vendredi 10 septembre 2021

De la fuite dans les idées

"N'écoutant que son courage, qui ne lui disait rien, il se garda d'intervenir"... cette très oxymorique citation du grand Jules Renard introduit joliment mon film du jour: le bien nommé Courage fuyons. Elle colle parfaitement à Jean Rochefort, dont la veulerie supposée n'est rien d'autre qu'une timidité profonde. Oui, le refrain est connu...

La moustache la plus aimée de France s'appuie ici sur des complices habituels: Yves Robert réalisateur et Jean-Loup Dabadie dialoguiste. Je veux en retenir le meilleur: quatrième des cinq opus du trio, le film n'est certes pas d'une originalité folle, mais reste tout à fait plaisant. Engoncé dans sa routine, Martin Belhomme, pharmacien, mari et père de deux enfants, s'éprend soudainement d'une chanteuse de cabaret. La belle Eva (Catherine Deneuve) tombe plus ou moins sous le charme de ses maladresses à lui. Une amnésie simulée pourrait alors suffire pour calmer la colère de l'épouse officielle - et donc délaissée. Ou pas.

Courage fuyons est un peu l'histoire d'un homme incapable de choisir parmi différentes vies possibles celle qui saura le mieux lui convenir. Conséquence: il s'efforce alors de donner le change. La seule image de Monsieur Jean déguisé en motard et ne roulant qu'à une vitesse modérée sur l'autoroute est une merveille de décalage. Le potentiel comique de Mademoiselle Deneuve, lui, reste un rien sous-exploité. Bref, notre affaire ne tiendra pas véritablement ses belles promesses initiales, mais offre toutefois un bon moment en agréable compagnie. Et après tout, au cinéma comme dans la vie, ce n'est déjà pas si mal !

Courage fuyons
Film français d'Yves Robert (1979)

Un petit film amusant et tendre: j'en attendais juste un peu mieux. Sorti juste trois ans plus tôt, Un éléphant ça trompe énormément demeure la meilleure illustration de la complicité entre le réalisateur et son acteur principal. Il n'est pas interdit d'aimer les deux films. Serial lover, Rochefort brille aussi dans Le cavaleur (1979, encore). Vous pourriez retenir Le mari de la coiffeuse, tout à sa mélancolie...

6 commentaires:

  1. Hasard du calendrier ou association inconsciente ? Parler du jeu d'acteur de Jean Rochefort le jour des obsèques de Belmondo, c'est évoquer « la bande du conservatoire », les Marielle, Crémer, Rich, Mocky, Bedos, ….qui nous manquent tant aujourd'hui, et dont l'envie de modernité a marqué son époque et toute une génération de comédiens et à qui le cinéma français doit beaucoup...

    RépondreSupprimer
  2. Pour le coup, c'est un hasard du calendrier. J'ai vu le film début août...
    Cela dit, j'ai effectivement pensé à la bande du conservatoire l'autre jour !

    RépondreSupprimer
  3. Ça donne envie ! J'l'connais pas cet Robert-là ni ce Rochefort-ci. M'envais voir si j'l' trouve.

    RépondreSupprimer
  4. N'hésite pas à revenir donner ton avis si tu le déniches... et/ou à en parler chez toi, bien sûr !

    RépondreSupprimer
  5. Rochefort dans son rôle de séducteur lunaire ça fait du bien mais on est en terrain connu. Un gentil petit film. Je me souviens de sa façon de rouler à 2 de tension.

    RépondreSupprimer
  6. Sacré Jeannot ! J'ai aussi aimé la scène où la reine Catherine s'empare de son blouson à tête de tigre !

    RépondreSupprimer