Pour bien terminer cette semaine, je voulais vous parler aujourd'hui d'un grand monsieur du cinéma français. J'ai tenu à en dire deux mots après avoir vu, à Cannes, une petite expo qui lui était consacrée. Sans doute la méritait-il, lui qui a laissé son nom dans les livres d'histoire comme l'un des pionniers du septième art. Merci, Georges !
Peut-être l'aurez-vous reconnu: Georges Méliès - puisque c'est bien lui dont il s'agit - est né à Paris, avant le cinéma, le 8 décembre 1861. Son père, un industriel de la chaussure, lui laisse un héritage important, qu'il consacre à racheter le théâtre de feu Robert Houdin, un célèbre illusionniste. Notre homme est lui-même prestidigitateur ! Son premier contact avec le cinéma est précoce, puisqu'il fait partie des invités de la première réception privée de projection, organisée par les frères Lumière fin 1895. Bingo ! L'enthousiasme de Méliès pour ce qu'il découvre est si fort qu'il cherche à acquérir les brevets. On l'en dissuade alors, en lui parlant d'une technologie "sans avenir"...
A-t-on été sincère avec lui ? Ou a-t-on, à l'inverse, cherché à écarter une concurrence potentielle ? Il n'est plus possible d'avoir de certitude. Reste que Méliès s'acharne et qu'à partir d'autres procédés, il fabrique bientôt ses propres images en mouvement: Une partie de cartes circule ainsi dès le printemps 1896. Un an plus tard, l'artiste inaugure à Montreuil le tout premier studio de cinéma, un bâtiment aux murs constitués de vitres, de nature à laisser passer la lumière naturelle. Là, il est à la fois producteur, réalisateur, scénariste, acteur, etc. Inspiré par ce qui existe pour la photo, il a même installé un atelier pour coloriser ses films. L'adage dit vrai: on n'arrête pas le progrès...
Apparu en 1902, Le voyage dans la Lune reste le film le plus connu de cette époque. D'une durée d'un quart d'heure environ, il révèle l'incroyable talent de Méliès, qui, dès lors, séduit aussi de l'autre côté de l'Atlantique. Il faut dire que les titres de beaucoup de ses oeuvres résonnent comme une invitation au rêve: Le royaume des fées, Faust aux enfers, Le voyage à travers l'impossible, À la conquête du Pôle... et j'en passe ! Ainsi, jusqu'en 1914, près de 600 films sortent de l'imaginaire du maître. C'est plutôt sur le plan technique que ce dernier souffre, un début de procès mené par le groupe Edison l'accablant comme un vulgaire contrefacteur. Bien plus productives encore, d'autres sociétés de cinéma lui font une rude concurrence. Méliès ne s'intéresse guère aux chiffres. Il se laisse ainsi dépasser...
Ce n'est pas encore la fin. L'ancien magicien monte des spectacles dans un studio transformé en théâtre, avec l'aide de sa famille. Vaillant, il fait même de sa propriété un cabaret dédié à l'opérette ! C'est en 1923 que le vent tourne presque définitivement: un créancier oblige alors le saltimbanque à quitter sa maison et à vendre ses films à des marchands forains. Une partie du stock est détruite, de la main même du génial créateur ! Une autre vie démarre... assez différente.
Méliès retrouve et épouse Charlotte Faës, que l'on connaît également sous le pseudonyme Jeanne d'Alcy, l'une de ses anciennes actrices. Ensemble, ils tiennent une petite boutique de sucreries et de jouets installée à Paris, dans la gare Montparnasse. En 1929, un journaliste reconnaissant, Léon Druhot, les fait quelque temps sortir de l'oubli. Celui qui avait imaginé - et conçu - tant d'univers fantasmagoriques sera finalement emporté par un banal cancer, en 1938. Ses cendres reposent au cimetière parisien du Père Lachaise. Charlie Chaplin a dit de lui: "C'était l'alchimiste de la lumière". Je ne vois rien à ajouter...
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Bon... est-ce que je peux compter sur vous ?
Je n'ai dit qu'assez peu de choses sur l'oeuvre de Méliès en elle-même. Ma chronique ne donne pas forcément toute la mesure de son talent et parle à peine de l'héritage. Je vous invite donc à l'évoquer aussi...
Et pour une autre référence cinématographique...
Je vous rappelle que Martin Scorsese a rendu hommage au père fondateur du cinéma français par Hugo Cabret, un film sorti en 2011.
