mardi 15 septembre 2015

Drôle de deal

Il avale des pilules d'anxiolytique bleues et s'imagine que les vertes ont tendance à le déprimer un peu. Pour se calmer, il écoute les airs les plus lugubres de la musique classique. Le soir, il lit de gros livres sur la fin du monde, à la frontale plutôt qu'à la lampe de chevet. Bref... Paul-André est un drôle de zozo, mais aussi et surtout un rôle taillé sur-mesure pour Benoît Poelvoorde - celui d'Une famille à louer.

Le point de départ de cette gentille petite comédie est aussi farfelu que réjouissant. Le titre le révèle: Paul-André est si seul et si riche qu'il se décide un beau jour à prendre une famille en location. Concrètement, cela passe par un contrat signé avec Violette, maman célibataire, voleuse par nécessité et menacée de la perte de la garde de ses deux enfants. Une chose est sûre, les ami(e)s: à peine le film commencé, on devine assez aisément comment tout cela va finir. Faut-il bouder son plaisir pour autant ? Non: que le spectacle proposé soit convenu, c'est certain, mais cela reste plutôt sympathique. Benoît Poelvoorde n'a plus rien à prouver quand il s'agit d'endosser l'habit noir du grand tourmenté: dans ce registre ô combien familier pour lui, il est une fois de plus impeccable. Face à lui, Virginie Efira tire habilement les marrons du feu: (presque) inédit, le duo belge affiche une belle connivence et une complémentarité très spontanée !

Ce sont bien les personnages qui font le sel d'Une famille à louer. Mignon comme tout, le scénario fait la part belle aux jeunes acteurs qui jouent Lucie et Auguste, les enfants de Violette: Pauline Serieys et Calixte Broisin-Doutaz - tous deux déjà vus ailleurs. J'ai aimé aussi la partition de tous les seconds rôles, de François Morel à Edith Scob en passant par Philippe Rebbot. Entendons-nous bien: ce n'est pas avec ce genre de productions que l'on va révolutionner le cinéma français. Côté mise en scène, tout de même, je veux souligner l'intelligence du cadre, noir et blanc chez Paul-André, plein de couleurs vives du côté de Violette. Le réalisateur lui-même considère son film comme (je cite) "une fable romantique". Je ne saurais mieux dire. Tout en douceur, nous sommes invités à quitter notre quotidien ordinaire pour visiter un ailleurs plus tendre. Rien d'indispensable bien sûr mais, de temps à autre, ça fait du bien de se laisser aller...

Une famille à louer
Film français de Jean-Pierre Améris (2015)

Du même cinéaste, j'avais bien aimé aussi Les émotifs anonymes. Précision: ce n'est que la seconde fois que Jean-Pierre Améris aborde le registre de la comédie, avec peut-être un poil moins de justesse. Même s'il n'est pas parfait, le résultat rend le bonhomme attachant. J'espère donc que ça pourra vous inciter à découvrir d'autres facettes de son travail (un exemple: L'homme qui rit). En attendant la suite...

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D'autres chroniques sur le film ?

Oui: vous en trouverez une chez Pascale et une autre chez Dasola.

6 commentaires:

  1. Bonjour Martin, j'ai trouvé ce film plaisant à voir. Il m'a touchée. Bonne journée.

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  2. Ah voilà une bonne nouvelle ! Une comédie française réussie ! Super, hâte de la voir.

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  3. @Dasola:

    C'est parfait, alors. Je ne dirais pas que j'ai été "touché", pour ma part, mais le film m'a vraiment bien plu. Je l'ai trouvé tendre. Merci de ton passage ici !

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  4. @Chonchon:

    Comme je viens de le dire à Dasola, j'ai trouvé le film plus tendre que drôle. Tu ne ris pas aux éclats. M'enfin, franchement, en comparaison des crétineries vulgaires habituelles, c'est quand même bien meilleur.

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  5. Si Benoit n'est pas vraiment surprenant dans ce role, une mention spéciale à miss Virginie qui affirme son jeu au fil des scenarios. je trouve que le coté "dramatique"de son travail prend une intensité, une sensibilité et une maitrise (voir la scéne du picnic)qui devrait lui permettre d'embrasser des personnages trés éloignés des gentilles comédies romantiques ou pas qui lui sont géneralement devolues...
    à suivre donc

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  6. Je suis parfaitement d'accord avec tout ça ! Il y a quelques années, j'étais très sceptique sur les talents d'actrice de Virginie Efira, sans doute parce que je lui collais une étiquette d'animatrice télé lambda. J'ai changé d'avis: comme vous le dites si bien, j'ai constaté que son jeu s'affinait au fil des rôles et je la crois désormais capable de bien faire dans d'autres registres. J'espère donc qu'on lui donnera l'occasion de le montrer.

    Ils sont forts, ces Belges, de toute façon !

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