Son titre français - en forme de clin d'oeil à Joseph L. Mankiewicz - aurait pu m'égarer: il semble en fait que La paysanne aux pieds nus soit surtout connu des cinéphiles sous son titre italien (La Ciociara). C'est un film que j'ai découvert par hasard, curieux toutefois de voir comment Sophia Loren jouait avec Jean-Paul Belmondo ! Oui, mais...
Sans vouloir faire offense au Français, il est clair que La paysanne... tourne surtout autour de sa star féminine italienne, dans le droit fil d'un scénario coécrit par l'auteur du roman originel: Alberto Moravia. L'histoire nous ramène en 1943, à Rome, sous les bombardements. Inquiète pour sa fille, Cesira décide de fuir la capitale et de retourner dans le village qui l'a vue naître. La jeune femme et l'adolescente entament un voyage périlleux, toutes seules: on apprend que l'époux de Cesira est déjà mort - l'idée que l'intéressée ait fait un mariage d'intérêt avec un vieil homme est émise dès les premiers dialogues. Bref... tout ce que la caméra nous montre alors, des conséquences tragiques de la guerre à l'opposition villes/campagnes, est crédible. Toutefois, le film n'est pas réellement issu de ce courant néoréaliste qui a tant fait pour la notoriété - et la grandeur - du cinéma italien des années 40-50. L'incontestable beauté de Sophia Loren, alors âgée d'à peine 26 ans, s'impose à l'écran, de manière quasi-ininterrompue. L'actrice obtiendra l'Oscar, ainsi que le Prix d'interprétation cannois...
D'aucuns ont dès lors considéré que la belle éclipsait ses partenaires. Derrière des lunettes, Jean-Paul Belmondo compose un personnage idéaliste et s'en sort honorablement, bien qu'il soit doublé en version originale. J'insiste toutefois: bien qu'assez décisif, ce protagoniste demeure au second plan. Pas sûr que je trouve cela si regrettable ! J'ai été touché par La paysanne... grâce à ce qu'il dit de la condition des femmes. En l'occurrence, je me dis que même le cadre historique pourrait être négligé: les comportements masculins que le film expose existent depuis la nuit des temps... et perdurent, aujourd'hui encore. Le fait que le long-métrage ait deux héroïnes n'a donc rien d'anodin. Bravo à la jeune Eleonora Brown ! Attention: relativement optimiste dans sa première partie, le récit est bien plus sombre en conclusion. Les toutes dernières séquences renversent ainsi violemment l'espoir d'un bonheur retrouvé et le plan final, bien qu'intimiste, frappe fort. Ultime précision: j'ai ici découvert une page très sombre de l'histoire de l'armée française. C'est aussi, je crois, ce que je voudrai retenir...
La paysanne aux pieds nus
Film italien de Vittorio de Sica (1960)
J'aime de plus en plus le grand cinéma italien classique, qui "bataille" avec son homologue japonais pour être le quatrième le plus évoqué sur ce blog. Mon film du jour m'encourage vraiment à aller plus loin. Vous préférez le néoréalisme ? Le voleur de bicyclette reste un must chez Vittorio de Sica (et j'ai également prévu de voir Umberto D. prochainement). Le même cinéaste a été plus mordant avec Il boom !
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Pour conclure, un peu de géographie...
Wikipédia indique que la Ciociara est le nom péjoratif qui était donné à une région pauvre de l'Italie, située au sud-est de Rome. Le régime fasciste l'utilisait pour parler de la province de Frosinone. Le terme est tiré de ciocia, qui désigne la chaussure traditionnelle des bergers.
Et vous voulez un autre avis sans attendre ?
J'en ai trouvé deux, pour tout dire assez nuancés, chez Eeguab et Lui.
Sans vouloir faire offense au Français, il est clair que La paysanne... tourne surtout autour de sa star féminine italienne, dans le droit fil d'un scénario coécrit par l'auteur du roman originel: Alberto Moravia. L'histoire nous ramène en 1943, à Rome, sous les bombardements. Inquiète pour sa fille, Cesira décide de fuir la capitale et de retourner dans le village qui l'a vue naître. La jeune femme et l'adolescente entament un voyage périlleux, toutes seules: on apprend que l'époux de Cesira est déjà mort - l'idée que l'intéressée ait fait un mariage d'intérêt avec un vieil homme est émise dès les premiers dialogues. Bref... tout ce que la caméra nous montre alors, des conséquences tragiques de la guerre à l'opposition villes/campagnes, est crédible. Toutefois, le film n'est pas réellement issu de ce courant néoréaliste qui a tant fait pour la notoriété - et la grandeur - du cinéma italien des années 40-50. L'incontestable beauté de Sophia Loren, alors âgée d'à peine 26 ans, s'impose à l'écran, de manière quasi-ininterrompue. L'actrice obtiendra l'Oscar, ainsi que le Prix d'interprétation cannois...