Peut-être l'aurez-vous reconnu: Georges Méliès - puisque c'est bien lui dont il s'agit - est né à Paris, avant le cinéma, le 8 décembre 1861. Son père, un industriel de la chaussure, lui laisse un héritage important, qu'il consacre à racheter le théâtre de feu Robert Houdin, un célèbre illusionniste. Notre homme est lui-même prestidigitateur ! Son premier contact avec le cinéma est précoce, puisqu'il fait partie des invités de la première réception privée de projection, organisée par les frères Lumière fin 1895. Bingo ! L'enthousiasme de Méliès pour ce qu'il découvre est si fort qu'il cherche à acquérir les brevets. On l'en dissuade alors, en lui parlant d'une technologie "sans avenir"...
A-t-on été sincère avec lui ? Ou a-t-on, à l'inverse, cherché à écarter une concurrence potentielle ? Il n'est plus possible d'avoir de certitude. Reste que Méliès s'acharne et qu'à partir d'autres procédés, il fabrique bientôt ses propres images en mouvement: Une partie de cartes circule ainsi dès le printemps 1896. Un an plus tard, l'artiste inaugure à Montreuil le tout premier studio de cinéma, un bâtiment aux murs constitués de vitres, de nature à laisser passer la lumière naturelle. Là, il est à la fois producteur, réalisateur, scénariste, acteur, etc. Inspiré par ce qui existe pour la photo, il a même installé un atelier pour coloriser ses films. L'adage dit vrai: on n'arrête pas le progrès...
Apparu en 1902, Le voyage dans la Lune reste le film le plus connu de cette époque. D'une durée d'un quart d'heure environ, il révèle l'incroyable talent de Méliès, qui, dès lors, séduit aussi de l'autre côté de l'Atlantique. Il faut dire que les titres de beaucoup de ses oeuvres résonnent comme une invitation au rêve: Le royaume des fées, Faust aux enfers, Le voyage à travers l'impossible, À la conquête du Pôle... et j'en passe ! Ainsi, jusqu'en 1914, près de 600 films sortent de l'imaginaire du maître. C'est plutôt sur le plan technique que ce dernier souffre, un début de procès mené par le groupe Edison l'accablant comme un vulgaire contrefacteur. Bien plus productives encore, d'autres sociétés de cinéma lui font une rude concurrence. Méliès ne s'intéresse guère aux chiffres. Il se laisse ainsi dépasser...
Ce n'est pas encore la fin. L'ancien magicien monte des spectacles dans un studio transformé en théâtre, avec l'aide de sa famille. Vaillant, il fait même de sa propriété un cabaret dédié à l'opérette ! C'est en 1923 que le vent tourne presque définitivement: un créancier oblige alors le saltimbanque à quitter sa maison et à vendre ses films à des marchands forains. Une partie du stock est détruite, de la main même du génial créateur ! Une autre vie démarre... assez différente.
Méliès retrouve et épouse Charlotte Faës, que l'on connaît également sous le pseudonyme Jeanne d'Alcy, l'une de ses anciennes actrices. Ensemble, ils tiennent une petite boutique de sucreries et de jouets installée à Paris, dans la gare Montparnasse. En 1929, un journaliste reconnaissant, Léon Druhot, les fait quelque temps sortir de l'oubli. Celui qui avait imaginé - et conçu - tant d'univers fantasmagoriques sera finalement emporté par un banal cancer, en 1938. Ses cendres reposent au cimetière parisien du Père Lachaise. Charlie Chaplin a dit de lui: "C'était l'alchimiste de la lumière". Je ne vois rien à ajouter...
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Bon... est-ce que je peux compter sur vous ?
Je n'ai dit qu'assez peu de choses sur l'oeuvre de Méliès en elle-même. Ma chronique ne donne pas forcément toute la mesure de son talent et parle à peine de l'héritage. Je vous invite donc à l'évoquer aussi...
Et pour une autre référence cinématographique...
Je vous rappelle que Martin Scorsese a rendu hommage au père fondateur du cinéma français par Hugo Cabret, un film sorti en 2011.
Et oui malgré l'image choc de la lune rigolarde et borgne, il est moins célèbre que les frangins Lumière. Charlot ne manquait pas d'humour (involontaire ?) pour dire qu'il etait l'alchimiste de la lumière:-)
RépondreSupprimerHugo Cabret (que je n'ai pas trop aimé si je me souviens bien) lui rend un bel hommage (pas étonnant de Marty) et démontre que la passion et le talent voire le génie ne font pas bon ménage avec les affaires...
La formule "banal cancer" m'a un peu choquée..
Passion et talent s'accordent parfois avec le sens des affaires, mais c'est vrai que c'est rare.
RépondreSupprimerPour ce qui est du "banal cancer", j'ai écrit ça pour faire opposition à l'inventivité de Georges Méliès. Je suis d'accord: le terme est un peu maladroit. Je vais peut-être le remplacer par "vilain" ou un autre qualificatif du même genre.