Il habite seul avec maman et ce n'est pas rue Sarasate. Arthur Fleck tente de percer comme humoriste, mais vivote plutôt comme clown. Posté sur un trottoir, il doit attirer le regard vers un banal magasin. Ses vannes, qu'il a consignées dans un carnet, ne font rire que lui. Vous vous dites que ce n'est pas une vie ? Je suis tout à fait d'accord !
Je ne savais pas exactement à quoi m'attendre en allant voir Joker. Généralement peu emballé par les films de super-héros, j'ai eu envie d'apprécier les qualités de celui-là en faisant confiance à l'acteur principal: Joaquin Phoenix. Je m'aperçois après coup que je n'ai raté qu'un seul de ses neuf films précédents ! Le voir dans le costume multicolore du célèbre ennemi de Batman me tentait sérieusement. Autant le dire tout de suite: il signe ici une performance mémorable, qui pourrait bien lui valoir une nomination à l'Oscar en fin d'année. Assez dingue pour accepter de perdre une petite trentaine de kilos pour mieux se fondre dans le personnage, l'acteur plonge allégrement dans toute sa schizophrénie. Gare ! Si vous aimez les blockbusters musclés et riches en action, vous pourriez être déroutés, voire déçus. Le film nous offre ce que l'on appelle désormais un "origin story". L'idée est de partir d'une figure assez bien connue de la culture populaire pour expliquer comment il est devenu le héros (ou le salaud) qu'il est dans l'esprit des gens. On utilise aussi le terme "préquelle"...
En fait, peu importe la sémantique: l'essentiel, c'est le film, bien sûr ! Découvert sur un écran XXL le jour même de sa sortie, il m'a scotché dans mon fauteuil. Car, au-delà même du magistral numéro d'acteur évoqué plus haut, Joker offre une illustration extrêmement soignée de ce que pourrait être une grande mégapole américaine par temps de crise. D'ailleurs, une petite anecdote personnelle: avant la séance au cinéma, je m'étais longuement interrogé sur la pertinence d'ajouter ce long-métrage à ma liste de références new-yorkaises. Ouais... ce n'est qu'en arrivant dans la salle que je me suis souvenu qu'il était ici question d'une ville imaginaire: Gotham City. Le décor rappelle la Grosse Pomme ? C'est sa voisine: Newark (New Jersey). D'aucuns pourraient ainsi reprocher à Joker son manque d'originalité et le considérer un peu trop tape-à-l'oeil pour être honnête. J'enfonce donc le clou: ce n'est pas mon cas. Le récit de la dérive émotionnelle de cet homme m'a happé... et même, par moments, coupé le souffle. Âmes sensibles, attention: tout cela est quand même assez hardcore !
Joker
Film américain de Todd Phillips (2019)
Il est tentant de comparer ce portrait de super-vilain avec ceux réalisés avant lui: par Jack Nicholson dans le Batman de Tim Burton ou par Heath Ledger dans The dark knight de Christopher Nolan. Conclusion personnelle: le film du jour est dans le haut du panier. Comme à d'autres, le rôle de Robert de Niro m'a rappelé les classiques des années 70-80 et en premier lieu La valse des pantins. Du solide !
----------
Et en guise de récompense...
Le film a déjà obtenu le prestigieux Lion d'or de la Mostra de Venise. Après la projo, il a même reçu une standing ovation de huit minutes !
Et sur mes blogs de référence...
C'est cette fois Dasola qui a été la toute première à reparler du film. Pascale et Princécranoir l'ont présenté aussi, quelques jours plus tard. Et, finalement, Strum est à son tour entré dans cette danse macabre.
Je ne savais pas exactement à quoi m'attendre en allant voir Joker. Généralement peu emballé par les films de super-héros, j'ai eu envie d'apprécier les qualités de celui-là en faisant confiance à l'acteur principal: Joaquin Phoenix. Je m'aperçois après coup que je n'ai raté qu'un seul de ses neuf films précédents ! Le voir dans le costume multicolore du célèbre ennemi de Batman me tentait sérieusement. Autant le dire tout de suite: il signe ici une performance mémorable, qui pourrait bien lui valoir une nomination à l'Oscar en fin d'année. Assez dingue pour accepter de perdre une petite trentaine de kilos pour mieux se fondre dans le personnage, l'acteur plonge allégrement dans toute sa schizophrénie. Gare ! Si vous aimez les blockbusters musclés et riches en action, vous pourriez être déroutés, voire déçus. Le film nous offre ce que l'on appelle désormais un "origin story". L'idée est de partir d'une figure assez bien connue de la culture populaire pour expliquer comment il est devenu le héros (ou le salaud) qu'il est dans l'esprit des gens. On utilise aussi le terme "préquelle"...
