jeudi 26 février 2015

Le même visage

Le 70ème anniversaire de la libération d'Auschwitz a remis la Shoah au coeur de l'actualité. Si ce terrible sujet a bien sûr déjà été évoqué au cinéma, je ne me souviens pas d'un film qui ait traité du retour des rares rescapés des camps de la mort - et a fortiori des rescapés allemands. C'est le vide que vient courageusement combler Phoenix. Un long-métrage qui traite avec une belle dignité son sujet difficile.

Nelly est toujours vivante quand la fin de la guerre arrive. Laissée pour morte par ses bourreaux, la jeune femme cache ses blessures physiques sous les épais bandages qui entourent son visage. Déterminée à retrouver sa vie d'avant, elle demande au chirurgien venu l'opérer de lui redonner exactement l'apparence qui fut la sienne avant son martyre. Une fois revenue à la vie, elle refuse de suivre son amie Lene en Israël: elle voudrait retrouver Johnny, son pianiste de mari. Je vous laisse à présent découvrir seuls quel autre drame surviendra lors de ses funestes retrouvailles. L'enjeu du scénario repose précisément sur le fait que tout a changé de manière probablement irrémédiable. Phoenix bâtit lentement une intrigue éprouvante, où le temps perdu ne se rattrape guère. Il me paraît difficile de rester indifférent au sort de cette femme amoureuse. Certains coups au coeur font plus de mal que d'autres portés au corps.

Comme Nelly, face au film, on se sent assez vite pris en étau. Formellement, l'absence de tout éclat de voix et la froideur absolue des décors rendent les émotions assez difficiles à endurer parfois. D'après moi, le très grand mérite de cette oeuvre cinématographique est d'aborder frontalement quelques graves questions. Peut-on parvenir à se reconstruire quand on a connu le pire ? Doit-on nécessairement pour cela pardonner à ceux qui nous ont fait souffrir ? Est-il seulement possible de faire comprendre à autrui toute l'horreur de ce que l'on a vécu ? Avec comme arrière-plan l'Allemagne dévastée de l'immédiate après-guerre, on perçoit d'autant mieux l'aspect universel de ces interrogations. Malgré cela, je dois bien admettre que Phoenix - quel titre parfait ! - ne m'a pas pleinement convaincu. L'effacement des personnages secondaires réduit la portée du drame intime qui se joue sous nos yeux. Il n'aura pas manqué grand-chose...

Phoenix
Film allemand de Christian Petzold (2014)

En dépit de mon petit bémol final, qui me fait retirer une demi-étoile à la note d'abord envisagée, je veux défendre l'idée d'un long-métrage intelligent et percutant. J'ai un faible pour le cinéma historique allemand (cf. Good bye Lenin, La vie des autres ou Le tambour). J'aimerais revoir Allemagne année zéro - dont j'avais pensé utiliser le titre pour ma chronique. D'ici là, j'écoute vos bonnes suggestions...

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Pour être complet, un aparté littéraire s'impose...

Le long-métrage que je vous ai présenté aujourd'hui est l'adaptation au cinéma d'un roman de Hubert Monteilhet, Le retour des cendres. Sorti en 1961, cet ouvrage - que j'ai désormais envie de lire - s'inscrit dans un cadre français. Sa fin semble très différente de celle du film.

Vous vouliez aussi un autre avis cinéphile ?
Pascale ("Sur la route du cinéma") se montre plus sévère que moi. Dasola, en revanche, est enthousiaste et en révèle davantage.

4 commentaires:

  1. Bonjour Martin, merci pour le lien. Je confirme, j'ai aimé ce film et une de mes collègues aussi. Très beau personnage féminin que Nelly. Bonne journée.

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  2. Bonsoir Dasola. C'est vrai que c'est un beau personnage. Il m'aura simplement manqué un petit je-ne-sais-quoi pour être plus enthousiaste. Cela dit, je comprends très bien que tu aies apprécié le film.

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  3. Je te trouve très indulgent.
    ça n'a ni queue ni tête !
    Et cette actrice !!!!!!

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  4. Germanophile convaincu, on dira que j'ai été sensible à l'idée de départ. Il est vrai que le film n'est pas tout à fait à la hauteur des attentes qu'il avait suscitées en moi. En revanche, je ne trouve pas Nina Hoss aussi mauvaise que ça.

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