Mon index des réalisateurs devrait suffire à le prouver: David Lean est bel et bien l'un des réalisateurs-phares de ma cinéphilie ancienne. Aujourd'hui, on dirait qu'il est pour moi bankable: son seul nom suffit à m'attirer vers un film. Sa diffusion sur l'une de mes chaînes Internet m'a ainsi permis de voir (enfin !) La fille de Ryan, son avant-dernier.
Avis aux amateurs de fresques "très grand format": cette production MGM dure trois heures - et six minutes ! Avec la complicité d'amis américains, le cinéaste anglais nous conduit en Irlande, il y a de cela pile un siècle. Nous nous trouvons dans un petit village isolé au bord de la mer, à l'abri des ravages de la Première guerre mondiale. Incontournable pourtant, le conflit conserve une importance majeure dans le récit: presque considéré comme un occupant, le commandant de la garnison anglaise installée à proximité du hameau revient juste du front. Mais au départ, La fille de Ryan nous parle essentiellement du personnage éponyme, une jeune femme en âge de se marier. Bientôt, c'est précisément ce que Rose fera, en épousant un homme plus âgé qu'elle et qui exerce sur elle de la fascination: l'instituteur. Vous vous doutez bien que les choses n'en resteront pas là ! Je refuse toutefois d'en dire plus à celles et ceux qui n'auraient pas vu le film...
Les compétences artistiques de David Lean ne sont plus à prouver. Encore une fois, le maître nous offre un tableau tout à fait soigné pour magnifier son scénario, lui, tout à fait classique. Je parlerais volontiers de cinéma "vieille école", sans que ce soit péjoratif. Incontestablement, ces plans appellent le grand écran: ils sont superbes. L'univers est si familier qu'avec la musique, on retrouve l'habituel complice du maître photographe: le Français Maurice Jarre. C'est l'ensemble des techniciens de La fille de Ryan qu'il faudrait récompenser: sur la forme, le long-métrage me semble irréprochable. Quid des artistes ? Les acteurs sont bons: Sarah Miles s'en sort honorablement avec un rôle ambivalent, mais mon vrai coup de coeur ira à Robert Mitchum, tout de grandeur d'âme face aux destins contraires. Plutôt que de citer Christopher Jones, qui joue mollement - et avec un dialogue très limité ! - l'officier anglais, je préfère retenir Trevor Howard, le curé, et John Mills, le simplet. Ils ajoutent tous deux de l'émotion à ce long récit qui, parfois, en manque un peu.
La fille de Ryan
Film britannique de David Lean (1970)
Si vous m'avez lu jusqu'ici, bravo ! Vous méritez que je vous dise aussi que le film s'inspire de Madame Bovary, de Gustave Flaubert. Attention: il est diffèrent, tant dans le déroulé que par la conclusion. Je vous avoue ici que j'ai préféré d'autres David Lean: les films hollywoodiens que sont Le docteur Jivago et Lawrence d'Arabie. J'espère bien vous parler aussi un jour de ses oeuvres de jeunesse...
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Si vous voulez en savoir plus...
Vous lirez "L'oeil sur l'écran" et/ou "Mon cinéma, jour après jour".
Avis aux amateurs de fresques "très grand format": cette production MGM dure trois heures - et six minutes ! Avec la complicité d'amis américains, le cinéaste anglais nous conduit en Irlande, il y a de cela pile un siècle. Nous nous trouvons dans un petit village isolé au bord de la mer, à l'abri des ravages de la Première guerre mondiale. Incontournable pourtant, le conflit conserve une importance majeure dans le récit: presque considéré comme un occupant, le commandant de la garnison anglaise installée à proximité du hameau revient juste du front. Mais au départ, La fille de Ryan nous parle essentiellement du personnage éponyme, une jeune femme en âge de se marier. Bientôt, c'est précisément ce que Rose fera, en épousant un homme plus âgé qu'elle et qui exerce sur elle de la fascination: l'instituteur. Vous vous doutez bien que les choses n'en resteront pas là ! Je refuse toutefois d'en dire plus à celles et ceux qui n'auraient pas vu le film...
