Marty, garçon-boucher de 34 ans, passe pour un célibataire impénitent. Lui aimerait sans doute se marier, mais a tellement été rejeté qu'il n'a plus guère confiance en ses capacités à séduire. Désormais résigné à vivre seul chez sa vieille maman, il sort seulement avec quelques camarades, en ami ou simple faire-valoir. Marty, c'est aussi le titre du film qui raconte cette histoire simple...
Marty - le film - tient un rang particulier dans l'histoire du cinéma mondial: c'est le tout premier long-métrage honoré d'une Palme d'or. Vous tiquez ? Je maintiens: même si le Festival de Cannes existait depuis 1939, sa récompense suprême s'appelait d'abord le Grand Prix du Festival international du film. Autre caractéristique du film présenté aujourd'hui: il a également obtenu l'Oscar, ce qui lui confère un doublé rare pour une production hollywoodienne. Qu'en dire désormais, soixante ans plus tard ? Que l'émotion passe encore. Objectivement daté, ce récit conserve une indiscutable efficacité dramatique. Les acteurs y sont pour beaucoup: Ernest Borgnine compose très habilement un personnage double, tour à tour sensible et fort. Betsy Blair, la Clara dont il s'éprend, est très bien aussi. J'ajoute une jolie galerie autour de ces deux-là, dont la mère protectrice, quasi-jalouse, jouée avec justesse par Esther Minciotti. C'est ce que le cinéma américain "classique" peut proposer de mieux.
D'aucuns objecteront que tout ça n'est pas réaliste: les premiers rôles sont censés avoir 29 et 34 ans, quand leurs acteurs-interprètes atteignent plutôt les 32 et 38 printemps. Il ne me semble pas franchement que le film en souffre: la différence d'âge est maintenue et constitue l'une des problématiques du scénario. Plus significatif sans doute, le fait que l'on parle ici de deux jeunes adultes affirmés et déjà cabossés par la vie: Marty est un hymne aux sans-grades. Que le héros soit un Italo-américain me paraît tout à fait important par ailleurs: à partir de cet exemple, c'est aussi une Amérique d'après-guerre, celles des petites gens, qui nous est présentée. Quelques très belles scènes émaillent le métrage, non dépourvu d'humour par ailleurs. Évidemment, le poids de la norme sociale paraît s'être largement déplacé aujourd'hui, mais ça n'a pas beaucoup d'importance: le film continue à nous parler de ce sentiment universel et intemporel qu'on appelle amour. Et il le fait même avec optimisme.
Marty
Film américain de Delbert Mann (1955)
Il ne faudrait pas vous tromper: ce qui peut freiner les personnages dans leur quête d'épanouissement, c'est ici plutôt leur réserve naturelle qu'un quelconque interdit collectif. J'ai apprécié de voir ainsi deux êtres se rapprocher, après une première rencontre qui doit tout (ou presque) au hasard. D'une certaine façon, ça m'a rappelé parfois ma comédie romantique préférée: The fisher king. Que du bonheur !
Marty - le film - tient un rang particulier dans l'histoire du cinéma mondial: c'est le tout premier long-métrage honoré d'une Palme d'or. Vous tiquez ? Je maintiens: même si le Festival de Cannes existait depuis 1939, sa récompense suprême s'appelait d'abord le Grand Prix du Festival international du film. Autre caractéristique du film présenté aujourd'hui: il a également obtenu l'Oscar, ce qui lui confère un doublé rare pour une production hollywoodienne. Qu'en dire désormais, soixante ans plus tard ? Que l'émotion passe encore. Objectivement daté, ce récit conserve une indiscutable efficacité dramatique. Les acteurs y sont pour beaucoup: Ernest Borgnine compose très habilement un personnage double, tour à tour sensible et fort. Betsy Blair, la Clara dont il s'éprend, est très bien aussi. J'ajoute une jolie galerie autour de ces deux-là, dont la mère protectrice, quasi-jalouse, jouée avec justesse par Esther Minciotti. C'est ce que le cinéma américain "classique" peut proposer de mieux.
D'aucuns objecteront que tout ça n'est pas réaliste: les premiers rôles sont censés avoir 29 et 34 ans, quand leurs acteurs-interprètes atteignent plutôt les 32 et 38 printemps. Il ne me semble pas franchement que le film en souffre: la différence d'âge est maintenue et constitue l'une des problématiques du scénario. Plus significatif sans doute, le fait que l'on parle ici de deux jeunes adultes affirmés et déjà cabossés par la vie: Marty est un hymne aux sans-grades. Que le héros soit un Italo-américain me paraît tout à fait important par ailleurs: à partir de cet exemple, c'est aussi une Amérique d'après-guerre, celles des petites gens, qui nous est présentée. Quelques très belles scènes émaillent le métrage, non dépourvu d'humour par ailleurs. Évidemment, le poids de la norme sociale paraît s'être largement déplacé aujourd'hui, mais ça n'a pas beaucoup d'importance: le film continue à nous parler de ce sentiment universel et intemporel qu'on appelle amour. Et il le fait même avec optimisme.
Marty
Film américain de Delbert Mann (1955)
Il ne faudrait pas vous tromper: ce qui peut freiner les personnages dans leur quête d'épanouissement, c'est ici plutôt leur réserve naturelle qu'un quelconque interdit collectif. J'ai apprécié de voir ainsi deux êtres se rapprocher, après une première rencontre qui doit tout (ou presque) au hasard. D'une certaine façon, ça m'a rappelé parfois ma comédie romantique préférée: The fisher king. Que du bonheur !
Jamais vu Marty, le grand moment dans la carrière du regretté Ernest Borgnine que j'apprécie tant. Sans doute le meilleur de Delbert Mann par la même occasion, réalisateur d'un très oubliable "pyjama pour deux" avec Doris Day.
RépondreSupprimerCe cher Ernest avait trouvé pour ne fois un role trés éloigné de celui de brute épaisse dans lequel il fut trés souvent cantonné. Le "fatso" de" tant qu'il y aura des hommes" reste dans toutes les mémoires. Second couteau de western mémorables ou il croisait parfois Charles Bronson, au début de sa carriére, il enchaina des personnages inoubliables pendant plus de 50 ans. A voir "l'empereur du nord" pour son affrontement avec une autre trogne du 7eme art, Lee Marvin...
RépondreSupprimer@Princécranoir:
RépondreSupprimerErnest Borgnine avait une tête impossible à oublier. Je dois admettre que je le connais encore très mal dans la réalité de ses rôles, mais tout ce que j'ai vu de lui jusqu'à présent me semble pleinement devoir justifier ton affection pour le personnage. Il me reste donc à espérer que tu découvres enfin "Marty"... et que tu puisses revenir nous dire ce que tu en auras pensé.
@CC Rider:
RépondreSupprimerJe note la référence "L'empereur du nord" et vous remercie du même coup ! Tout à fait d'accord pour le côté très mémorabe du Fatso de "Tant qu'il y aura des hommes". Et il va sans dire, puisque je parle à un connaisseur, que "Marty" est vraiment à l'antipode, alors qu'à peine deux petites années séparent les deux longs-métrages.