mercredi 16 novembre 2016

Trois jours pour survivre

Le comble du snobisme ? Pour moi, c'est de penser qu'il y a des films qu'il faut forcément aimer pour être digne d'être appelé "cinéphile". Pour ma part, je m'efforce d'être dans la posture inverse, qui consiste à respecter le goût des autres et à apprécier aussi le plaisir simple d'un film peu innovant, mais bien ficelé. Un exemple: Comancheria !

C'est évident: des histoires de braqueurs de banques dans le cinéma américain, vous en trouverez des caisses entières. L'usage du Sud pauvre des States comme décor, ça n'est pas non plus une idée révolutionnaire. Reste qu'à partir de ces deux éléments scénaristiques seulement, Comancheria a su m'embarquer, sans le moindre soupçon d'ennui pendant l'heure et quarante minutes de projection. Il faut chercher l'explication dans le joli équilibre trouvé par ce long-métrage au timing serré, sans fioriture. Le casting, d'abord, est impeccable. Aucun comédien ne tire la couverture à lui. Ben Foster et Chris Pine sont mieux que des beaux gosses, il y a aussi l'excellent Jeff Bridges en flic sexagénaire, toujours flamboyant, et d'autres personnages secondaires soignés. De bonnes bases pour les réjouissances à venir.

Comancheria, c'est aussi des dialogues aux petits oignons, un cadre naturel très bien photographié, un arrière-plan politico-contemporain discret mais bien présent, une musique au top... autant d'éléments formels qui, mis bout à bout, assurent le spectacle et m'ont fait adhérer à 100%. Le plus beau, c'est qu'il n'y a aucun manichéisme. Assez vite, on va trouver les "criminels" plutôt sympa et le vieux mec lancé à leur poursuite beaucoup trop obstiné, même pour un ranger fier de porter l'uniforme et de défendre la loi. Ensuite, et à vrai dire jusqu'au bout de la route, ça part dans l'autre sens, les contradictions intimes des uns et des autres nous laissant nous dépatouiller seuls avec nos préjugés sur la moralité. En un mot: à chacun sa vision. J'aime de plus en plus ce cinéma d'action qui ne choisit aucun camp. Sous la conduite d'un réalisateur écossais, l'équipe a trouvé le bon ton sur les doutes et paradoxes de l'Amérique d'aujourd'hui. Je dis bravo !

Comancheria
Film américain de David Mackenzie (2016)

Nous ne sommes ici pas très loin du cadre déjà aperçu récemment dans Shotgun stories (où la violence semble plus dérisoire encore). Vous appréciez les pseudo-polars ? Je vous recommande ce beau film méconnu qu'est Sugarland express - le premier Spielberg - ou encore le très décontracté Bandits. Drive me parait un peu trop sophistiqué. Et j'ai toujours une petite larme à la fin de Butch Cassidy et le Kid...

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Une précision sur le titre du film du jour...
En version originale, le film s'appelle Hell or high water, une mention portée sur certains contrats américains pour renforcer leur caractère obligatoire (et, en traduction, malgré l'enfer ou la montée des eaux).

Allons au terme de l'explication, voulez-vous ?
Aux États-Unis toujours, le Comancheria du titre retenu en France désigne une zone habitée par les peuples comanches jusqu'en 1860 environ. Citoyens du Texas et du Nouveau-Mexique, Indiens, Latinos et Blancs se la partagent aujourd'hui. Selon Wikipédia, c'est une terre pauvre et victime des trafics de drogue. L'Amérique profonde, oui... 

Sur ce, je vous laisse reprendre votre route...

En panne d'essence ? Faites le plein chez Pascale, Dasola et/ou 2flics !

6 commentaires:

  1. Bonjour Martin, retrospectivement, Comancheria sera un de mes films de l'année. Bonne après-midi.

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  2. Tout pareil en ce qui me concerne :-)

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  3. @Dasola:

    Il est loin d'être impossible qu'il figure aussi parmi mes préférences. À vérifier d'ici un gros mois.

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  4. @Ronnie:

    Pas surpris de ton enthousiasme, l'ami. Les avis sur le film sont plutôt positifs, dans l'ensemble.

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  5. Je pense qu'il sera dans le top ten final.
    Une surprise et une bonne !!!

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  6. Il est très possible qu'il soit également dans mes dix préférences de 2016.
    Mais je n'ai rien dit...

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