En fait, peu importe la sémantique: l'essentiel, c'est le film, bien sûr ! Découvert sur un écran XXL le jour même de sa sortie, il m'a scotché dans mon fauteuil. Car, au-delà même du magistral numéro d'acteur évoqué plus haut, Joker offre une illustration extrêmement soignée de ce que pourrait être une grande mégapole américaine par temps de crise. D'ailleurs, une petite anecdote personnelle: avant la séance au cinéma, je m'étais longuement interrogé sur la pertinence d'ajouter ce long-métrage à ma liste de références new-yorkaises. Ouais... ce n'est qu'en arrivant dans la salle que je me suis souvenu qu'il était ici question d'une ville imaginaire: Gotham City. Le décor rappelle la Grosse Pomme ? C'est sa voisine: Newark (New Jersey). D'aucuns pourraient ainsi reprocher à Joker son manque d'originalité et le considérer un peu trop tape-à-l'oeil pour être honnête. J'enfonce donc le clou: ce n'est pas mon cas. Le récit de la dérive émotionnelle de cet homme m'a happé... et même, par moments, coupé le souffle. Âmes sensibles, attention: tout cela est quand même assez hardcore !
Joker
Film américain de Todd Phillips (2019)
Il est tentant de comparer ce portrait de super-vilain avec ceux réalisés avant lui: par Jack Nicholson dans le Batman de Tim Burton ou par Heath Ledger dans The dark knight de Christopher Nolan. Conclusion personnelle: le film du jour est dans le haut du panier. Comme à d'autres, le rôle de Robert de Niro m'a rappelé les classiques des années 70-80 et en premier lieu La valse des pantins. Du solide !
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Et en guise de récompense...
Le film a déjà obtenu le prestigieux Lion d'or de la Mostra de Venise. Après la projo, il a même reçu une standing ovation de huit minutes !
Et sur mes blogs de référence...
C'est cette fois Dasola qui a été la toute première à reparler du film. Pascale et Princécranoir l'ont présenté aussi, quelques jours plus tard. Et, finalement, Strum est à son tour entré dans cette danse macabre.
RépondreSupprimerUne question se pose," Joker" , est-il un film politique ? Mickael Moore en est persuadé. Il est vrai que la peinture qui est faite dans le film , d'une société qui ignore les plus démunis, bafoue le droit aux soins , ou le cynisme des nantis face aux laissés pour compte et l'absence totale de solidarité poussent les plus fragiles dans leur dernières extrémités, y ressemble beaucoup.
Le film a fait polémique aux USA peut être est-il trop proche d'une certaine réalité ?
Je le pense aussi. Et parce qu'au final, toute cette violence sociale semble vouloir se retourner contre les classes les plus aisées de la population.
RépondreSupprimerSi je n'ai pas tellement insisté sur ce point, c'est parce que ce n'est pas cette raison qui m'a poussé à aller voir le film. Et aussi parce qu'il me semble qu'il est d'abord le portrait d'un homme en perdition.
Oui un grand film profond et un acteur démentiel. La descente aux enfers d'un déclassé psychotique dans une société en déliquescence.
RépondreSupprimerL'escalier de la scène mythique est prise d'assaut par les touristes...
C'était assez prévisible, malheureusement.
RépondreSupprimerJe crois qu'on n'a pas fini de voir des clowns dans les manifs...
Bonjour Martin,
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ce lien vers mon article.
Ton texte est tout à fait juste, et dit bien la puissance que dégage ce film à travers l'interprétation hors-norme de Phoenix.
Je constate que, comme moi, les mots d'Aznavour sont venus titiller ton inspiration. J'ai même poussé le vice jusqu'à ajouter France Gall à la citation… ;-)
Merci à toi de passer ici, l'ami, et de me complimenter de la sorte !
RépondreSupprimerJe crois que nous sommes grosso modo sur la même longueur d'ondes sur ce film marquant.
Pour répondre au premier commentaire, au fond, tout film est politique, même ceux qui n'ont pas l'air.
RépondreSupprimerDans l'ensemble, plutôt satisfaite par ce Joker, souvent troublant, porté par l'interprétation habitée et cohérente de Joaquin Phoenix. Bon après, la partie "révolte" n'arrive pas totalement à me convaincre, y a un côté "ado" qui me chiffonne. Dans le même genre, je préfère "Mr Robot" que je trouve plus subtil pour parler de notre société avec un peuple, une minorité qui décide de se rebeller contre le système.
Pour moi, le fondement du film n'est pas politique. Ou pas militant.
RépondreSupprimerIl s'agit davantage d'un portrait. Reste à voir l'orientation que prendra une éventuelle suite...
Mais le terme "politique" n'est pas forcément significatif ni synonyme d'engagement ou militantisme. Du moment qu'on représente une part de la société, des citoyens, je pense très sincèrement qu'il y a toujours une part de politique, même minime et aussi inconsciente soit-elle.
RépondreSupprimerVu comme ça, d'accord avec toi, Tina. Je crois aussi que j'ai réagi ainsi parce que le film a créé le buzz et/ou la polémique, certains supposant que le réalisateur avait un message contestataire à faire passer.
RépondreSupprimerJe ne crois pas fondamentalement à cette vision des choses. "Joker" s'inscrit dans un contexte social donné, mais je ne suis pas convaincu qu'il souhaite vraiment s'en inspirer (et encore moins le renforcer ou donner une légitimité à la violence).