C'est toujours avec un peu d'appréhension que je me frotte aux films que l'on peut qualifier de grands classiques du cinéma international. Nul doute que 8 1/2 - lire Huit et demi ou, mieux, Otto e mezzo - occupe ce rang. En parler intelligemment est pour moi un vrai défi. J'imagine qu'il faut être à la hauteur de la légende. C'est... complexe !
Heureusement, j'ai eu le grand privilège de découvrir le film au cours d'une soirée de mon association, ce qui m'a donc donné quelques clés avant les premières images et permis d'apprendre que Federico Fellini lui-même recommandait de ne pas trop chercher à les interpréter. D'après le cinéaste, cette remarquable oeuvre n'était pas d'inspiration autobiographique et s'apparentait plutôt au cirque, une autre forme d'art très cher à son coeur. Pour ma part, j'ai en fait ressenti 8 1/2 comme un grand tourbillon, la comparaison avec la piste aux étoiles m'apparaissant d'autant plus justifiée que la musique de Nino Rota semble tout droit sortie d'un chapiteau. Au fond, il ne manque guère que la couleur pour se sentir immergé dans un univers circassien. C'est grave ? Absolument pas: simples témoins du grand désarroi artistique qui s'empare de Guido Anselmi, le... réalisateur de cinéma joué par Marcello Mastroianni, on reste toujours aux premières loges de l'émotion. Il faut s'accrocher: le spectacle ne s'interrompt jamais. À l'écran se mêlent les faits, les rêves, les souvenirs, les fantasmes...
"Jamais comme ici Fellini n'a été aussi haut dans le langage cinématographique, la fantaisie et la force d'expression": le constat est du grand écrivain italien Dino Buzzati, publié à la sortie du film. Alberto Moravia, lui, estimait alors le long-métrage aussi important pour son auteur que pour le cinéma transalpin dans son ensemble ! Faute d'informations plus complètes sur le sujet, il m'est difficile d'affirmer les choses de manière si nette, mais je suis enclin à faire confiance aux jugements positifs des critiques. Je souligne toutefois que 8 1/2 n'a pas réellement fait l'unanimité en son temps. L'ironie veut que, dans le déroulé de la filmo du célèbre Federico, il arrive juste après La dolce vita, qui lui valut une moisson de récompenses diverses (dont une Palme d'or) et de gros ennuis avec les censeurs. Avec le recul des années écoulées depuis, il reste une claque visuelle comme j'en avais très peu vu jusqu'alors... et, oui, ça fait du bien ! Je vous laisse chercher la signification de ce drôle de titre. Le film devait s'appeler La bella confusione. Idée trop explicite, je suppose...
8 1/2
Film italien de Federico Fellini (1963)
Pas une révélation, non, mais presque: ma connaissance des oeuvres du maestro se limitant jusqu'alors à deux films (cf. index), j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir celle-là, d'une incroyable densité. C'est aussi un grand film de femmes: on y croise Claudia Cardinale angélique, Anouk Aimée mélancolique... et beaucoup d'autres encore. Approches plus intenses que dans le Femmes entre elles d'Antonioni !
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Et ce n'est pas tout à fait fini...
À lire: d'autres avis inspirés et inspirants chez Strum, Vincent et Lui.
Heureusement, j'ai eu le grand privilège de découvrir le film au cours d'une soirée de mon association, ce qui m'a donc donné quelques clés avant les premières images et permis d'apprendre que Federico Fellini lui-même recommandait de ne pas trop chercher à les interpréter. D'après le cinéaste, cette remarquable oeuvre n'était pas d'inspiration autobiographique et s'apparentait plutôt au cirque, une autre forme d'art très cher à son coeur. Pour ma part, j'ai en fait ressenti 8 1/2 comme un grand tourbillon, la comparaison avec la piste aux étoiles m'apparaissant d'autant plus justifiée que la musique de Nino Rota semble tout droit sortie d'un chapiteau. Au fond, il ne manque guère que la couleur pour se sentir immergé dans un univers circassien. C'est grave ? Absolument pas: simples témoins du grand désarroi artistique qui s'empare de Guido Anselmi, le... réalisateur de cinéma joué par Marcello Mastroianni, on reste toujours aux premières loges de l'émotion. Il faut s'accrocher: le spectacle ne s'interrompt jamais. À l'écran se mêlent les faits, les rêves, les souvenirs, les fantasmes...
