Ingrid Bergman et Roberto Rossellini avaient entretenu une relation doublement adultère. En février 1953, ils sont mariés depuis deux ans et demi - et parents de trois enfants - quand commence le tournage d'un film inspiré de Colette: Voyage en Italie. L'histoire d'un couple d'Anglais qu'une succession à régler conduit à Naples quelques jours...
Ce qui aurait pu constituer le point de départ à un long-métrage romantique débouche en réalité sur quelque chose de très différent ! Quitte à dérouter George Sanders, son acteur principal, Rossellini choisit de filmer le parcours plein d'imprévus d'un duo qui se déchire doucement. Dès le début, en somme, on se demande bien ce qui peut retenir Kathy Joyce auprès de son mari Alex... et réciproquement. Plus que l'usure du quotidien, ce sont leurs divergences qui s'affichent ostensiblement devant nous, entre petites jalousies et mésententes profondes sur les plaisirs de la vie. Voyage en Italie est un film précis sur l'altération des sentiments et la mesquinerie qui peut s'ensuivre...
Vous imaginez que le film fut un triomphe ? Vous faites fausse route. Nombreux furent les critiques qui reprochèrent à Rossellini d'oublier sa fibre néoréaliste pour ne rien composer d'autre qu'un drame bourgeois. Ce n'est pas faux, d'ailleurs, mais est-ce grave ? Non. Voyage en Italie m'est apparu très juste pour rendre compte du poids des conventions sociales de l'époque. L'écrasement des personnalités m'a même semblé tout à fait perceptible à l'écran, du fait de l'aspect symbolique des images, absolument manifeste à plusieurs reprises. Seule la fin du métrage m'a un peu déçu, car je l'ai jugée expéditive et artificiellement positive - ce qui fait que je n'y ai pas cru, du coup. J'ajoute qu'en France, en son temps, le film avait reçu l'éloge sincère des tenants de la Nouvelle Vague, qui l'ont célébré pour sa modernité.
Voyage en Italie
Film italien de Roberto Rossellini (1954)
Si vous voulez connaître l'origine de la relation entre Ingrid Bergman et Roberto Rossellini, je vous renvoie illico presto vers ma chronique de leur premier film commun: Stromboli. Une bonne occasion aussi d'apprécier le grand cinéaste transalpin dans sa veine néoréaliste. Mon impression est que le film de ce jour préfigure plutôt les récits d'incommunicabilité de Michelangelo Antonioni (Femmes entre elles).
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D'autres amis bloggeurs ont vu (et apprécié) le film...
Conclusion: je vous laisse en compagnie de Sentinelle, Lui et Eeguab.
Ce qui aurait pu constituer le point de départ à un long-métrage romantique débouche en réalité sur quelque chose de très différent ! Quitte à dérouter George Sanders, son acteur principal, Rossellini choisit de filmer le parcours plein d'imprévus d'un duo qui se déchire doucement. Dès le début, en somme, on se demande bien ce qui peut retenir Kathy Joyce auprès de son mari Alex... et réciproquement. Plus que l'usure du quotidien, ce sont leurs divergences qui s'affichent ostensiblement devant nous, entre petites jalousies et mésententes profondes sur les plaisirs de la vie. Voyage en Italie est un film précis sur l'altération des sentiments et la mesquinerie qui peut s'ensuivre...
Vous imaginez que le film fut un triomphe ? Vous faites fausse route. Nombreux furent les critiques qui reprochèrent à Rossellini d'oublier sa fibre néoréaliste pour ne rien composer d'autre qu'un drame bourgeois. Ce n'est pas faux, d'ailleurs, mais est-ce grave ? Non. Voyage en Italie m'est apparu très juste pour rendre compte du poids des conventions sociales de l'époque. L'écrasement des personnalités m'a même semblé tout à fait perceptible à l'écran, du fait de l'aspect symbolique des images, absolument manifeste à plusieurs reprises. Seule la fin du métrage m'a un peu déçu, car je l'ai jugée expéditive et artificiellement positive - ce qui fait que je n'y ai pas cru, du coup. J'ajoute qu'en France, en son temps, le film avait reçu l'éloge sincère des tenants de la Nouvelle Vague, qui l'ont célébré pour sa modernité.
