dimanche 24 janvier 2016

Ma rétro 2015 - Films anciens

J'ai vu 198 films l'année dernière - ou plutôt 196, puisqu'il y en a deux que j'ai visionnés deux fois, pour les présenter lors d'une soirée organisée par mon association. Je ne vais me concentrer aujourd'hui que sur ceux que je pourrais appeler des classiques ou des films anciens. L'occasion de vous livrer mes dix préférences du millésime...

1. Paris, Texas / Wim Wenders / 1984
Peu de films parmi ceux qui sont venus du vieux continent européen me semblent avoir aussi bien compris et sublimé l'Amérique éternelle. Superbe histoire d'amour doublée d'une évocation de la relation intense et singulière d'un père avec son fils, celui-ci est une merveille dans chacune de ses dimensions. Je sais que je ne l'oublierai de sitôt.

2. Et vogue le navire... / Federico Fellini / 1983
Il fallait bien toute l'inventivité et le talent d'un incroyable maestro italien pour porter aussi haut l'idée et l'image de l'opéra au cinéma. D'autres films se contentent d'adapter une oeuvre du répertoire classique. Cet opus va beaucoup plus loin et pousse la flamme lyrique au bout de sa logique. Mise en abyme géniale et vrai tour de magie !

3. Gallipoli / Peter Weir / 1981
J'affirme que les grands films sont aussi des voyages. Cette fresque australienne tend en tout cas à nous le confirmer, en nous rappelant également que la guerre est toujours, de par sa nature même, injuste et moche. Quand le septième art se fait ainsi le gardien respectueux de la mémoire de nos (grands-)pères, je m'émerveille et lui dis merci.

4. Je ne regrette rien de ma jeunesse / Akira Kurosawa / 1946
Autre lieu, autre conflit: ce qui m'a le plus étonné ici, c'est la vitesse avec laquelle un maître nippon s'est emparé de l'histoire de son pays. Un grand coup de bambou sur mes idées toutes faites liées au Japon. Cela dit, le film n'est pas qu'une banale énumération de faits avérés. C'est aussi - et essentiellement ! - un remarquable portrait de femme.

5. La rumeur / William Wyler / 1961
Shirley MacLaine et Audrey Hepburn pourraient suffire pour expliquer le plaisir que j'ai pris à regarder ce film aujourd'hui un peu malaimé. Ce serait oublier un peu vite la grande intelligence de son scénario. Certes, les tabous d'hier ont parfois fait long feu, mais la calomnie conduit toujours à la calamité: c'est l'édifiante leçon du long-métrage.

6. Le baron de Crac / Karel Zeman / 1962
J'aime particulièrement le cinéma quand j'y retrouve des plaisirs enfantins. En poussant ma curiosité vers un nouveau pays, ce film étonnant a ouvert en grand les portes de mon plus bel imaginaire. Penser que cette réinterprétation du mythique baron de Münchhausen a été inventée de l'autre côté du Rideau de fer, c'est fou. Quel régal !

7. Le locataire / Roman Polanski / 1976
La personnalité très justement controversée du cinéaste a pu couper certains de mes proches de son incroyable talent. Ce premier film tourné en France brille comme une perle noire et offre une escalade mémorable vers des sommets de paranoïa. Trip malsain et fascinant ! Il me restera à lire ce roman de Roland Topor qu'il adapte avec éclat. 

8. Le troisième homme / Carol Reed / 1949
Orson Welles transforme-t-il en or tout ce qu'il touche ? Le maître américain ne fait que quelques brèves apparitions dans cet opus d'après-guerre, considéré parfois comme le meilleur film de l'histoire du cinéma britannique. Un énigmatique sourire lui suffit pourtant pour nous embarquer ailleurs. Quelle présence à l'écran, je vous jure !

