Je l'ai déjà dit: Eddy Mitchell et son émission télé La dernière séance sont indissociables de mes (bons) souvenirs d'enfance liés au cinéma. Le petit garçon que j'étais au début des années 80 a dû regarder quelques dizaines de westerns américains avec son papa, à l'époque. Et ce bien avant de comprendre qu'il y en avait aussi des européens...
Il m'a ensuite fallu quelques années de plus pour réaliser et admettre que ceux qui parlaient de westerns spaghetti à propos des productions italiennes le faisaient parfois pour dénigrer des films d'une facture différente de celle des classiques du genre. Mieux au fait de l'histoire et de la diversité du cinéma aujourd'hui, je vois grandir mon intérêt pour le western européen et, donc, pour celui imaginé par des équipes transalpines. Ce qui me conduit aujourd'hui à vous parler de Django. Signé Sergio Corbucci, ce long-métrage ose aborder le mythe en sens inverse: son personnage principal nous est donc présenté sous la pluie battante, de dos, sans cheval et traînant derrière lui un... CERCUEIL !
Quelques coups de feu très bien placés et une petite dizaine de morts plus loin, notre homme termine sa route avec une femme. Ils arrivent dans un patelin presque désert, où survivent péniblement un patron de saloon (à moitié proxénète) et quelques filles de petite vertu. Bientôt, l'étranger est sommé de déguerpir, car son indépendance d'esprit pourrait déplaire à chacun des deux clans "mafieux" installés à proximité: les Mexicains du général Rodriguez ou les suprémacistes blancs du major Jackson. Je vous passe les détails... et vous épargne du même coup le récit complet de la suite des événements. Django semble ne pas beaucoup s'écarter d'autres films de cet acabit, mais...
L'important n'est pas là, dirais-je. Dans le joyeux défilé d'archétypes offert par les acteurs et compte tenu des situations rocambolesques dans lesquelles le scénario les plonge, m'est avis qu'il est judicieux d'éviter de prendre Django trop au sérieux. Autant vous dire aussi que cela va vite flinguer en tous sens - et sans considération aucune pour ce que l'on pourrait appeler le réalisme. C'est un fait: le film demeure constamment au premier degré du divertissement, bourrin et assumé comme tel. Si on s'y laisse prendre, il en devient sympa. Tourné avec des moyens limités, il ne se moque pas du public et joue sans fausse honte avec les codes du cinéma de genre. Moi, ça me va !
J'ajoute que, lorsqu'il est sorti, cet OVNI a connu son heure de gloire. Carton du box-office italien, il a également été exporté avec succès en France, en Espagne, en Allemagne et même jusqu'au Japon ! Jugé trop violent, il fut toutefois coupé aux États-Unis, n'est jamais sorti dans les salles britanniques et ne fut programmé sur une télé anglaise qu'en 1993. Mais peu importe: Django a été l'objet d'un culte important... et parfois très intéressé, de nombreux films de qualité discutable ayant été intitulés (ou renommés) pour faire une référence directe au personnage-clé, sans pourtant qu'il réapparaisse à l'écran. C'est cela aussi, le cinéma d'exploitation. En fait, je préfère en rire...
Django
Film italien de Sergio Corbucci (1966)
Ayant eu la chance de voir le film sur grand écran, je vous confirme qu'il est bon de revenir ainsi aux sources du western européen. Quentin Tarantino, qui en a proposé une relecture très différenciée avec Django unchained et Les 8 salopards, me paraît moins sincère dans sa démarche et bien plus ambigu dans son rapport à la violence. Autant donc rester avec Sergio Corbucci et (re)voir Le grand silence.
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Aujourd'hui, j'en termine avec deux liens...
Cela vous donnera l'occasion de lire une autre belle analyse de Strum. Et je citerai aussi un "petit nouveau", Vincent, avant... une surprise !
