Dupieux se suivent, ne se ressemblent pas, mais évoluent tous dans le registre de l'humour absurde: c'est une signature d'auteur. Avec un peu de recul, je dois admettre que je préfère certains films précédents comme Rubber (2010), Le daim (19) ou Mandibules (21). Et je constate alors qu'en écrivant cela, je me répète, moi aussi ! Auriez-vous d'autres grands films décalés à suggérer ? Je vous écoute.

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Un rapide regard sur un autre blog ?

Pascale - la veinarde ! - avait découvert le film à la Mostra de Venise. Elle tenait à ne pas trop en dévoiler: sa chronique reste disponible pour vous faire une idée plus complète... avant le prochain Dupieux. D'ici là, vous avez aussi le temps de lire la chronique de Princécranoir. Et de vérifier que le retour de Dasola, lui aussi, s'avère plutôt positif !

4 commentaires:

  1. Merci pour le rappel de l'endroit merveilleux où j'ai découvert le film. Se tremper dans la mer adriatique juste avant d'entrer en salle (et y retourner ensuite)... le rêve.
    Les salles sont juste en face de la plage. Juste la rue (piétonne) à traverser.
    Je recommande :-)
    Et non, je ne te trouve pas sévère. Si la scène de colère de Romain Duris est certes inutile (et méchante) elle m'a vraiment plu et sortie du ronron. Car le film finit par ronronner et ne plus surprendre.
    En effet, Edouard et Jonathan sont les meilleurs Dali mais les 6 sont tous très prétentieux tu as raison de le souligner. C'est dommage d'ailleurs de limiter le tempérament de Dali à ce trait de caractère. Tu as encore raison.
    Je note que Dupieux réussit des images absolument superbes où qu'il place sa caméra et ce depuis Rubber (mon pneu préféré).

    Tu vas avoir du mal à te séparer de "sympa" car tu dis avoir passé un moment sympa... C'est terrible chaque fois que je lis ce mot, j'arrête ma lecture. Et je traduis : bon, il a dû passer un moment sans ennui mais pas de quoi sauter au plafond. P..... que ce mot m'ennuie ! lol.

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  2. Merci, tu es... euh, non ! Tu es... bien aimable !

    Il y a toujours chez Dupieux ce côté "petit malin" qui m'agace tout de même un peu. Je ne pense pas qu'il soit cynique, mais la scène de colère serait sans doute largement débattue et critiquée si elle avait tourné par un réalisateur plus âgé. Elle n'est pas très #MeToo-compatible, à mes yeux, et surtout, elle tombe un peu comme un cheveu sur la soupe. Et je ne crois pas qu'on revoie le personnage de Romain Duris après, donc...

    C'est vrai que Dupieux nous offre de belles images. C'est appréciable. Mais cela reste insuffisant à me convaincre totalement. On verra bien ce qu'il en sera de son prochain film...

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  3. Par contre, sympa pour parler d'une personne que l'on trouve sympathique : je valide.
    Mais un film, une musique, un endroit (liste non exhaustive), je capte pas.

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  4. OK. C'est sympa de ta part !
    Tu crois que cette conversation pourrait inspirer Quentin Dupieux ?

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