Sur le papier, une rencontre entre Marlon Brando et Jack Nicholson avait tout pour me faire saliver. C'est ce qui m'a décidé à découvrir ce western tardif qu'est Missouri Breaks. D'aucuns jugent qu'il était très compliqué de faire collaborer deux stars de cette envergure. Pourtant, comme une recherche sur Google Images vous le prouvera aisément, les compères se sont bien entendus... et le film est réussi.
Derrière la caméra, Arthur Penn y est bien sûr pour quelque chose. Pourvu d'un bon scénario, le cinéaste dresse un double portrait habile. D'un côté, il y a Logan/Nicholson, le chef barbu d'une bande de voleurs de chevaux, qui, après qu'un de ses jeunes complices a été pendu, s'inquiète soudain des risques encourus et serait presque tenté d'arrêter les frais avant que tout le groupe se retrouve corde au cou. De l'autre, Clayton/Brando, chasseur de primes aussi indépendant qu'excentrique, supposé à la solde d'un richissime propriétaire terrien soucieux de "réguler" les activités des desperados des environs. J'ignore si ce décalage vous plaira: dans ce récit, l'homme de valeur n'est pas nécessairement celui qui reste du côté de la loi. L'opposition du bandit au grand coeur avec le pseudo-justicier aussi intransigeant que sanguinaire ne représente pas une idée nouvelle, certes. Je dis juste qu'elle trouve ici une très belle expression. Missouri Breaks m'est apparu comme un bon représentant des westerns de son temps. Celui où le rêve américain d'une société juste (et libertaire) s'effrite.
La prestation des deux têtes d'affiche mérite bien sûr le détour. Maintenant, en toute objectivité, l'ensemble de la distribution joue parfaitement sa partition et les seconds rôles ont une part importante dans la réussite formelle du long-métrage - je vais notamment citer en exemples John McLiam, Harry Dean Stanton et, dans ce qui est aussi sa toute première apparition au cinéma, la jolie Kathleen Lloyd. Une précision sur ce point: si Missouri Breaks dénote dans le paysage ultra-normé du western américain, c'est aussi pour son personnage féminin, unique, certes, mais décisif. Fille d'éleveur, Jane Braxton pourrait n'être qu'une oie blanche à la merci des bad boys: elle est exactement le contraire, une femme déterminée à choisir seule l'orientation de sa vie, quitte pour cela à... tuer le père. Il me faut vous laisser découvrir seuls la suite de cette histoire: je m'en tiens là pour mes explications sur les ressorts narratifs du long-métrage. Chacun jugera si la morale est sauve et si la rédemption est possible pour les brigands. La fin, ouverte, nous invite de facto à y réfléchir.
Missouri Breaks
Film américain d'Arthur Penn (1976)
C'est entendu: Marlon Brando et Jack Nicholson sont excellents ! J'ajoute toutefois que ce western atypique est aussi le reflet évident du grand talent de son réalisateur. Il ne tutoie certes pas exactement les mêmes sommets qu'un Little big man, mais on est quelque part entre la flamboyance de La porte du paradis et le côté le plus sombre d'un Josey Wales. Et pas si loin de La vengeance aux deux visages.
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Un dernier détour vers l'Ouest ?
Je vous propose de le faire chez mes amis de "L'oeil sur l'écran".
Derrière la caméra, Arthur Penn y est bien sûr pour quelque chose. Pourvu d'un bon scénario, le cinéaste dresse un double portrait habile. D'un côté, il y a Logan/Nicholson, le chef barbu d'une bande de voleurs de chevaux, qui, après qu'un de ses jeunes complices a été pendu, s'inquiète soudain des risques encourus et serait presque tenté d'arrêter les frais avant que tout le groupe se retrouve corde au cou. De l'autre, Clayton/Brando, chasseur de primes aussi indépendant qu'excentrique, supposé à la solde d'un richissime propriétaire terrien soucieux de "réguler" les activités des desperados des environs. J'ignore si ce décalage vous plaira: dans ce récit, l'homme de valeur n'est pas nécessairement celui qui reste du côté de la loi. L'opposition du bandit au grand coeur avec le pseudo-justicier aussi intransigeant que sanguinaire ne représente pas une idée nouvelle, certes. Je dis juste qu'elle trouve ici une très belle expression. Missouri Breaks m'est apparu comme un bon représentant des westerns de son temps. Celui où le rêve américain d'une société juste (et libertaire) s'effrite.
La prestation des deux têtes d'affiche mérite bien sûr le détour. Maintenant, en toute objectivité, l'ensemble de la distribution joue parfaitement sa partition et les seconds rôles ont une part importante dans la réussite formelle du long-métrage - je vais notamment citer en exemples John McLiam, Harry Dean Stanton et, dans ce qui est aussi sa toute première apparition au cinéma, la jolie Kathleen Lloyd. Une précision sur ce point: si Missouri Breaks dénote dans le paysage ultra-normé du western américain, c'est aussi pour son personnage féminin, unique, certes, mais décisif. Fille d'éleveur, Jane Braxton pourrait n'être qu'une oie blanche à la merci des bad boys: elle est exactement le contraire, une femme déterminée à choisir seule l'orientation de sa vie, quitte pour cela à... tuer le père. Il me faut vous laisser découvrir seuls la suite de cette histoire: je m'en tiens là pour mes explications sur les ressorts narratifs du long-métrage. Chacun jugera si la morale est sauve et si la rédemption est possible pour les brigands. La fin, ouverte, nous invite de facto à y réfléchir.
Missouri Breaks
Film américain d'Arthur Penn (1976)
C'est entendu: Marlon Brando et Jack Nicholson sont excellents ! J'ajoute toutefois que ce western atypique est aussi le reflet évident du grand talent de son réalisateur. Il ne tutoie certes pas exactement les mêmes sommets qu'un Little big man, mais on est quelque part entre la flamboyance de La porte du paradis et le côté le plus sombre d'un Josey Wales. Et pas si loin de La vengeance aux deux visages.
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Un dernier détour vers l'Ouest ?
Je vous propose de le faire chez mes amis de "L'oeil sur l'écran".
Atypique & sous estimé ....
RépondreSupprimerMême si Brando en fait des tonnes.
Tu l'as dit, Ronnie. Le personnage étant quelque peu excentrique, le gentil cabotinage de ce cher Marlon ne m'a pas dérangé cette fois-ci.
RépondreSupprimerVu il y a fort longtemps, il m'a laissé plutôt une bonne impression, effectivement marqué par la prestation excentrique de Marlon. Par contre j'avais tout oublié de l'histoire.
RépondreSupprimerJ'espère que cette chronique t'aura donné envie de le revoir. Plutôt habitué aux folles excentricités de Jack Nicholson, je l'ai trouvé ici touchant de sobriété. C'est bien, parce que ça fait un parfait contrepoint, je trouve.
RépondreSupprimerBrando y est "énorme" dans tous les sens du terme !!
RépondreSupprimerCôté artistique, assez, oui. Dans l'autre sens, c'est encore pire dans "Apocalypse now", je pense...
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