"Jamais comme ici Fellini n'a été aussi haut dans le langage cinématographique, la fantaisie et la force d'expression": le constat est du grand écrivain italien Dino Buzzati, publié à la sortie du film. Alberto Moravia, lui, estimait alors le long-métrage aussi important pour son auteur que pour le cinéma transalpin dans son ensemble ! Faute d'informations plus complètes sur le sujet, il m'est difficile d'affirmer les choses de manière si nette, mais je suis enclin à faire confiance aux jugements positifs des critiques. Je souligne toutefois que 8 1/2 n'a pas réellement fait l'unanimité en son temps. L'ironie veut que, dans le déroulé de la filmo du célèbre Federico, il arrive juste après La dolce vita, qui lui valut une moisson de récompenses diverses (dont une Palme d'or) et de gros ennuis avec les censeurs. Avec le recul des années écoulées depuis, il reste une claque visuelle comme j'en avais très peu vu jusqu'alors... et, oui, ça fait du bien ! Je vous laisse chercher la signification de ce drôle de titre. Le film devait s'appeler La bella confusione. Idée trop explicite, je suppose...
8 1/2
Film italien de Federico Fellini (1963)
Pas une révélation, non, mais presque: ma connaissance des oeuvres du maestro se limitant jusqu'alors à deux films (cf. index), j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir celle-là, d'une incroyable densité. C'est aussi un grand film de femmes: on y croise Claudia Cardinale angélique, Anouk Aimée mélancolique... et beaucoup d'autres encore. Approches plus intenses que dans le Femmes entre elles d'Antonioni !
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Et ce n'est pas tout à fait fini...
À lire: d'autres avis inspirés et inspirants chez Strum, Vincent et Lui.
Un tourbillon. Et Marcello d'une beauté !!!
RépondreSupprimerLa farandole finale. Du n'importe quoi de génie.
Je crois que le titre a un rapport avec la Place du film dans sa filmo. Entre son 8ème et fin 9ème...
Strum doit savoir.
Il y a bien un quai 9 3/4... :-)
Et SON 9ème.
RépondreSupprimer@Pascale admirative:
RépondreSupprimerJe dois dire qu'en termes de beauté, Claudia n'est pas mal non plus !
La farandole est une vraie parade de cirque: quelle magnifique scène finale !
Strum développera, mais je confirme pour le compte des films et courts-métrages du maestro.
Le film fait d'ailleurs plusieurs allusions aux chiffres 8 et 9. Il se situe donc dans un entre-deux.
@Pascale précise:
RépondreSupprimerYep ! J'avais compris (et corrigé de moi-même).
Hello Martin. Je n'ai découvert complètement ce film que très récemment. Les obsessions du maestro et de son alter ego l'immense Marcello y sont portées à la perfection, cirque, clowns, fanfares, femmes et bien sûr le cinéma. Admirable. je suis entièrement de l'avis de Dino Buzzati, qui, quelle coïncidence, est l'écrivain qui m'a le plus influencé. Comme je t'envie de n'avoir encore vu que deux films de Fellini. De merveilleux moments de cinéma t'attendent. Fellini a fait quelques très bons films, les autres sont des chefs d'oeuvre (Woody Allen dit ça de Bergman, mais il le pense aussi de Federico). Moi aussi. Ciao amico.
RépondreSupprimerCiao Eeguab !
RépondreSupprimerC'est toujours un plaisir, cher ami, de te voir réagir à mes chroniques italiennes.
Entièrement d'accord avec tout ce que tu as écrit.
J'en suis à trois Fellini, en comptant celui-là. Je prévois de voir bientôt "La dolce vita".
Je ne doute pas que nous aurons donc d'autres occasions de débattre des talents du grand Federico.
Merci pour le lien Martin. Un film fantastique qui ne ressemble à nul autre, ce qui témoigne du génie de Fellini. En fait, le titre Huit et demi a été bricolé à la hâte au dernier moment par Fellini et ne fonctionne pas très bien, comme l'a dit un grand critique italien. Fellini avait bien tourné à ce stade huit long-métrages mais deux sketches ou demi-films (dans Boccace 70 et L'amour à la ville). Quoiqu'il en soit, un titre aussi gonflé que le film.
RépondreSupprimerEt comme eeguab, je t'encourage à découvrir les autres Fellini Martin !
RépondreSupprimer@Strum 1:
RépondreSupprimerL'histoire du titre m'amuse, même s'il n'est pas pleinement convaincant.
J'espère que ce n'est pas ça qui détourne les gens du film. Moi, ça m'a rendu curieux.
@Strum 2:
RépondreSupprimerJe vais m'y (re)mettre bientôt avec "La dolce vita".
Il se peut aussi que je vois "Juliette des esprits" très prochainement. À suivre...