D'aucuns ont dès lors considéré que la belle éclipsait ses partenaires. Derrière des lunettes, Jean-Paul Belmondo compose un personnage idéaliste et s'en sort honorablement, bien qu'il soit doublé en version originale. J'insiste toutefois: bien qu'assez décisif, ce protagoniste demeure au second plan. Pas sûr que je trouve cela si regrettable ! J'ai été touché par La paysanne... grâce à ce qu'il dit de la condition des femmes. En l'occurrence, je me dis que même le cadre historique pourrait être négligé: les comportements masculins que le film expose existent depuis la nuit des temps... et perdurent, aujourd'hui encore. Le fait que le long-métrage ait deux héroïnes n'a donc rien d'anodin. Bravo à la jeune Eleonora Brown ! Attention: relativement optimiste dans sa première partie, le récit est bien plus sombre en conclusion. Les toutes dernières séquences renversent ainsi violemment l'espoir d'un bonheur retrouvé et le plan final, bien qu'intimiste, frappe fort. Ultime précision: j'ai ici découvert une page très sombre de l'histoire de l'armée française. C'est aussi, je crois, ce que je voudrai retenir...
La paysanne aux pieds nus
Film italien de Vittorio de Sica (1960)
J'aime de plus en plus le grand cinéma italien classique, qui "bataille" avec son homologue japonais pour être le quatrième le plus évoqué sur ce blog. Mon film du jour m'encourage vraiment à aller plus loin. Vous préférez le néoréalisme ? Le voleur de bicyclette reste un must chez Vittorio de Sica (et j'ai également prévu de voir Umberto D. prochainement). Le même cinéaste a été plus mordant avec Il boom !
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Pour conclure, un peu de géographie...
Wikipédia indique que la Ciociara est le nom péjoratif qui était donné à une région pauvre de l'Italie, située au sud-est de Rome. Le régime fasciste l'utilisait pour parler de la province de Frosinone. Le terme est tiré de ciocia, qui désigne la chaussure traditionnelle des bergers.
Et vous voulez un autre avis sans attendre ?
J'en ai trouvé deux, pour tout dire assez nuancés, chez Eeguab et Lui.
Hello Martin. J'ai relu ma chronique et je la trouve un peu sévère. Mais c'est vrai que Vittorio n'a retrouvé la grace de ses chefs d'oeuvre d'après-guerre (Le voleur, Sciuscia, Umberto..., Miracle..., Le toit) que très tardivement ave Le jardin... à l'exception peut-être de Mariage à l'italienne. Mais je n'ai pas tout vu non plus (notamment Il boom), et ce n'est que mon avis. Je ne me souviens pas avoir jamais eu connaissance de ce titre La paysanne aux pieds nus. Je suis toujours ravi de lire tes chronIques italiennes. Les autres aussi d'ailleurs. A bientôt. 🎬
RépondreSupprimerEn 1960, " La Loren » était capable de prouver qu'Anna Magnani n'avait pas le monopole des rôles tragiques. Le festival de Cannes de l'époque ne s'y était pas trompé en la récompensant d'un prix d’interprétation , et les Oscar ne furent pas en reste en la sacrant meilleure actrice. 17 ans plus tard dans « une journée particulière » elle fit une nouvelle fois la démonstration de son talent dans ce domaine, face un Mastroianni impérial...mais vous avez déja chroniqué ce chef oeuvre
RépondreSupprimer@Eeguab:
RépondreSupprimerJe t'avoue que cette relative sévérité m'a étonné.
Bon... c'est vrai aussi qu'en focalisant son regard sur la Loren, le film n'a pas tout à fait l'allure des premiers De Sica, en tout cas de celui du "Voleur de bicyclette". Il reste tout de même quelques très belles scènes à Rome, au début, mais moins souvent en extérieur que dans ce film plus ancien.
Merci de ta fidélité, l'ami, à mes chroniques. Une ou deux autres italiennes arrivent bientôt. Ravi que tu prennes toujours plaisir à me lire et à échanger !
@CC Rider:
RépondreSupprimerJe crois que je préfère Sofia Loren dans "Une journée particulière", à vrai dire, sans doute parce que c'est un magnifique numéro de duo, alors que, dans "La Ciociara", elle est tout de même presque seule au centre du film. Même si, comme je l'ai relevé, le rôle de la jeune Eleonora Brown n'est absolument pas à négliger.
D'Anna Magnani, j'ai encore beaucoup de films à découvrir. Je note votre mise en perspective historique. Merci.
Oh lala je l'ai vu l'année dernière et je n'en garde pas un souvenir ébloui. Peu de souvenirs en fait...
RépondreSupprimerSophia Loren est sublime c'est évident et c'est une excellente actrice mais je la préfère aussi dans Une journée particulière qui est beaucoup plus présent dans mon souvenir alors que je l'ai vu il y a bien plus longtemps.
Il me semble que j'avais trouvé que Belmondo n'était pas très à l'aise ou pas très à sa place.
Bref cet avis d'amnésique n'a aucun intérêt.
Ah ? Je suis étonné de cet amnésie presque totale. Que tu aies oublié les détails, soit.
RépondreSupprimerPour moi, Bébel est à sa place, mais le doublage ne l'aide pas à être aussi flamboyant qu'il pourrait l'être.
Je crois en fait que, me prenant "par surprise", c'est la fin du film qui m'a le plus marqué.
Sophia Loren : très grande actrice ! Je trouve que Belmondo est un acteur assez moyen et qu'il n'est donc pas toujours très à l'aise quand il sort de son registre habituel.
RépondreSupprimerBébel n'est pas ridicule ici, mais il n'est effectivement pas dans son cadre habituel.
RépondreSupprimerNotons que, d'après Wikipédia, sept (!) de ses films sont sortis la même année. Dont "À bout de souffle" et "Classe tous risques".