vendredi 24 septembre 2021

Des flics

Jusqu'où tordre la loi pour mieux la faire respecter ? C'est la question essentielle que pose BAC Nord, le nouveau film de Cédric Jimenez. Présenté au dernier Festival de Cannes, il y avait fait polémique après qu'un journaliste irlandais l'a jugé favorable à Marine Le Pen. Cet avis, je peux bien sûr le comprendre, mais je ne le partage pas...

Comme tant d'autres films actuels, BAC Nord s'inspire d'une histoire vraie - et sur laquelle la justice doit encore se prononcer (en appel). En avril dernier, après neuf ans d'instruction, le tribunal correctionnel de Marseille s'est penché sur le sort de 18 flics membres de la brigade anti-criminalité des quartiers Nord de la ville, accusés d'être ripoux. Comme dans le film, ils étaient soupçonnés d'avoir volé ou extorqué des vendeurs de cigarettes de contrebande et des dealers de drogue. Soit, mais de quel côté le cinéma se place-t-il ? Du leur, assurément. Dans le scénario, il est question de récupérer des produits illégaux pour rétribuer un indic et démanteler tout un réseau de trafiquants. Approchons-nous de la réalité des faits ? Peu importe, à mon avis. Pour cette séance, je voulais voir une fiction, pas un documentaire. Et, en l'occurrence, j'ai plutôt été bien servi: le film s'avère haletant et, dans sa première partie, m'a scotché au fauteuil. Jusqu'à ce que...

Tout n'est pas parfait, OK, mais je n'ai pas perçu de manichéisme dans le propos porté par le récit, et ce bien que la haute hiérarchie policière n'échappe pas longtemps à quelques piques plutôt "salées". L'un des aspects les plus positifs de ce long-métrage coup-de-poing demeure son casting, avec, en tête d'affiche, le très convaincant trio que constituent Gilles Lellouche, François Civil et Karim Leklou. Soyons juste: j'accorde une mention spéciale aux deux personnages féminins forts, interprétés par Adèle Exarchopoulos et Kenza Fortas. Aucune fausse note à déplorer au sein de cet impeccable quintet ! Pour ce qui est du fond à présent, BAC Nord contentera les amateurs de productions musclées, mais aussi celles et ceux qui réfléchissent parfois au rôle de régulateur social qui est dévolu aux forces de l'ordre dans notre précieuse démocratie (si imparfaite puisse-t-elle être). Attention: je n'en parlerais pas forcément comme d'un film politique. Et, bien entendu, vous êtes tout à fait libres de penser le contraire ! Oui, c'est après tout positif que Cannes ait permis d'ouvrir ce débat...

BAC Nord
Film français de Cédric Jimenez (2021)

Je n'ai aucune certitude, mais je me dis qu'on peut avoir confiance dans le jugement du réalisateur, lui-même marseillais de naissance. En tout cas, je le trouve plus en forme ici que dans La French, film sur un sujet assez proche, mais un peu moins abouti, à mes yeux. Désormais, sur la police, je veux revoir L.627 et voir Les Misérables. Et au fait... Scènes de crimes et L'affaire SK1, c'est très bien aussi !

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Pour en finir avec ce dossier et si cela peut vous être utile...

Je vous renvoie directement aux conclusions de Pascale et de Dasola. Vous pourriez aussi aller jeter un coup d'oeil à celles de Princécranoir.

4 commentaires:

  1. Un film assez choc, sans doute réaliste hélas et immersif. En tout cas, ça fait peur et j'avais de la peine pour les flics sans cesse confrontés à cette horreur et aux insultes. Il s'agit ici du point de vue côté flic. D'autre fois on s'émeut pour ceux qui sont de l'autre côté.

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  2. Oui, c'est un film "unilatéral", mais cela ne m'a donc pas choqué.

    En revanche, après coup, j'ai lu une critique qui pointait l'absence de toute population "normale", le film réduisant pour ainsi dire Marseille à ses flics et à ses délinquants. Cela ne m'a pas fait changer d'avis sur ses qualités, mais j'ai trouvé que la remarque était assez juste.

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  3. Moi aussi j'ai cette appréciation.
    C'est le point de vue des flics. Pas de quoi s'offusquer.

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  4. Des flics dans le film, oui. Je crois que c'est d'abord le point de vue du réalisateur, mais ne chipotons pas. Cela ne m'a pas empêché de bien profiter de cette séance ciné. Je me dis juste que si j'habitais Marseille et que je voyais ma ville réduite à cette facette, il se peut que je n'apprécie pas réellement...

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