Seuls quelques films (marquants) ont osé représenter la vie et la mort dans les camps nazis de la Seconde guerre mondiale. L'extermination systématique des Juifs, notamment, reste sans nul doute un fait historique sensible, de nature à freiner les ardeurs des cinéastes. C'est pourquoi, j'imagine, certains l'ont abordé par "simple" allusion...
Je ne pensais pas à la Shoah quand j'ai décidé de voir l'un des films les plus connus de Vittorio de Sica: Le jardin des Finzi Contini, tiré du roman éponyme de Giorgio Bassani. Son titre et l'image ci-dessus vous donnent une petite idée du début: une - relative - insouciance règne parmi les jeunes de Ferrare, une petite ville d'Émilie-Romagne. Qu'importe si les Hebraïques ont été chassés des courts de tennis qu'ils fréquentaient alors: une famille fortunée les accueille sur ceux de sa propriété. C'est là que la fille de la maisonnée, Micól, s'isole parfois avec Giorgio, un garçon épris d'elle depuis leur enfance commune. Cela dit, les deux étudiants commencent juste à se voir ! Autrefois, en dépit de toutes leurs astuces, les hauts murs de la villa de ses parents cachaient le plus souvent Micól aux yeux de Giorgio. Le destin sourira-t-il enfin à l'amoureux transi, en ce début d'été ensoleillé ? Nous sommes en 1938 et en réalité, rien n'est moins sûr...
Je ne pensais pas à la Shoah quand j'ai décidé de voir l'un des films les plus connus de Vittorio de Sica: Le jardin des Finzi Contini, tiré du roman éponyme de Giorgio Bassani. Son titre et l'image ci-dessus vous donnent une petite idée du début: une - relative - insouciance règne parmi les jeunes de Ferrare, une petite ville d'Émilie-Romagne. Qu'importe si les Hebraïques ont été chassés des courts de tennis qu'ils fréquentaient alors: une famille fortunée les accueille sur ceux de sa propriété. C'est là que la fille de la maisonnée, Micól, s'isole parfois avec Giorgio, un garçon épris d'elle depuis leur enfance commune. Cela dit, les deux étudiants commencent juste à se voir ! Autrefois, en dépit de toutes leurs astuces, les hauts murs de la villa de ses parents cachaient le plus souvent Micól aux yeux de Giorgio. Le destin sourira-t-il enfin à l'amoureux transi, en ce début d'été ensoleillé ? Nous sommes en 1938 et en réalité, rien n'est moins sûr...
Dans l'Italie de Mussolini, il apparaît en fait qu'une relative prospérité économique conduit certains à ne pas comprendre, voire à refuser d'admettre, que le succès de l'idéologie fasciste peut mener au chaos. En ce sens, le Giorgio du film (double de l'auteur du roman ?) apparaîtra vite comme le personnage moderne, lucide sur la situation de son pays et les risques qu'elle fait endurer à ceux qui l'entourent. Je n'ai pas lu le livre, mais je dirais qu'une bonne partie de la richesse du film repose sur sa capacité à adopter des points de vue multiples. Bien au-delà du duo Micól / Giorgio, Le jardin des Finzi Contini présente avec éclat le destin de nombreux personnages secondaires. C'est d'abord un film à huis clos, mais la guerre fait tomber les murs ! Dans les rues de Ferrare, refuge trompeur, on éprouve un sentiment d'étouffement croissant, à mesure que la menace grandit. Un voyage du héros à Grenoble, auprès de son frère, n'apporte qu'un bref répit...
J'ai vu beaucoup de belles choses dans ce long-métrage, son attention aux personnages étant donc sûrement la première qu'il me faut citer. Souvent, la photo est absolument splendide et l'architecture italienne donne aussitôt l'impression d'être de retour plus de 80 ans en arrière. Inutile d'être historien pour voir le film: il suffit de se laisser guider par les images. Les quelques flashbacks sont aussi très "lisibles". Comme son sujet l'exige, voilà bien une oeuvre pudique: une place importante est laissée au silence, les mots étant de fait inutiles devant certaines situations ! Et surprise: Le jardin des Finzi Contini ne dure qu'une heure et demie et se passe même de générique final. Sa construction en crescendo dramatique est d'une force émotionnelle indéniable, sans jamais céder aux facilités d'un tire-larmes lambda. Vittorio de Sica y a gagné un quatrième Oscar du meilleur film étranger. On a pu dire que c'était son dernier grand film. Peut-être...
La caméra révèle en tout cas une jeune actrice: Dominique Sanda. Par la grâce de ses 20 ans, son charme étonnant aimante le regard des hommes, sans effacer celui de ses partenaires, au premier rang desquels vous pourrez donc admirer Lino Capolicchio (né en 1943). Bilan: Le jardin des Finzi Contini confirme mon attrait croissant pour le cinéma italien classique et, du coup, inscrit un peu plus le nom de son réalisateur parmi ceux de mon propre Panthéon artistique. Tout à fait logiquement, j'ai aussi envie de lire le livre, désormais ! D'après ce que j'ai cru comprendre, il adopte une structure narrative différente, ce qui a fait que l'auteur ne s'est pas franchement reconnu dans ce qu'il a vu à l'écran. Sacrilège ? Je n'entre pas dans ce débat. Mon idée serait plutôt de rester sur ma première impression positive sur le film, dont la copie restaurée circule depuis déjà une quinzaine d'années. Je me méfie des mots référence et chef d'oeuvre, mais là...
