jeudi 3 mai 2018

Le roi maudit

Sachez-le tout de suite: je n'ai jamais rien lu de William Shakespeare. Pourtant, appréhender une nouvelle adaptation cinéma de Macbeth m'a aussitôt intéressé. Sur la base d'un personnage historique réel ayant vécu en Écosse au 11ème siècle, la légende déroule un récit édifiant (et implacable) sur les conséquences de l'ambition excessive !

Chevalier fidèle à son suzerain, le dénommé Macbeth gagne pour lui une rude bataille qui paraissait perdue d'avance, contre des hordes d'ennemis irlando-norvégiens. Alors qu'il regagne ses terres, il croise le chemin de sorcières, qui lui annoncent qu'il obtiendra rapidement un titre nobiliaire plus élevé avant, un jour, de ceindre la couronne. Problème: au principal allié du guerrier vainqueur, les pythies prophétisent une destinée contraire, tout en l'assurant qu'il donnera naissance à une longue lignée de rois. C'en est trop pour l'humeur funeste de Macbeth, d'autant plus perdu qu'il est poussé au crime par... sa propre femme ! Je ne veux pas en dire plus sur l'intrigue elle-même. Pour vous livrer maintenant mon avis sur cette adaptation millésimée 2015 d'un texte de 1606, je veux citer d'abord les points positifs, liés pour la plupart à l'esthétique du film. L'image est sombre et les protagonistes souvent sales, d'où une imagerie moyenâgeuse crédible, je trouve. Autre point des plus intéressants: le travail mené pour respecter les mots de Shakespeare himself. Immersion garantie.

Le film m'a moins convaincu par d'autres aspects. Les filtres colorés apposés sur l'image sont parfois trop systématiques et apparaissent alors comme une simple facilité - ce qui est tout de même un comble. Les acteurs vedettes, Marion Cotillard et Michael Fassbender, jouent correctement, mais avec moins de charisme que j'avais pu l'espérer. Quelque chose cloche, un peu comme si l'origine théâtrale de l'oeuvre induisait à elle seule un certain statisme des personnages et décors. Attention: je ne vous dis pas que la direction artistique de Macbeth est ratée, mais juste qu'elle s'accompagne de quelques maladresses notables. Exemple: l'usage répété de ralentis, sans raison manifeste. Fort heureusement, le mythe, lui, garde toute sa place et l'histoire n'est absolument pas "hollywoodisée". La fin ouvre certes une porte sans la refermer, mais c'est assez bien amené. Il me semble honnête d'ajouter que je n'aurais pas dit non à un peu plus de noirceur. Maintenant, tel quel, le long-métrage m'a plu. Il y a mieux à regarder pour se divertir, mais ce n'est pas une raison pour détourner les yeux.

Macbeth
Film britannique de Justin Kurzel (2015)

C'est Wikipédia qui le dit: il existe une dizaine d'autres adaptations cinématographiques - et télévisées - de ce classique shakespearien. J'aimerais voir celles d'Orson Welles (1948) et Roman Polanski (1971). Entre les deux, si vous n'êtes pas vraiment inspirés par la mouture dont j'ai parlé aujourd'hui, je vous conseille de faire un pas de côté vers Le château de l'araignée d'Akira Kurosawa (1957). Pur bonheur !

----------
Si vous voulez lire d'autres avis...

C'est tout à fait possible - et notamment chez Pascale, Eeguab et Lui.

6 commentaires:

  1. Merci pour le lien. Welles et Kurosawa sont pour moi frères en shakespeareland. Tu sais la passion que j'ai pour les trois (W.S, O.W., et A.K.). Je n'avais pas détesté celle de Justin Kurzel.

    RépondreSupprimer
  2. Ah je ne comprends pas, Michaël et Marion sont exceptionnels. Ce film m'avait envoûtée.

    RépondreSupprimer
  3. @Eeguab:

    Effectivement, je connais ta passion pour le grand William.
    Je dois avouer que, spontanément, je me sens plus proche d'Akira que d'Orson.

    RépondreSupprimer
  4. @Pascale:

    En fait, je ne crois pas que je reprocherais quoi que ce soit aux acteurs.
    C'est le scénario qui m'a paru trop resserré et...

    *** ATTENTION SPOILERS ***
    ... le repentir final de Lady Macbeth m'a paru un peu invraisemblable.

    Je me dis que lire le texte de Shakespeare me donnerait une vision plus juste.
    Seulement, je ne suis pas sûr de ma réelle capacité à apprécier ce classique.

    RépondreSupprimer
  5. Je pense quelle pleure sur sa vie gâchée sur elle même mais pas qu'elle se repend. Elle est complètement tarée.

    RépondreSupprimer
  6. Hum... disons alors que sa folie m'a paru mal rendue dans ce passage précis.
    Sans doute que j'avais encore le modèle Akira Kurosawa en tête, autrement plus intense à mes yeux.

    RépondreSupprimer