Je peux bien l'avouer: j'ai une certaine tendresse pour Paul Vecchiali. Certes, les choses seraient sans doute bien différentes si nos chemins ne s'étaient pas croisés deux fois, mais, depuis, je me réjouis plutôt des (rares) occasions de découvrir ses films. Et, puisqu'il était projeté près de chez moi, je suis donc allé voir Rosa la rose, fille publique...
Comme le titre et l'image ci-dessus le suggèrent, Rosa est prostituée. Elle n'a que vingt ans et attire de nombreux hommes, sans tabou véritable autre que celui de coucher avec de trop jeunes garçons. Serait-elle frivole ? Assez "solide" pour éviter les risques du métier ? Elle a malgré tout un souteneur. Et, dans un dialogue, la très jolie fille rappelle à deux de ses clients qu'il faut absolument se méfier du Sida. Dans les années 80 du tournage, le propos est ô combien important ! Oui, c'est à juste titre que vous pourriez me dire qu'il l'est encore ! Sans oublier que cette saleté de virus circule toujours, je m'interroge sur ce que je peux, moi, raconter de la modernité de Paul Vecchiali aujourd'hui. Une certitude: en Marianne Basler, il a trouvé une actrice impliquée dans son rôle et qui, comme lui, n'a pas froid aux yeux. D'ailleurs, ensuite, ils ont continué à collaborer: elle était notamment dans son dernier film à ce jour, Un soupçon d'amour (sorti en 2020).
Reste que je me demande comment tout cela sera perçu désormais par un public "découvreur", ignorant tout de la carrière du réalisateur. Un cinéaste méconnu, il faut bien le dire - et sans doute le regretter. Une précision, cependant: audacieux, Rosa... demeure le Vecchiali qui a rencontré le plus de succès à sa sortie. Et, avec une élégance particulière, il confirme le goût de son auteur pour le mélodrame. L'intéressé affirme qu'il a ici recréé ce qui lui était venu en rêve. Surprenantes images qui paraissent d'abord donner de la prostitution une représentation amusante et délurée, avant que la pauvre héroïne perde ses illusions et doive finalement payer le prix de sa liberté. Franchement, je peux tout à fait admettre que ce sujet dramatique n'intéresse qu'assez peu de monde, mais j'ai du mal à comprendre pourquoi l'homme à la caméra, à 91 ans, aura moins fait parler de lui que Demy, Truffaut et Rivette, nés comme lui aux alentours de 1930. Est-ce parce qu'il n'a pas surfé sur la Nouvelle Vague ? C'est possible. Avant de vous l'affirmer, je souhaiterais mieux connaître son travail !
Rosa la rose, fille publique
Film français de Paul Vecchiali (1986)
Un bel opus triste qui m'en a vite rappelé un autre, que j'avais aimé davantage: Corps à coeur, sorti en 1979 et signé du même auteur. Lequel a présenté Rosa... comme "un mélodrame à la fois plus froid et plus romantique" que son prédécesseur. À noter que les deux films s'inscrivent peu ou prou dans un cadre populaire parisien - les Halles pour celui que j'évoque aujourd'hui. On peut alors songer à d'autres...
Comme le titre et l'image ci-dessus le suggèrent, Rosa est prostituée. Elle n'a que vingt ans et attire de nombreux hommes, sans tabou véritable autre que celui de coucher avec de trop jeunes garçons. Serait-elle frivole ? Assez "solide" pour éviter les risques du métier ? Elle a malgré tout un souteneur. Et, dans un dialogue, la très jolie fille rappelle à deux de ses clients qu'il faut absolument se méfier du Sida. Dans les années 80 du tournage, le propos est ô combien important ! Oui, c'est à juste titre que vous pourriez me dire qu'il l'est encore ! Sans oublier que cette saleté de virus circule toujours, je m'interroge sur ce que je peux, moi, raconter de la modernité de Paul Vecchiali aujourd'hui. Une certitude: en Marianne Basler, il a trouvé une actrice impliquée dans son rôle et qui, comme lui, n'a pas froid aux yeux. D'ailleurs, ensuite, ils ont continué à collaborer: elle était notamment dans son dernier film à ce jour, Un soupçon d'amour (sorti en 2020).