Voyage en Italie
Film italien de Roberto Rossellini (1954)
Si vous voulez connaître l'origine de la relation entre Ingrid Bergman et Roberto Rossellini, je vous renvoie illico presto vers ma chronique de leur premier film commun: Stromboli. Une bonne occasion aussi d'apprécier le grand cinéaste transalpin dans sa veine néoréaliste. Mon impression est que le film de ce jour préfigure plutôt les récits d'incommunicabilité de Michelangelo Antonioni (Femmes entre elles).
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D'autres amis bloggeurs ont vu (et apprécié) le film...
Conclusion: je vous laisse en compagnie de Sentinelle, Lui et Eeguab.
Ah là, j'ai l'impression d'avoir plus apprécié que toi le film, dont je garde un excellent souvenir. Merci pour le lien !
RépondreSupprimerPas d'erreur: j'ai pris du plaisir à cette découverte, mais la fin m'a paru un peu plaquée, ce qui m'a conduit à n'attribuer au film "que" trois étoiles et demie. Rien à redire sur la mise en scène, en revanche, que j'ai trouvée en tous points remarquable !
RépondreSupprimerMerci Martin. Le chef d'oeuvre de Rossellini, à moins que ce ne soit Allemagne année zéro, ou Rome ville ouverte. Tout compte fait je dirais peut-être Onze fioretti de François d'Assise. A moins que Paisa. Cependant j'aime énormément Europe 51. Bref, tu sais ce que je pense de R.R.
RépondreSupprimerSes oeuvres tardives ne sont pas à négliger (Le Général Della Rovere) et encore moins ses oeuvres télévisuelles d'une grande intelligence(j'ai déjà parlé de sa passion pour la télévision, en cela il est presque unique). Je considère La prise de pouvoir par Louis XIV comme un film génial, réalisé pour l'ORTF.
Tu l'auras sans doute imaginé: je t'attendais aussi au tournant de cette chronique, mon cher Eeguab.
RépondreSupprimerAlors, tout d'abord, merci de tout ce que tu nous apprends sur les grands maîtres italiens !
Je t'avoue qu'en ce qui concerne le maestro Rossellini, je m'oriente en priorité vers le cinéma.
C'est d'ailleurs tout particulièrement comme pionnier du néo-réalisme qu'il m'intéresse.
Je ne néglige pas ce qu'il a pu apporter à la télévision, mais je découvrirai cela dans un second temps.
Je n'ai pas encore de certitude absolue, mais je pense que le prochain de ses films qui sera chroniqué ici devrait être un grand classique de la première époque. Aspetta e vedrai, si j'ose dire de mon italien bien aléatoire...
Oh la la Georges Sanders !!! Tous ces beaux gosses en noir et blanc et en costumes croisés.. ce blog est devenu un piège pour mon coeur d'artichaut.
RépondreSupprimerJe me souviens d'une fin particulièrement lumineuse en effet qui ne cadrait pas avec la noirceur des situations.
C'est le jeu, ma pov' Lucette !
RépondreSupprimerLumineuse, je ne sais pas, mais oui, la fin m'a paru en décalage avec le reste.
A la fin, il y a un miracle. Je crois que c'est ainsi qu'il faut le comprendre. C'est vrai qu'il arrive de manière un peu abrupte ou soudaine. Reste que j'aime bien moi aussi Voyage en Italie, que je n'ai pas vu depuis 20 ans je pense. Tu vois juste à mon avis en parlant à propos de ce film de chainon possible entre le néo-réalisme façon Rossellini et Antonioni, si l'on excepte le miracle - heureusement, Rossellini n'est jamais aussi pe(n)sant qu'Antonioni.
RépondreSupprimerL'hypothèse d'un miracle final est intéressante, d'autant que le couple assiste à une procession religieuse.
RépondreSupprimerContent de nous savoir d'un avis semblable, l'ami ! Encore que je ne trouve pas toujours qu'Antonioni soit pesant. Mais je n'ai pas vu tous ses films...