Les compétences artistiques de David Lean ne sont plus à prouver. Encore une fois, le maître nous offre un tableau tout à fait soigné pour magnifier son scénario, lui, tout à fait classique. Je parlerais volontiers de cinéma "vieille école", sans que ce soit péjoratif. Incontestablement, ces plans appellent le grand écran: ils sont superbes. L'univers est si familier qu'avec la musique, on retrouve l'habituel complice du maître photographe: le Français Maurice Jarre. C'est l'ensemble des techniciens de La fille de Ryan qu'il faudrait récompenser: sur la forme, le long-métrage me semble irréprochable. Quid des artistes ? Les acteurs sont bons: Sarah Miles s'en sort honorablement avec un rôle ambivalent, mais mon vrai coup de coeur ira à Robert Mitchum, tout de grandeur d'âme face aux destins contraires. Plutôt que de citer Christopher Jones, qui joue mollement - et avec un dialogue très limité ! - l'officier anglais, je préfère retenir Trevor Howard, le curé, et John Mills, le simplet. Ils ajoutent tous deux de l'émotion à ce long récit qui, parfois, en manque un peu.
La fille de Ryan
Film britannique de David Lean (1970)
Si vous m'avez lu jusqu'ici, bravo ! Vous méritez que je vous dise aussi que le film s'inspire de Madame Bovary, de Gustave Flaubert. Attention: il est diffèrent, tant dans le déroulé que par la conclusion. Je vous avoue ici que j'ai préféré d'autres David Lean: les films hollywoodiens que sont Le docteur Jivago et Lawrence d'Arabie. J'espère bien vous parler aussi un jour de ses oeuvres de jeunesse...
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Si vous voulez en savoir plus...
Vous lirez "L'oeil sur l'écran" et/ou "Mon cinéma, jour après jour".
Bonjour Martin, visuellement, un des plus beaux David Lean. La scène de la plage est très belle.
RépondreSupprimerA bientôt,
Strum
Je suis une inconditionnelle de David Lean (sur ses 16 films j'en ai vu 11) Il mettait énorrrrr-mément de temps à faire ses films mais alors quels résultats !!!
RépondreSupprimer@Strum:
RépondreSupprimerAbsolument d'accord. C'est même sans doute la scène la plus belle de tout le métrage. La fin - que je refuse mordicus de dévoiler - m'a paru très belle également, mais plutôt quant au comportement des personnages.
@Ideyvonne:
RépondreSupprimerJe l'aime beaucoup, moi aussi, mais je n'ai vu que quatre de ses films, comme tu peux le vérifier dans mon index des réalisateurs. Ayant toutefois fait l'acquisition d'un coffret des films de ses années anglaises, je finirai bien tôt ou tard par en découvrir d'autres. N'hésite pas à me citer tes préférés si tu repasses par là.
Le plus beau Lean des années anglaises (même si je n'ai pas tout vu), c'est Brève Rencontre pour moi. Ca pourrait bien être son plus beau film tout court d'ailleurs (même si c'est dans un genre très différent des grandes fresques qui ont fait sa réputation).
RépondreSupprimerStrum
Je confirme des années anglaises "Brève rencontre" est un très beau film et il réalisera plus tard "Vacances à Venise" où le "happy end" n'existera pas non plus...
RépondreSupprimerJ'y ajoute "Les grandes espérances" et "Oliver Twist" où les décors et la photographie sont parfaits (et je ne parlerai pas des acteurs car Lean a toujours su choisir ceux qui apportent une réelle dimension à leurs personnages)
Il y a bien évidemment ensuite ses grandes épopées : "Lawrence d'Arabie", "le pont de la rivière Kwai" et "Docteur Jivago" que je regarde depuis plusieurs années en V.O. ;)
Si tu as envie, j'ai fait la biographie de Lean (voir Tag "Special Red Carpet")
@Strum:
RépondreSupprimer"Brève rencontre", encore un film que j'ai sous le coude et qu'il faut que je visionne un jour ou l'autre ! C'est justement pour mieux connaître David Lean, en dehors de ses grosses productions hollywoodiennes, que je me suis lancé dans l'acquisition du coffret déjà évoqué.
@Ideyvonne:
RépondreSupprimerMerci pour ces recommandations multiples. Je ne doute pas que nous aurons l'occasion de reparler de ce réalisateur, même si j'ai également tendance à alterner les plaisirs (comme tu l'as déjà largement remarqué, je suppose !).
Je vais aussi tâcher de jeter un coup d'oeil à ta biographie. Merci également de ce bon tuyau !
Je ne suis pas toujours fan de David Lean mais ce film-là... waouh !
RépondreSupprimerWaouh... esthétiquement, c'est le mot juste. Côté scénario, "Lawrence d'Arabie" me fascine davantage.
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