9. Honkytonk man / Clint Eastwood / 1982
Le neuvième film de mon top est aussi... le neuvième de la carrière de réalisateur de mon idole absolue. Il y démontre son amour inconditionnel pour la musique country, une passion que je pardonne bien volontiers. Avec son fils Kyle à ses côtés, le cinéaste oublie quelque temps ses habitudes de soliste et signe un road movie réussi.

10. Barbarella / Roger Vadim / 1968
Jouons carte sur table: je comprendrais très bien que vous soyez étonnés de retrouver ce drôle de film à cette position. Si j'ai choisi pourtant de le placer si haut, c'est à vrai dire dans l'idée d'apporter davantage de fantaisie à ma liste - merci à Jane Fonda, au passage. Dont acte: j'ai aimé ce "machin" des sixties, à la fois kitsch et rigolo.

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Et maintenant, c'est à vous...

Les commentaires vous sont ouverts, aussi bien pour me donner votre avis sur ce top que pour me citer les pépites du cinéma d'hier que vous pourriez avoir dénichées l'an passé. Au plaisir de vous lire !

16 commentaires:

  1. J'ai adoré Paris, Texas, vraiment une claque que j'ai découvert cette année et qui fait déjà partie de mes films préférés. Sinon, j'aime également beaucoup Le Troisième Homme, un bijou avec un Orson Welles au top ainsi que l'émouvant La Rumeur avec un duo d'actrices au sommet.

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  2. Très belle idée que cette rétro-spective qui nous ramène à différentes époques et sur plusieurs continents. Ayant eu le bonheur d'en voir la plupart, je m'associe aux louanges formulées, qu'il s'agisse de ce magnifique Eastwood tuberculeux, d'un Polanski plus parano que jamais, d'un des plus beaux Wenders, ou de ce Peter Weir injustement oublié dans sa très belle filmo. Une rétro qui me donne bien envie de me pencher sur ce Wyler et ce Kurosawa que je n'ai pas vus, ainsi que ce film d'animation produit par les formidables artistes qui œuvraient au-delà du rideau de fer.

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  3. Bonsoir Martin, une belle liste, dans laquelle j'aime en particulier Et vogue le navire (hasard du calendrier, j'en ai parlé il n'y a pas longtemps sur mon blog), Paris Texas (qu'est-ce que Nastassja Kinski est belle...), et le Troisième homme (forcément : j'aime Welles et les adaptations). Je n'ai pas encore vu le Kurosawa , mais c'est en projet (c'est un de mes cinéastes fétiches).
    Strum

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  4. Petit ajout par rapport à ton commentaire sur Les Troisième Homme : Carol Reed est un excellent réalisateur, mais pour moi les "meilleurs" films britanniques sont ceux de Powell & Pressburger (qui comptent parmi mes réalisateurs préférés), les Hitchcock anglais et certaines pépites de la Nouvelle Vague britannique. Truffaut s'était bien trompé sur le cinéma anglais.
    Strum

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  5. @Tina:

    Nous voir d'accord sur trois de ces films me laisse espérer que tu auras l'occasion de voir les autres et, bien sûr, de nous livrer ensuite tes impressions.

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  6. @Princécranoir:

    Merci, l'ami ! Wyler et Kurosawa sont sans doute des valeurs sûres, mais je serais vraiment curieux d'avoir ton avis sur le Zeman. Pour moi, ça aura été une découverte marquante de cette année 2015. Il paraît qu'à Prague, un musée entier lui est dédié !

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  7. @Strum - 1er message:

    Fellini a longtemps tenu la première place de ce classement, avant de la céder (de justesse) à Wenders. Je suis heureux de te savoir à l'unisson sur certains films. Je vais guetter ton éventuelle chronique sur le Kurosawa - quel grand cinéaste !

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  8. @Strum:

    À vrai dire, moi non plus, je ne suis pas convaincu que "Le troisième homme" soit le meilleur film britannique de tous les temps. Objectivement, j'ai encore beaucoup de retard dans ma cinéphilie et il faudrait que j'explore quelques-unes des pistes que tu évoques pour revenir en parler ici avec un peu plus de conviction. Merci pour cette suggestion !

