Le cinéma d'Elia Suleiman titillait ma curiosité depuis un moment. C'est par son dernier long que j'ai finalement découvert le cinéaste palestinien: cofinancé par des producteurs français, canadiens, allemands, turcs, palestiniens et qataris (ouf !), It must be heaven est un film surprenant, qui, en réalité, ne ressemble qu'à lui-même...
Artiste de cinéma, ES - pseudonyme très explicite - vit à Nazareth. Dans son entourage immédiat, un voisin un peu fou, un autre étrange qui passe son temps à élaguer ses citronniers... et c'est presque tout. ES sort assez peu, va voir la mer, roule en voiture sur des routes aussi poussiéreuses que désertes, croise des flics qui s'échangent constamment leurs lunettes de soleil ou, au restaurant, les frères d'une jeune femme qui a mangé par erreur un plat à la sauce au vin. D'autres saynètes emmènent ensuite cet anti-héros à Paris, New York et Montréal, sans qu'il trouve quiconque pour s'intéresser au scénario qu'il vient de finaliser ! Une mise en abyme ? Ce n'est pas à exclure...
J'ai exagéré en affirmant que ce film ne ressemblait qu'à lui-même. Par leur symétrie quasi-parfaite, certains plans m'ont rappelé ceux des films de Wes Anderson. Autre comparaison: le monde réinventé m'a parfois évoqué celui qui constitue souvent le décor du cinéma d'Aki Kaurismäki. Certaines critiques ont également établi un parallèle entre le style d'Elia Suleiman (acteur, réalisateur, scénariste) et celui de l'un des grands maîtres du burlesque: j'ai nommé Jacques Tati. C'est un fait: It must be heaven sait aussi faire preuve d'humour. D'après ce que j'ai lu, ce n'était pas forcément le cas des autres opus du réalisateur. Je trouve l'analyse de Véronique Cahaupé, journaliste au Monde, assez juste: "Le cinéaste signe un conte burlesque qui suit l'itinéraire d'un Palestinien confronté à la marche bancale du monde et se contente de constater que la violence observée en Palestine s'est étendue au-delà des endroits reculés du monde". En (sou)rire avec lui est sûrement la meilleure chose que nous puissions faire. J'ajoute que j'ai en outre été sensible à une certaine forme de poésie.
It must be heaven
Film franco-canadien d'Elia Suleiman (2019)
Un OFNI - objet filmique non identifié - qui fait bien plaisir à voir parce qu'il rappelle que le cinéma n'a pas véritablement de limites. C'est donc ce que j'aime également chez Aki Kaurismäki (Le Havre) ou chez Wes Anderson (The Grand Budapest Hotel). Jacques Tati mérite lui aussi de la considération, mais je n'ai vu que Mon oncle. Pour le burlesque, voyez donc le récent Le miracle du saint inconnu !
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Vous voulez un autre avis ?
Réjouissez-vous: l'amie Pascale est bel et bien fidèle au rendez-vous.
Artiste de cinéma, ES - pseudonyme très explicite - vit à Nazareth. Dans son entourage immédiat, un voisin un peu fou, un autre étrange qui passe son temps à élaguer ses citronniers... et c'est presque tout. ES sort assez peu, va voir la mer, roule en voiture sur des routes aussi poussiéreuses que désertes, croise des flics qui s'échangent constamment leurs lunettes de soleil ou, au restaurant, les frères d'une jeune femme qui a mangé par erreur un plat à la sauce au vin. D'autres saynètes emmènent ensuite cet anti-héros à Paris, New York et Montréal, sans qu'il trouve quiconque pour s'intéresser au scénario qu'il vient de finaliser ! Une mise en abyme ? Ce n'est pas à exclure...
J'ai exagéré en affirmant que ce film ne ressemblait qu'à lui-même. Par leur symétrie quasi-parfaite, certains plans m'ont rappelé ceux des films de Wes Anderson. Autre comparaison: le monde réinventé m'a parfois évoqué celui qui constitue souvent le décor du cinéma d'Aki Kaurismäki. Certaines critiques ont également établi un parallèle entre le style d'Elia Suleiman (acteur, réalisateur, scénariste) et celui de l'un des grands maîtres du burlesque: j'ai nommé Jacques Tati. C'est un fait: It must be heaven sait aussi faire preuve d'humour. D'après ce que j'ai lu, ce n'était pas forcément le cas des autres opus du réalisateur. Je trouve l'analyse de Véronique Cahaupé, journaliste au Monde, assez juste: "Le cinéaste signe un conte burlesque qui suit l'itinéraire d'un Palestinien confronté à la marche bancale du monde et se contente de constater que la violence observée en Palestine s'est étendue au-delà des endroits reculés du monde". En (sou)rire avec lui est sûrement la meilleure chose que nous puissions faire. J'ajoute que j'ai en outre été sensible à une certaine forme de poésie.
It must be heaven
Film franco-canadien d'Elia Suleiman (2019)
Un OFNI - objet filmique non identifié - qui fait bien plaisir à voir parce qu'il rappelle que le cinéma n'a pas véritablement de limites. C'est donc ce que j'aime également chez Aki Kaurismäki (Le Havre) ou chez Wes Anderson (The Grand Budapest Hotel). Jacques Tati mérite lui aussi de la considération, mais je n'ai vu que Mon oncle. Pour le burlesque, voyez donc le récent Le miracle du saint inconnu !
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Réjouissez-vous: l'amie Pascale est bel et bien fidèle au rendez-vous.
Un très beau film visuellement, drôle et mélancolique aussi.
RépondreSupprimerJe te recommande Intervention divine.
Excellent film que ce conte burlesque et fantaisiste et malgré tout profond. On a beaucpup cité Tati et à juste titre je crois. J'ai vu jadis Intervention divine qui, si je me souviens bien, était dans un registre assez proche. L'un des films de notre dernière saison ciné-club, saison tronquée. Le film italien Citoyens du monde est pour l'instant le seul à avoir été projeté lors de la saison 20-21. A bientôt.
RépondreSupprimer@Pascale:
RépondreSupprimerTu as raison: c'est très beau sur le plan visuel. Très travaillé, aussi.
Je note pour "Intervention divine". Je dois aussi avoir "Le temps qu'il reste" quelque part...
@Eeguab:
RépondreSupprimerOui, c'est vrai que c'est assez proche de Tati par moments: burlesque et mutique.
Désolé de lire que votre saison est tronqué. J'espère qu'elle finira par reprendre en 2021...