Ah, le grand cinéma classique italien ! Je suis tout à fait convaincu d'avoir encore quelques-unes de ses plus belles facettes à découvrir. C'est avec bonheur qu'en juillet, j'ai enfin vu Les nuits de Cabiria ! Federico Fellini derrière la caméra filme son épouse Giulietta Masina dans le rôle principal: en soi, ce pas de deux est déjà une promesse...
Contrairement à ce que j'ai longtemps cru, Cabiria n'est pas un lieu ! C'est un personnage: celui de cette jeune prostituée indépendante installée dans un faubourg de Rome, qui se berce d'illusions sur la vie et les hommes. Sa très modeste situation la laisse croire au bonheur conjugal. Or, au début du film, l'un de ses amants lui vole son argent et manque même de la tuer. Et pourtant, même après cet épisode scabreux, elle relève la tête et continue de s'accrocher à ses idéaux. Cèdera-t-elle à d'autres chimères ? Je vais vous laisser le découvrir. L'incroyable génie du tandem Fellini / Masina est de nous embarquer avec l'héroïne et de ne jamais la présenter comme une personne naïve. Déterminée et même pleine d'aplomb, elle mène sa barque comme une femme libre, mais paye le prix d'une condition sociale qui, de fait, l'expose à de grandes difficultés, voire à des dangers. Subtil, ce beau récit le démontre, sans moralisme ou misérabilisme...
Ce cinéma-là est, à mes yeux, tout à fait incarné - presque palpable. C'est-à-dire que, pour moi, il s'inscrit assez clairement dans un cadre territorial donné et à une époque déterminée: l'Italie pauvre de la fin des années 50, donc. Je laisse volontiers à d'autres le soin d'apporter quelques précisions et/ou informations sur ce sujet, quitte à aller jusqu'à me donner tort, mais je trouve que Les nuits de Cabiria prolonge encore (un peu) l'inspiration néoréaliste du cinéma transalpin d'après-guerre, résolument affranchie de la chape de plomb fasciste. J'ai lu - et déjà en partie pu vérifier - que Fellini s'orienterait ensuite vers un style plus onirique, lâchant la bride à ses formidables facultés d'imagination. Il me semble que la fin de ce film présenté aujourd'hui amorce le virage: j'ai en effet l'impression qu'elle peut être analysée comme les premières minutes qui suivent un sommeil ou... le retour d'un rêve apaisant. Et, pour tout dire, je n'ai pas envie de trancher ! D'autres films italiens me permettront sûrement d'affiner mon propos. C'est "seulement" la quatrième fois que j'en défends un cette année...
Les nuits de Cabiria
Film italien de Federico Fellini (1957)
Comparaison n'est pas raison, mais j'insiste: le cinéma italien d'alors regorge de trésors anciens qu'il serait tout à fait désolant de négliger. Avec le divin maestro Fellini, s'inscrire dans une simple démarche chronologique vous conduira vers La strada d'abord et La dolce vita ensuite (non sans intercaler la merveille du jour, qui le mérite bien). Mon index "Cinéma du monde" regroupe bien sûr d'autres références !
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Des liens intéressants sur le Net ?
Il y en a beaucoup ! Je veux avant tout citer Eeguab et le remercier de nous avoir rappelé que le personnage de Cabiria apparaissait déjà dans Le cheik blanc. Pour un regard critique, voir "L'oeil sur l'écran" !
Contrairement à ce que j'ai longtemps cru, Cabiria n'est pas un lieu ! C'est un personnage: celui de cette jeune prostituée indépendante installée dans un faubourg de Rome, qui se berce d'illusions sur la vie et les hommes. Sa très modeste situation la laisse croire au bonheur conjugal. Or, au début du film, l'un de ses amants lui vole son argent et manque même de la tuer. Et pourtant, même après cet épisode scabreux, elle relève la tête et continue de s'accrocher à ses idéaux. Cèdera-t-elle à d'autres chimères ? Je vais vous laisser le découvrir. L'incroyable génie du tandem Fellini / Masina est de nous embarquer avec l'héroïne et de ne jamais la présenter comme une personne naïve. Déterminée et même pleine d'aplomb, elle mène sa barque comme une femme libre, mais paye le prix d'une condition sociale qui, de fait, l'expose à de grandes difficultés, voire à des dangers. Subtil, ce beau récit le démontre, sans moralisme ou misérabilisme...
