Je n'ai qu'une vague idée de ce que pouvait être le Japon des années de guerre. C'est justement l'intérêt de Dans un recoin de ce monde que de mettre des images sur cette réalité, méconnue en Europe. Adapté d'un manga éponyme de Fumiyo Kōno, le film d'animation titillait ma curiosité depuis un bon moment. Il est temps d'en parler...
Suzu n'a pas tout à fait 20 ans et habite à Hiroshima avec sa famille. Un beau jour, on lui apprend qu'elle va être mariée avec un homme qu'elle n'a jamais rencontré. C'est ce qui l'oblige donc à déménager pour s'installer dans un autre foyer - la maison de ses beaux-parents. Humble et souriante, la jeune femme prend ce que la vie lui apporte sans rechigner. L'action se déroule en 1944-45, mais tout se passe comme si son pays n'était pas engagé dans un abominable conflit. Spectateurs avisés, nous avons bien sûr la connaissance et le recul historiques qui font défaut à Suzu. Et à mesure que les dates défilent à l'écran, on se dit que toute cette histoire finira mal, forcément. C'est à la fois juste et faux: le film vous l'expliquera mieux que moi. L'ayant regardé sans a priori, j'ai apprécié sa "manière de raconter"...
Un vrai bon point: Dans un recoin de ce monde n'est pas larmoyant. À l'image de son héroïne, il témoigne au contraire d'une belle dignité. Si c'est avant tout grâce aux longs-métrages du grand Hayao Miyazaki que vous appréciez la japanimation, cet opus, aux dessins d'un style très différent, vous proposera d'en découvrir une autre facette. Sachant en prime que la principale protagoniste consacre une partie de son temps libre au dessin, vous pourriez bien être émerveillés. D'après ce que j'ai lu, le réalisateur a tenu à ce que sa reconstitution soit soignée, ce qui a bien sûr nécessité un long travail préparatoire. Je dirais que ces efforts ont payé: les deux heures et quart du film passent comme une lettre à la Poste, l'émotion allant crescendo. Méfiance: j'imagine que certaines séquences parmi les plus explicites peuvent s'avérer assez difficiles à endurer pour de jeunes enfants. Non, ce n'est pas adapté aux tous petits ! Cela dit, si vos marmots connaissent le Japon et son histoire, ils pourraient être intéressés. Vous seuls pouvez savoir où, habituellement, vous placez le curseur...
Dans un recoin de ce monde
Film japonais de Sunao Katabuchi (2016)
L'anim' nippone est décidément variée... et riche en belles surprises ! Une belle réussite que ce long-métrage. Il mérite assurément mieux que son box-office: j'ai su après coup que seuls 46.811 spectateurs l'ont vu dans les salles françaises. J'ai trouvé au récit quelques points communs avec celui du superbe Je ne regrette rien de ma jeunesse. Dans un autre pays d'Asie, j'ai aussi (re)pensé à Tonnerres lointains.
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Vous souhaitez aller plus loin ?
Je vous conseille de donner du clic chez Pascale, Princécranoir et Lui.
Suzu n'a pas tout à fait 20 ans et habite à Hiroshima avec sa famille. Un beau jour, on lui apprend qu'elle va être mariée avec un homme qu'elle n'a jamais rencontré. C'est ce qui l'oblige donc à déménager pour s'installer dans un autre foyer - la maison de ses beaux-parents. Humble et souriante, la jeune femme prend ce que la vie lui apporte sans rechigner. L'action se déroule en 1944-45, mais tout se passe comme si son pays n'était pas engagé dans un abominable conflit. Spectateurs avisés, nous avons bien sûr la connaissance et le recul historiques qui font défaut à Suzu. Et à mesure que les dates défilent à l'écran, on se dit que toute cette histoire finira mal, forcément. C'est à la fois juste et faux: le film vous l'expliquera mieux que moi. L'ayant regardé sans a priori, j'ai apprécié sa "manière de raconter"...
Un vrai bon point: Dans un recoin de ce monde n'est pas larmoyant. À l'image de son héroïne, il témoigne au contraire d'une belle dignité. Si c'est avant tout grâce aux longs-métrages du grand Hayao Miyazaki que vous appréciez la japanimation, cet opus, aux dessins d'un style très différent, vous proposera d'en découvrir une autre facette. Sachant en prime que la principale protagoniste consacre une partie de son temps libre au dessin, vous pourriez bien être émerveillés. D'après ce que j'ai lu, le réalisateur a tenu à ce que sa reconstitution soit soignée, ce qui a bien sûr nécessité un long travail préparatoire. Je dirais que ces efforts ont payé: les deux heures et quart du film passent comme une lettre à la Poste, l'émotion allant crescendo. Méfiance: j'imagine que certaines séquences parmi les plus explicites peuvent s'avérer assez difficiles à endurer pour de jeunes enfants. Non, ce n'est pas adapté aux tous petits ! Cela dit, si vos marmots connaissent le Japon et son histoire, ils pourraient être intéressés. Vous seuls pouvez savoir où, habituellement, vous placez le curseur...
Dans un recoin de ce monde
Film japonais de Sunao Katabuchi (2016)
L'anim' nippone est décidément variée... et riche en belles surprises ! Une belle réussite que ce long-métrage. Il mérite assurément mieux que son box-office: j'ai su après coup que seuls 46.811 spectateurs l'ont vu dans les salles françaises. J'ai trouvé au récit quelques points communs avec celui du superbe Je ne regrette rien de ma jeunesse. Dans un autre pays d'Asie, j'ai aussi (re)pensé à Tonnerres lointains.
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J’étais l'année dernière à la même époque dans la ville Hiroshima et j'ai pu visiter son musée...Expérience douloureuse mais nécessaire pour prendre la vraie mesure que ce que fut le martyr de la population civile de la ville sacrifiée sur l’hôtel de la bombe....
RépondreSupprimerOn comprend aussi le traumatisme du peuple japonais, qui ne peut que transparaître même 70 ans après au travers de la sensibilité de nombreux artistes nippons....Le film a bénéficié d'un financement participatif à croire qu'y compris au pays du soleil levant certains producteurs pratiquent l'amnésie sélective sans état d’âme....
Merci pour ce témoignage intéressant, CC Rider. J'aimerais bien aller au Japon un jour.
RépondreSupprimerSur le financement participatif, je trouve que c'est aussi une belle façon de mobiliser autour d'un projet. Et puisque ça a marché pour le film qui nous occupe, je trouve que c'est une belle réussite pour le réalisateur. Même si cela peut effectivement poser question sur la manière dont les Japonais regardent leur passé.
Voilà exactement le genre de film que j'ai envie de voir en ce moment : merci mille fois, Martin, je vais tâcher de le trouver.
RépondreSupprimerAvec plaisir, Laurent.
RépondreSupprimerSi tu arrives à le voir, reviens nous donner ton avis !
Un titre magnifique et un beau film émouvant.
RépondreSupprimerComment cette abomination a t'elle pu avoir lieu ? Le pire c'est que 3 jours plus tard Fat Boy s'écrasait sur Nagazaki.
Du coup pour me faire mal j'ai revu le court métrage de Jean-Gabriel Pérot 200 000 fantômes.
Ah oui, le titre est très beau ! Mystérieux, aussi, ce qui aurait pu attirer davantage de curieux...
RépondreSupprimerMerci de rappeler ici l'existence du court-métrage de Jean-Gabriel Périot !
J'aurais pu (et dû) en parler moi-même, l'ayant découvert avant son film "Lumières d'été".
C'est à cette occasion que j'ai entendu parler pour la première fois du Dôme de Genbaku...