Le jardin des Finzi Contini
Film italien de Vittorio de Sica (1970)
Un espoir: le revoir un jour sur le grand écran d'une salle de cinéma. C'est évident que cette merveille a été conçue pour cela. Si le sujet vous intéresse, je vous suggère sans délai Une journée particulière. 1900 offre une immense fresque pour appréhender l'histoire italienne de toute la première moitié du 20ème siècle. Et, plus récent, Vincere illustre avec force le pré-fascisme. (Re)voyez aussi La vie est belle...
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D'autres chroniques à vous proposer ?
Oui ! Le film a semble-t-il été très apprécié. D'autres détails et avis sont - par exemple - donnés sur les blogs de Dasola, Strum et Lui. Amoureux du cinéma italien, Eeguab, lui, nous parle aussi... du livre !
J'ai vu beaucoup de belles choses dans ce long-métrage, son attention aux personnages étant donc sûrement la première qu'il me faut citer. Souvent, la photo est absolument splendide et l'architecture italienne donne aussitôt l'impression d'être de retour plus de 80 ans en arrière. Inutile d'être historien pour voir le film: il suffit de se laisser guider par les images. Les quelques flashbacks sont aussi très "lisibles". Comme son sujet l'exige, voilà bien une oeuvre pudique: une place importante est laissée au silence, les mots étant de fait inutiles devant certaines situations ! Et surprise: Le jardin des Finzi Contini ne dure qu'une heure et demie et se passe même de générique final. Sa construction en crescendo dramatique est d'une force émotionnelle indéniable, sans jamais céder aux facilités d'un tire-larmes lambda. Vittorio de Sica y a gagné un quatrième Oscar du meilleur film étranger. On a pu dire que c'était son dernier grand film. Peut-être...
La caméra révèle en tout cas une jeune actrice: Dominique Sanda. Par la grâce de ses 20 ans, son charme étonnant aimante le regard des hommes, sans effacer celui de ses partenaires, au premier rang desquels vous pourrez donc admirer Lino Capolicchio (né en 1943). Bilan: Le jardin des Finzi Contini confirme mon attrait croissant pour le cinéma italien classique et, du coup, inscrit un peu plus le nom de son réalisateur parmi ceux de mon propre Panthéon artistique. Tout à fait logiquement, j'ai aussi envie de lire le livre, désormais ! D'après ce que j'ai cru comprendre, il adopte une structure narrative différente, ce qui a fait que l'auteur ne s'est pas franchement reconnu dans ce qu'il a vu à l'écran. Sacrilège ? Je n'entre pas dans ce débat. Mon idée serait plutôt de rester sur ma première impression positive sur le film, dont la copie restaurée circule depuis déjà une quinzaine d'années. Je me méfie des mots référence et chef d'oeuvre, mais là...
Le jardin des Finzi Contini
Film italien de Vittorio de Sica (1970)
Un espoir: le revoir un jour sur le grand écran d'une salle de cinéma. C'est évident que cette merveille a été conçue pour cela. Si le sujet vous intéresse, je vous suggère sans délai Une journée particulière. 1900 offre une immense fresque pour appréhender l'histoire italienne de toute la première moitié du 20ème siècle. Et, plus récent, Vincere illustre avec force le pré-fascisme. (Re)voyez aussi La vie est belle...
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D'autres chroniques à vous proposer ?
Oui ! Le film a semble-t-il été très apprécié. D'autres détails et avis sont - par exemple - donnés sur les blogs de Dasola, Strum et Lui. Amoureux du cinéma italien, Eeguab, lui, nous parle aussi... du livre !
Les fans de cinéma italien ne peuvent oublier après l' avoir vu,.... Le père Pirrone du « Guépard », le directeur de l’hôtel de « Mort à Venise » ou le docteur Villega , d' »Il était une fois la révolution » , tous interprétés par Romolo Valli, disparu trot tôt et dont la contribution au cinéma transalpin des années 60/70 ,dans des rôles dit « secondaires » , est restée dans nos mémoires.
RépondreSupprimerHello Martin. Vraiment heureux que tu aies découvert cette merveille. Merci pour le lien que j'ai publié il y a déjà 15 ans, sur Giorgio Bassani, un auteur magnifique. A l'époque je m'étais promis de visiter Ferrare. Et j'ai pu le faire lors de ma semaine européenne à Bologne, toute proche, en 2016. Je ne suis pas sûr de jamais reprendre ces séjours au coeur de notre Europe. A bientôt Martin. Bonjour chez toi.
RépondreSupprimerUn chef-d'oeuvre. N'ayons pas peur des mots. Je précise que chez moi - merci pour le lien ! - j'analyse de manière assez détaillée certaines différences entre le livre et le film en partant du roman de Bassani - un des plus beaux livres du XXe siècle. Heureux que tu aies autant aimé.
RépondreSupprimerFilm magnifique !
RépondreSupprimer@CC rider:
RépondreSupprimerMerci pour ces précisions. Je connais de mieux en mieux le cinéma italien, mais je vais devoir poursuivre mes découvertes pour mieux reconnaître les actrices et les acteurs. Très heureux que vous partagiez ici vos connaissances et références !
@Eeguab :
RépondreSupprimerJ'ai évidemment pensé à toi en le regardant. Et ça m'a donné envie de lire le livre original !
@Strum:
RépondreSupprimerMerci et de rien, Strum. Toi aussi, tu me donnes envie de lire le livre de Bassani.
@Valfabert:
RépondreSupprimerOh que oui !