dimanche 4 mai 2014

Amours nocturnes

J'ai changé mes plans au tout dernier moment. Je pensais vous parler aujourd'hui d'un film allemand, mais j'ai attendu avant de le regarder. C'est que j'ai préféré saisir l'occasion de voir Only lovers left alive dans une salle de cinéma et non pas sur le canapé de mon salon. Sorti en février, candidat - battu - à la Palme d'or du Festival de Cannes l'année dernière, ce long-métrage est l'un des plus beaux que j'ai vus en 2014. Au-delà du parti pris esthétique, c'est, je trouve, une oeuvre atypique, comme le sont souvent (toujours ?) celles de Jim Jarmusch.

L'histoire ? C'est celle d'Adam et Eve. Lui joue de la musique, reclus dans un maison abandonnée de Detroit. Elle ne semble pas travailler et vit à Tanger. Adam et Eve forment un couple "moderne", atypique lui aussi, et qui paraît formé de toute éternité. Ils se réunissent quand Eve, que l'humeur d'Adam préoccupe, le rejoint en Amérique  après un long et éreintant voyage nocturne. Par petites touches évocatrices, le film nous aura déjà montré que ses deux personnages principaux ne sont finalement que... des vampires, l'un et l'autre consternés par la cohabitation avec les humains. Face à cette idée scénaristique, deux attitudes possibles: soit vous adhérez et goûtez au charme vénéneux de ce conte obscur, soit sa lenteur vous rebute et vous pouvez passer à côté de ses qualités. Only lovers left alive laisse difficilement indifférent. Je me suis laissé séduire, mais ajoute qu'au cours de la projection, deux personnes ont quitté la salle...

À vrai dire, hormis la très brève irruption de la soeur d'Eve au milieu du métrage, le scénario se déroule presque sans péripétie. Si le mot contemplatif a encore un sens, il serait peut-être bien de l'utiliser pour décrire cet objet de cinéma à nul autre pareil. Jim Jarmusch offre deux rôles d'une rare élégance à un duo complice, Tilda Swinton et Tom Hiddleston, on ne peut plus convaincants de langueur glacée. Le trublion s'appelle Mia Wasikowska et ce fut pour moi un vrai plaisir de retrouver cette jeune comédienne, que je juge plutôt inspirée dans ses choix de carrière jusqu'à présent - elle n'a que 24 ans. Comme d'autres opus du même réalisateur, Only lovers left alive s'apparente aussi à une expérience auditive, sa musique étant choisie avec soin et particulièrement bien interprétée. C'est ne rien dire encore de la photo: le travail du Français Yorick Le Saux a su capter mon attention dès les premières images. Superbe travail d'ensemble.

Only lovers left alive
Film américain de Jim Jarmusch (2014)

Parce qu'elle se déroule exclusivement de nuit, cette oeuvre développe une ambiance incroyable et, sans révolutionner le cinéma d'auteur, apporte un regard nouveau sur un genre éculé. Je crois possible d'aimer le résultat sans être fou des histoires de vampires. Oubliez donc la saga Twilight: je préfère de loin vous recommander Nosferatu, fantôme de la nuit ou, proposition plus récente, Morse.

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Et du côté de mes voisins de blog, qui montre les crocs ?
Plusieurs de mes habituels sites-références parlent du film décrypté aujourd'hui: "Sur la route du cinéma" en bien, "Le blog de Dasola" aussi. À lire également: "La cinémathèque de Phil Siné" et "Ma bulle".

2 commentaires:

  1. Bonjour Martin, Only lovers left alive est un film vraiment superbe pour l'ambiance, la musique, l'histoire, les décors de fin du monde et les acteurs superbement filmés. J'avoue avoir préféré ce film à La vie d'Adèle. Bonne journée.

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  2. Ah que j'ai hâte de le voir celui-là ! Jarmusch + Tilda + Jared + les vampires ! Waouh...

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