Ce cinéma-là est, à mes yeux, tout à fait incarné - presque palpable. C'est-à-dire que, pour moi, il s'inscrit assez clairement dans un cadre territorial donné et à une époque déterminée: l'Italie pauvre de la fin des années 50, donc. Je laisse volontiers à d'autres le soin d'apporter quelques précisions et/ou informations sur ce sujet, quitte à aller jusqu'à me donner tort, mais je trouve que Les nuits de Cabiria prolonge encore (un peu) l'inspiration néoréaliste du cinéma transalpin d'après-guerre, résolument affranchie de la chape de plomb fasciste. J'ai lu - et déjà en partie pu vérifier - que Fellini s'orienterait ensuite vers un style plus onirique, lâchant la bride à ses formidables facultés d'imagination. Il me semble que la fin de ce film présenté aujourd'hui amorce le virage: j'ai en effet l'impression qu'elle peut être analysée comme les premières minutes qui suivent un sommeil ou... le retour d'un rêve apaisant. Et, pour tout dire, je n'ai pas envie de trancher ! D'autres films italiens me permettront sûrement d'affiner mon propos. C'est "seulement" la quatrième fois que j'en défends un cette année...
Les nuits de Cabiria
Film italien de Federico Fellini (1957)
Comparaison n'est pas raison, mais j'insiste: le cinéma italien d'alors regorge de trésors anciens qu'il serait tout à fait désolant de négliger. Avec le divin maestro Fellini, s'inscrire dans une simple démarche chronologique vous conduira vers La strada d'abord et La dolce vita ensuite (non sans intercaler la merveille du jour, qui le mérite bien). Mon index "Cinéma du monde" regroupe bien sûr d'autres références !
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Des liens intéressants sur le Net ?
Il y en a beaucoup ! Je veux avant tout citer Eeguab et le remercier de nous avoir rappelé que le personnage de Cabiria apparaissait déjà dans Le cheik blanc. Pour un regard critique, voir "L'oeil sur l'écran" !
De l'avis de nombreux experts le cinéma italien a été l'un des plus grands du monde (chose aujourd'hui un peu oubliée ) et certainement le plus important pendant les deux décennies qui suivirent la fin de la deuxième guerre mondiale. Le réservoir de films à découvrir ou à revoir est donc immense les productions étant pléthoriques (plus de 200 films par an dans les années 60 )jusqu'au déclin des années 80. La liste est trop longue mais le plaisir ,quel que soit le genre de films, est garanti.
RépondreSupprimerIl me semble en effet que j'ai encore beaucoup de bons films à découvrir.
RépondreSupprimerJe vais un peu varier les plaisirs ces prochaines semaines, mais je reviendrai vers cette époque dorée tôt ou tard.
Bon... et un peu de teasing: j'ai prévu de reparler d'un film italien la semaine prochaine, mais ce sera dans un genre très différent.
Hello Martin. Merci du rappel. Tu as dit l'essentiel à propos de Cabiria-Giulietta.Et fort justement sur la fin du Néoréalisme et l'imaginaire de Fellini qui allait s'envoler jusqu'à donner des expressions passeés dans la langue française, Dolce Vita, fellinien, paparazzi. A bientôt.
RépondreSupprimerCiao ! Merci à toi de m'avoir transmis une partie de mon goût pour ces films !
RépondreSupprimerTu as raison sur leur passage dans la langue français. Maintenant que je l'ai vu, je me dis d'ailleurs qu'on utilise souvent l'expression "Dolce Vita" à rebours des intentions de ce cher Federico...