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  9. Je vais prêcher pour ma paroisse, mais si le cinéma anglais t'intéresse et que tu n'as jamais vu de films de Powell & Pressburger, j'ai écrit deux articles sur eux sur mon blog : un sur Colonel Blimp, qui est tout simplement un de mes films préférés, et un autre plus général sur leur cinéma (attention, c'est long). :)
    Strum

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  10. Si ta paroisse, c'est le cinéma, nous sommes de la même église: prêche autant que tu voudras, frère !

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  11. Effectivement, nous sommes dans la même !
    Strum

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  12. Alléluia ! Et vive le cinéma !

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  13. Ah c'est drôle, j'ai revu Gallipoli cette année (enfin, en 2015 comme le temps passe !). Je pensais que je le trouverais vieillot mais pas du tout. J'avais envie de revoir Mel (si beau) à ses débuts. C'est insensé ces jeunes gars du bout du monde qui s'engage dans ce conflit la fleur au fusil...
    Et courir vite ne change rien :-(((

    J'aurais aimé voir le Kurosawa lorsque j'étais à Lyon, mais 300 films en une semaine avec des cinémas aux quatre coins de la ville, c'est matériellement impossible. Pourquoi n'accorde t'on pas le don d'ubiquité aux cinéphiles bordel !

    Le Locataire... je n'ai jamais réussi à le voir jusqu'au bout tellement je crève de trouille. Mais Roman Polanski est un cinéaste MAJEUR, MAJUSCULE... Un de mes préférés.
    Et comme disait ma Mouche, il n'y a pas de fumée sans feu... mais tout de même, la demoiselle et sa maman ont accepté beaucoup d'argent et Roman a fait de la prison ! Enfin, sans doute ne le "défendrais-je" pas autant si je ne l'aimais tant.
    Il était d'ailleurs à Lyon. J'étais là lorsqu'il a présenté son tout premier film déjà très réussi (Un couteau dans l'eau je crois), on aurait dit un gamin. Il est charmant, modeste. Je l'aime !

    Clint hirsute dans son lit est tout mimi. Je ne savais pas que c'était ton chouchou ? T'as demandé l'autorisation ?

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  14. "Gallipoli" place définitivement Peter Weir sur la liste de mes réalisateurs préférés. Beaucoup d'autres peuvent toujours... courir avant de rivaliser. Et ça ne change rien, effectivement !

    J'espère que tu pourras rattraper le Kurosawa, d'une manière ou d'une autre. Je vote en faveur de ton idée du don d'ubiquité accordé aux cinéphiles. Cela dit, choisir, je trouve que ça a du bon. Peut-être même que ça rend les perles encore plus belles.

    "Le locataire" m'a fait un sacré effet aussi. Roman Polanski est l'un de très grands réalisateurs de notre temps. J'évite toute polémique sur l'homme et n'ai rien de spécial à ajouter sur lui. J'ai juste un souvenir un peu gêné de la standing ovation offerte par les César alors qu'il était embourbé dans les affaires. C'est tout.

    Tu es sympa de partager un peu TON Clint, puisque je partage le MIEN ! Si tu veux mieux juger de mon degré d'addiction eastwoodienne, je te conseille vivement de le retrouver (entre autres) dans mon index des réalisateurs.

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  15. Il y a erreur ! Je n'ai RIEN PARTAGé !

    Sans doute aux César standoviationnaient-ils le réalisateur ! et pas l'homme. Mais franchement, moi non plus, je sais pas quoi dire !

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  16. Il faut croire que c'est Clint qui se partage lui-même ! Pour ce qui est de Polanski, je n'ai qu'un souvenir vague de ce que j'avais entendu alors, mais il y avait un discours sur la liberté fondamentale des artistes un peu déplacé, de mémoire. Bref...

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