Il m'a ensuite fallu quelques années de plus pour réaliser et admettre que ceux qui parlaient de westerns spaghetti à propos des productions italiennes le faisaient parfois pour dénigrer des films d'une facture différente de celle des classiques du genre. Mieux au fait de l'histoire et de la diversité du cinéma aujourd'hui, je vois grandir mon intérêt pour le western européen et, donc, pour celui imaginé par des équipes transalpines. Ce qui me conduit aujourd'hui à vous parler de Django. Signé Sergio Corbucci, ce long-métrage ose aborder le mythe en sens inverse: son personnage principal nous est donc présenté sous la pluie battante, de dos, sans cheval et traînant derrière lui un... CERCUEIL !
Quelques coups de feu très bien placés et une petite dizaine de morts plus loin, notre homme termine sa route avec une femme. Ils arrivent dans un patelin presque désert, où survivent péniblement un patron de saloon (à moitié proxénète) et quelques filles de petite vertu. Bientôt, l'étranger est sommé de déguerpir, car son indépendance d'esprit pourrait déplaire à chacun des deux clans "mafieux" installés à proximité: les Mexicains du général Rodriguez ou les suprémacistes blancs du major Jackson. Je vous passe les détails... et vous épargne du même coup le récit complet de la suite des événements. Django semble ne pas beaucoup s'écarter d'autres films de cet acabit, mais...
L'important n'est pas là, dirais-je. Dans le joyeux défilé d'archétypes offert par les acteurs et compte tenu des situations rocambolesques dans lesquelles le scénario les plonge, m'est avis qu'il est judicieux d'éviter de prendre Django trop au sérieux. Autant vous dire aussi que cela va vite flinguer en tous sens - et sans considération aucune pour ce que l'on pourrait appeler le réalisme. C'est un fait: le film demeure constamment au premier degré du divertissement, bourrin et assumé comme tel. Si on s'y laisse prendre, il en devient sympa. Tourné avec des moyens limités, il ne se moque pas du public et joue sans fausse honte avec les codes du cinéma de genre. Moi, ça me va !
Django
Film italien de Sergio Corbucci (1966)
Ayant eu la chance de voir le film sur grand écran, je vous confirme qu'il est bon de revenir ainsi aux sources du western européen. Quentin Tarantino, qui en a proposé une relecture très différenciée avec Django unchained et Les 8 salopards, me paraît moins sincère dans sa démarche et bien plus ambigu dans son rapport à la violence. Autant donc rester avec Sergio Corbucci et (re)voir Le grand silence.
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Aujourd'hui, j'en termine avec deux liens...
Cela vous donnera l'occasion de lire une autre belle analyse de Strum. Et je citerai aussi un "petit nouveau", Vincent, avant... une surprise !
Je l'avais vu au Festival Lumière de Lyon en présence de Franco Nero toujours aussi séduisant. C'était un beau moment. Le film est effectivement très drôle et très violent.
RépondreSupprimerImpossible de retrouver ma note.
Vincent est LE spécialiste.
C'est précisément la démesure du côté clownesque qui sauve le film, je crois.
RépondreSupprimerFranchement, comparé aux films de Quentin Tarantino, je ne trouve pas si violent.
Vincent, grand connaisseur, est effectivement un interlocuteur de choix pour ce western.
Et pour d'autres !
Merci pour le lien, Martin. Vincent est en effet un spécialiste puisqu'il a écrit un livre sur Sergio Corbucci.
RépondreSupprimerDe rien, Strum: c'est toujours un plaisir.
RépondreSupprimerPour le livre de Vincent, je suis au courant... et justement en train de le lire.
Bonsoir à Pascale et Strum que j'ai plaisir à croiser dans ces colonnes. ça me donne envie de revenir aux bonnes vieilles méthodes :) Et merci pour le "spécialiste", j'en suis rouge de confusion !
RépondreSupprimerJ'imagine que tu aurais un autre "spécialiste" à nous présenter.
RépondreSupprimerCorbucci, quand tu nous tiens... nous en reparlerons sans doute un de ces jours.
En attendant, le rouge te va bien et ta modestie t'honore !