Une fois n'est pas coutume: je vous parlerai aujourd'hui d'un film quelques jours avant sa sortie officielle. J'ai en effet eu l'opportunité de le découvrir en avant-première, grâce au distributeur et en vue d'une éventuelle projection au cours d'une soirée de mon association. Khibula nous arrive de Géorgie et sera en salles à partir de mercredi.
Une première précision s'impose: quand je parle de Géorgie, j'évoque l'ancienne république soviétique et non l'État américain. Il est vrai sans doute que nous connaissons mal ce pays, qu'un conflit armé opposa à la Russie il y a une dizaine d'années, avant une intervention médiatrice de la France (qui était alors dirigée par Nicolas Sarkozy). Bref... c'est un peu plus tôt dans le temps que va se dérouler l'action du film du jour. Nous sommes en 1993: bien qu'élu démocratiquement à la tête du pays, Zviad Gamsakhourdia arpente les hautes montagnes du Caucase, coincé qu'il est entre sa volonté de revenir aux affaires et le constat objectif qu'un coup d'État l'en a écarté. Je dois ajouter que le film ne nomme jamais ce personnage historique: les partisans qu'il a réunis autour de lui, ainsi que les quelques citoyens ordinaires dont il croise le chemin, l'appellent tous "Le président". On suppose qu'il est resté populaire, mais ce respect est peut-être lié à la peur...
Khibula ne lève le mystère de son titre qu'à la toute fin du métrage. Tout ce qui précède n'est pas véritablement passionnant et s'écarte résolument des codes du film d'action. Les quelques coups de feu entendus ici et là matérialisent certes une menace pour le président déchu, mais ce dernier, entouré d'un nombre de fidèles plus faible chaque jour, est plutôt amené à fuir qu'à négocier sa reddition. L'idée serait alors de nous montrer la progression inéluctable de sa lassitude face à ces événements. La caméra se tourne aussi vers les Géorgiens qu'il rencontre et lui impose une sorte de prise de conscience tardive de leurs difficultés. J'ai lu ensuite que le vrai Zviad Gamsakhourdia n'était pas un tendre, loin de là, et que son court passage au pouvoir avait été marqué par des dérives autoritaires. Le film n'en dit rien ! Vous devrez vous débrouiller seuls, en l'absence de toute explication sur le contexte. Pour ma part, j'ai aimé les quelques clairs-obscurs des scènes intérieures et l'intérêt relatif porté à la jeunesse du pays. Cela n'aura cependant pas suffi: je me suis, parfois, un peu ennuyé...
Khibula
Film géorgien de George Ovashvili (2017)
Sur l'exil d'un président légitime, Neruda m'a paru plus intéressant. Bon bon bon... de par son origine géographique, il est dur de trouver un équivalent à ce film (en mieux). Je joue donc la facilité et choisis de vous conseiller La terre éphémère, autre opus du même cinéaste déjà présenté sur les Bobines. Après, je peux et veux dire également que les plans dans la neige m'ont rappelé La chevauchée des bannis !
Une première précision s'impose: quand je parle de Géorgie, j'évoque l'ancienne république soviétique et non l'État américain. Il est vrai sans doute que nous connaissons mal ce pays, qu'un conflit armé opposa à la Russie il y a une dizaine d'années, avant une intervention médiatrice de la France (qui était alors dirigée par Nicolas Sarkozy). Bref... c'est un peu plus tôt dans le temps que va se dérouler l'action du film du jour. Nous sommes en 1993: bien qu'élu démocratiquement à la tête du pays, Zviad Gamsakhourdia arpente les hautes montagnes du Caucase, coincé qu'il est entre sa volonté de revenir aux affaires et le constat objectif qu'un coup d'État l'en a écarté. Je dois ajouter que le film ne nomme jamais ce personnage historique: les partisans qu'il a réunis autour de lui, ainsi que les quelques citoyens ordinaires dont il croise le chemin, l'appellent tous "Le président". On suppose qu'il est resté populaire, mais ce respect est peut-être lié à la peur...
