On dit de Sergio Leone qu'il a changé à jamais l'image du western. Amoureux des légendes de l'Amérique, le cinéaste italien en a joué dans plusieurs films devenus cultes. J'ai saisi l'occasion d'en revoir un au cinéma: Et pour quelques dollars de plus, la deuxième escapade du maestro quelque part à l'Ouest... et le troisième de ses sept films.
Attention aux faux semblants: un nombre important d'autres films émaillèrent la carrière du Romain, à ses débuts comme assistant notamment, ou plus tard comme coréalisateur - pas toujours crédité pour son travail. On sait aussi que le cinéaste se cachait parfois derrière un pseudonyme. Autre mystification: le tournage en Espagne d'un film censé se passer sur le sol américain. On peut comprendre que c'était nécessaire pour plaire aux producteurs, espagnols, donc, italiens également, mais aussi allemands. Ce serait faire une erreur que de réduire Et pour quelques dollars de plus à ce décalage géographique. Aussi baroque soit-il, le film est une véritable perle formelle, qui surprend constamment par une grande liberté de ton. Quand il est sorti, je veux croire qu'il a dû en surprendre plus d'un. Pourtant, le scénario est minimaliste: il nous invite à côtoyer un duo de chasseurs de primes, associés opportunistes en route pour décimer toute une bande de desperados. Clint Eastwood et Lee Van Cleef jouent avec brio de l'opposition des caractères de leurs personnages !
Avec Gian Maria Volontè, le long-métrage s'offre un troisième larron supposé incarner le mal absolu. La prestation fiévreuse de l'acteur confirme ce sentiment d'avoir affaire à un salaud de la pire espèce. Pourtant, comme toujours chez Sergio Leone, les bons sont ambigus et violents, les brutes attachantes et les truands parfois fragiles. Derrière la forme, c'est ce fond incertain qui suscite mon admiration pour ce cinéma d'artisan, axé sur les hommes et leurs contradictions. Est-il utile de le préciser ? L'extraordinaire musique d'Ennio Morricone fait mieux qu'ajouter à l'émotion: je dirais presque qu'elle la définit. Parler d'opéra, c'est dire un grand mot, mais en réalité, je l'assume ! La magie tient à ce que ce lyrisme n'est ni chanté, ni même prononcé de manière explicite: de nombreuses scènes se passent de dialogues importants. Rêve d'enfant porté à l'écran, Et pour quelques dollars de plus témoigne d'une foi radicale à l'égard du médium cinéma. Évidemment, on peut rester imperméable à cette énergie créatrice. Mais je crois que bien des "faiseurs" s'en inspireraient valablement...
Et pour quelques dollars de plus
Film italien de Sergio Leone (1965)
Quelle grande oeuvre ! J'aurais pu lui attribuer cinq étoiles pleines. Oui, mais... je place la suivante (Le bon, la brute et le truand) seule au sommet. Il était une fois dans l'Ouest est un immense film également, mais sur un autre ton, parce que, soudain, une femme apparaît en pleine lumière. Je ne me suis jamais lassé de cet univers. Autant dire que je n'ai donc pas fini de vous parler de Sergio Leone...
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Une précision sans doute utile...
Quinze mois avant Et pour quelques dollars de plus, Sergio Leone ouvrait le feu avec Pour une poignée de dollars. Les deux films peuvent se voir séparément, dans un sens ou même dans l'autre. Malgré d'incontestables traits communs, l'histoire n'est plus la même !
Attention aux faux semblants: un nombre important d'autres films émaillèrent la carrière du Romain, à ses débuts comme assistant notamment, ou plus tard comme coréalisateur - pas toujours crédité pour son travail. On sait aussi que le cinéaste se cachait parfois derrière un pseudonyme. Autre mystification: le tournage en Espagne d'un film censé se passer sur le sol américain. On peut comprendre que c'était nécessaire pour plaire aux producteurs, espagnols, donc, italiens également, mais aussi allemands. Ce serait faire une erreur que de réduire Et pour quelques dollars de plus à ce décalage géographique. Aussi baroque soit-il, le film est une véritable perle formelle, qui surprend constamment par une grande liberté de ton. Quand il est sorti, je veux croire qu'il a dû en surprendre plus d'un. Pourtant, le scénario est minimaliste: il nous invite à côtoyer un duo de chasseurs de primes, associés opportunistes en route pour décimer toute une bande de desperados. Clint Eastwood et Lee Van Cleef jouent avec brio de l'opposition des caractères de leurs personnages !