Reste que je me demande comment tout cela sera perçu désormais par un public "découvreur", ignorant tout de la carrière du réalisateur. Un cinéaste méconnu, il faut bien le dire - et sans doute le regretter. Une précision, cependant: audacieux, Rosa... demeure le Vecchiali qui a rencontré le plus de succès à sa sortie. Et, avec une élégance particulière, il confirme le goût de son auteur pour le mélodrame. L'intéressé affirme qu'il a ici recréé ce qui lui était venu en rêve. Surprenantes images qui paraissent d'abord donner de la prostitution une représentation amusante et délurée, avant que la pauvre héroïne perde ses illusions et doive finalement payer le prix de sa liberté. Franchement, je peux tout à fait admettre que ce sujet dramatique n'intéresse qu'assez peu de monde, mais j'ai du mal à comprendre pourquoi l'homme à la caméra, à 91 ans, aura moins fait parler de lui que Demy, Truffaut et Rivette, nés comme lui aux alentours de 1930. Est-ce parce qu'il n'a pas surfé sur la Nouvelle Vague ? C'est possible. Avant de vous l'affirmer, je souhaiterais mieux connaître son travail !
Rosa la rose, fille publique
Film français de Paul Vecchiali (1986)
Un bel opus triste qui m'en a vite rappelé un autre, que j'avais aimé davantage: Corps à coeur, sorti en 1979 et signé du même auteur. Lequel a présenté Rosa... comme "un mélodrame à la fois plus froid et plus romantique" que son prédécesseur. À noter que les deux films s'inscrivent peu ou prou dans un cadre populaire parisien - les Halles pour celui que j'évoque aujourd'hui. On peut alors songer à d'autres...
Moins connu que Clint Eastwood, autre cinéaste du même âge !
RépondreSupprimerQu'on me jette la première pierre, je n'ai encore vu aucun film de Vecchiali. Mais je ne demande que ça et je ne manquerai pas de le faire quand cette Rosa se présentera tout près de chez moi.
Passe de bonnes fêtes Martin.
Je connais son nom... mais je crois n'avoir rien vu. C'est dingue et injuste en effet.
RépondreSupprimerQuand on pense aux navets franchouillards qui sortaient à l'époque de Rosa...
Cela va être dur de voir les films de la prolifique carrière du monsieur.
@Princécranoir:
RépondreSupprimerHé oui, Clint a éclipsé Paul, mais il ne boxe pas dans la même catégorie, même si j'ai de l'affection pour les deux. Et je n'ai pas eu la chance de rencontrer Clint, alors...
Je ne te jetterai pas la pierre pour cette impasse, sachant que les films de Vecchiali sont très discrets sur les grands écrans (avec toutefois un regain de flamme, me semble-t-il, depuis que la Deneuve a joué dans un de ses films récents... que je n'ai pas vus). Je crois que certains sont édités en coffrets DVD, mais est-ce que ça se trouve encore à un prix raisonnable ? Bonne question...
Merci pour les voeux et à bientôt !
@Pascale:
RépondreSupprimerCe que je connais du cinéma de Vecchiali me fait dire qu'il contient autant de choses qui risquent de t'exaspérer que de facettes qui pourraient t'émerveiller. Je serais curieux de ton avis si d'aventure tu avais l'opportunité d'en voir un (ou plusieurs !).
C'est sûr qu'il semble n'avoir jamais fait l'unanimité. Sans vouloir parler à sa place, je dirais qu'il ne la cherchait pas. De mon point de vue, c'est une vraie personnalité de cinéma (et dans la vraie vie, aussi, un homme aux convictions solides et affirmées). Je reste ému en pensant à sa passion pour le cinéma et à la proximité dont je le sais capable vis-à-vis de celles et ceux qui regardent ses films.
J'ai découvert il y a quelques mois ce réalisateur et creuse encore. Rosa est un des premiers que j'ai vu de lui. Je n'adhère pas pleinement, mais ses personnages sont attachants, les premiers rôles comme les seconds. Il brosse aussi quelque chose d'une époque et d'un quartier. Plus de trente films de cinéma et beaucoup d'autres projets pour la télé notamment. Vecchiali a été bizarrement "discret". Pas sûr de trouver en effet beaucoup de dossiers sur ce réal dans les revues habituelles alors qu'il est présent au cinéma depuis 50 ou 60 ans. Merci pour ce billet.
RépondreSupprimerJe n'ai pas pour lui une admiration sans borne, mais il est aussi l'auteur de quelques romans, chansons et pièces de théâtre. Ainsi que d'une encyclopédie du cinéma français des années 30 qui fait référence.
RépondreSupprimerAutant dire que l'homme gagne à être connu et mérite d'être reconnu !