Khibula ne lève le mystère de son titre qu'à la toute fin du métrage. Tout ce qui précède n'est pas véritablement passionnant et s'écarte résolument des codes du film d'action. Les quelques coups de feu entendus ici et là matérialisent certes une menace pour le président déchu, mais ce dernier, entouré d'un nombre de fidèles plus faible chaque jour, est plutôt amené à fuir qu'à négocier sa reddition. L'idée serait alors de nous montrer la progression inéluctable de sa lassitude face à ces événements. La caméra se tourne aussi vers les Géorgiens qu'il rencontre et lui impose une sorte de prise de conscience tardive de leurs difficultés. J'ai lu ensuite que le vrai Zviad Gamsakhourdia n'était pas un tendre, loin de là, et que son court passage au pouvoir avait été marqué par des dérives autoritaires. Le film n'en dit rien ! Vous devrez vous débrouiller seuls, en l'absence de toute explication sur le contexte. Pour ma part, j'ai aimé les quelques clairs-obscurs des scènes intérieures et l'intérêt relatif porté à la jeunesse du pays. Cela n'aura cependant pas suffi: je me suis, parfois, un peu ennuyé...
Khibula
Film géorgien de George Ovashvili (2017)
Sur l'exil d'un président légitime, Neruda m'a paru plus intéressant. Bon bon bon... de par son origine géographique, il est dur de trouver un équivalent à ce film (en mieux). Je joue donc la facilité et choisis de vous conseiller La terre éphémère, autre opus du même cinéaste déjà présenté sur les Bobines. Après, je peux et veux dire également que les plans dans la neige m'ont rappelé La chevauchée des bannis !
Prévu ici courant décembre. Je suis assez curieux mais je n'ai jamais vu La terre éphémère. A bientôt.
RépondreSupprimerOn m'a également dit plutôt du bien de "L'autre rive", le premier film de George Ovashvili.
RépondreSupprimerComme tu l'auras compris, ce nouvel opus m'a laissé de glace. Je reste toutefois preneur de ton avis.
Ben ca vend pas du rêve ton histoire.
RépondreSupprimerDisons que le film n'est pas dénué d'intérêt, mais que je suis resté un peu en-dehors.
RépondreSupprimerJ'avais beaucoup aimé La terre éphémère, donc je vais tout de même me laisser tenter par son dernier, enfin, s'il passe un jour devant mes yeux. Ne serait-ce que par curiosité.
RépondreSupprimerJe comprends tout à fait cette curiosité, qui est la mienne souvent.
RépondreSupprimerEst-ce que tu as vu "L'autre rive", toi ? Ce film-là me tente plutôt, mais il semble difficile à attraper.
Je pensais l'avoir vu mais j'ai confondu avec un autre film similaire d'un réalisateur au nom aussi exotique que j'ai bien évidemment complètement oublié (je n'ai aucune mémoire des noms et je n'ai pas noté celui-ci, dommage). L'autre rive me semble aussi âpre et difficile d'accès que le film avec lequel je l'ai confondu, mais si je l'attrape un jour, je tenterai bien de le regarder également (et je te ferai signe par la même occasion, s'il est diffusé un jour dans la nuit - ahah - cf l'audience confidentielle prévue pour ce genre de films - à la télévision).
RépondreSupprimerJe sais qu'il y a aussi un film de David Gordon Green qui s'appelle "L'autre rive".
RépondreSupprimerEt on ne reparlera pas ici de "Vers l'autre rive", le (beau) film de Kiyoshi Kurosawa.
Il faudrait que je trouve un moyen de voir ce premier George Ovashvili, quand même !
Vu hier en ciné-philo, animé par un ami prof de philo. Environ trente personnes dont une dizaine ont quitté la salle avant la fin, chose assez rare lors de nos séances. Moi, j'ai assez aimé Khibula. Un peu gêné au début par le fait qu'on ne nous explique rien du président lui-même ni de son action et de son réel impact sur le pays, je m'y suis fait vite et j'ai aimé sa fuite, avec une poignée de partisans. Et j'y ai vu un homme aux abois, dans la solitude du politique, désarmé devant l'avenir, un nomade après les ors de la république. De la fragilté de l'exercice du pouvori. Jolies scènes, les flambeaux pour éloigner les loups, les danses viriles, Les spectateurs restés ont dans l'ensemble apprécié.
RépondreSupprimerP.S. Rachat de notre multiplexe par un groupe, je suis un peu perplexe quant à l'avenir de ces films dans notre ville. A bientôt Martin et bonnes fêtes.
Hé ! C'est sympa de repasser nous donner ton avis !
RépondreSupprimerC'est curieux, parce que je partage beaucoup de choses que tu as écrites, mais je suis moins convaincu que toi. Peut-être parce que je me demande ce que le réalisateur a voulu dire exactement. S'il est plutôt favorable ou hostile au vrai personnage, ou s'il s'en moque, tout simplement, n'en reprenant que la silhouette pour composer une fiction assumée comme telle. Mais merci encore d'avoir partagé ton point de vue !
PS: j'espère quand même que vous pourrez continuer à diffuser autre chose que des blockbusters...