Avec Gian Maria Volontè, le long-métrage s'offre un troisième larron supposé incarner le mal absolu. La prestation fiévreuse de l'acteur confirme ce sentiment d'avoir affaire à un salaud de la pire espèce. Pourtant, comme toujours chez Sergio Leone, les bons sont ambigus et violents, les brutes attachantes et les truands parfois fragiles. Derrière la forme, c'est ce fond incertain qui suscite mon admiration pour ce cinéma d'artisan, axé sur les hommes et leurs contradictions. Est-il utile de le préciser ? L'extraordinaire musique d'Ennio Morricone fait mieux qu'ajouter à l'émotion: je dirais presque qu'elle la définit. Parler d'opéra, c'est dire un grand mot, mais en réalité, je l'assume ! La magie tient à ce que ce lyrisme n'est ni chanté, ni même prononcé de manière explicite: de nombreuses scènes se passent de dialogues importants. Rêve d'enfant porté à l'écran, Et pour quelques dollars de plus témoigne d'une foi radicale à l'égard du médium cinéma. Évidemment, on peut rester imperméable à cette énergie créatrice. Mais je crois que bien des "faiseurs" s'en inspireraient valablement...
Et pour quelques dollars de plus
Film italien de Sergio Leone (1965)
Quelle grande oeuvre ! J'aurais pu lui attribuer cinq étoiles pleines. Oui, mais... je place la suivante (Le bon, la brute et le truand) seule au sommet. Il était une fois dans l'Ouest est un immense film également, mais sur un autre ton, parce que, soudain, une femme apparaît en pleine lumière. Je ne me suis jamais lassé de cet univers. Autant dire que je n'ai donc pas fini de vous parler de Sergio Leone...
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Une précision sans doute utile...
Quinze mois avant Et pour quelques dollars de plus, Sergio Leone ouvrait le feu avec Pour une poignée de dollars. Les deux films peuvent se voir séparément, dans un sens ou même dans l'autre. Malgré d'incontestables traits communs, l'histoire n'est plus la même !
Tu as tout dit. Des films qu'on peut voir et revoir prouvent qu'ils méritent toutes ces étoiles.
RépondreSupprimerIncroyable que Sergio Leone n'ait réalisé que 7 films. Mais quels films !
J'ai même vu Le colosse de Rhodes.
Et Un génie 2 associés 1 cloche est sans doute celui qui m'a le moins plu.
Comme deux ans auparavant avec "Mon nom est personne", Leone n'est pas crédité pour "Un génie...".
RépondreSupprimerSes sept films officiels sont:
- Le colosse de Rhodes,
- Pour une poignée de dollars,
- Et pour quelques dollars de plus,
- Le bon, la brute et le truand,
- Il était une fois dans l'Ouest,
- Il était une fois la révolution,
- Il était une fois en Amérique.
Bon, à tout cela, il faut ajouter pas mal de postes d'assistant-réalisateur.
Et quelques scénarios finalement tournés par d'autres, ainsi qu'un peu de production...
Ah ok. Je comprends mieux. Ce n'est pas VRAIMENT de lui. Son humour est plus subtil.
RépondreSupprimerIl a donc fait 7 films quon peut voir et revoir... Cela dit je ne pense pas avoir revu le Colosse depuis une éternité. J'adorais les péplum quand j'étais petite. De là vient sans doute mon goût pour les torses huilés et sans poil :-)
Et j'avais visité l'endroit en Espagne où étaient tournés ces films (Le nom m'échappe évidemment) en plein désert (Le seul désert en europe). Apparemment plus grand monde n'y va mais j'avais adoré cette journée. Même si mon intrépide époux m'avait ensuite baladée dans le désert avec une voiture de location pas au mieux de sa forme et que je n'étais pas bien rassurée. En plein milieu de nulle part avait surgi un type zarbi...
RépondreSupprimerC'est le désert de Tabernas dans la Province d'Almeria. Si un jour tu peux t'y rendre fais le. Ce n'est pas le bout du monde et vu ton amour du western chorizo, tu devrais passer un moment magique. C'est mieux qu'un musée. Tu as vraiment l'impression que Clint va sortir d'un saloon.
RépondreSupprimer@Pascale 1:
RépondreSupprimerJe dois t'avouer que je garde une certaine affection pour "Un génie, deux associés, une cloche".
Réunir un casting aussi hétéroclite que Terrence Hill, Miou-Miou et Robert Charlebois, je trouve ça cool !
L'humour léonien est plus subtil ? Oui, peut-être, plus incisif aussi. Ce n'est pas le même regard sur le monde.
@Pascale 2:
RépondreSupprimerLes gens zarbi sortis de nulle part ne sont pas toujours rassurants, c'est vrai.
Mais, de la manière dont tu parles de ce voyage, je suppose que le bon souvenir prend le dessus !
@Pascale 3:
RépondreSupprimerMerci d'avoir retrouvé le nom ! "Désert de Tabernas": je note.
Cela fait très envie, de voir ce genre de sites naturels, et d'y retrouver le fantôme de nos héros.