Que Gustave Flaubert me pardonne: si j'emprunte pour ma chronique le titre de sa nouvelle, c'est bien évidemment sans la prétention d'écrire aussi bien que lui. Je trouve simplement que la désignation "colle" au personnage d'Ariane Ascaride dans Marius et Jeannette. Jeannette, fille de Marseille, est caissière dans un supermarché. Après une énième prise de bec avec son patron, elle est licenciée. Quelques jours plus tôt, elle avait été surprise dans une cimenterie désaffectée à voler de la peinture. Situation plus qu'inconfortable.
En dépit du contexte de crise économique, c'est le soleil qui domine l'imagerie de Marius et Jeannette. La personne qui a interrompu Jeannette alors qu'elle avait la main au collet est un brave type. Marius aurait d'ailleurs lui aussi quelque chose à se reprocher: il a simulé un handicap pour obtenir son poste de vigile. L'histoire commune commence quand, pris de remords, il débarque inopinément chez la voleuse pour lui offrir... deux pots de peinture et son aide pour les travaux. Une romance s'ensuit entre ces deux-là, écorchés par la vie. Je vous passe les détails. Robert Guédiguian lui-même présente son film comme un conte de l'Estaque, le quartier marseillais où il a été tourné. Et si quelques esprits chagrins pourront reprocher au réalisateur une certaine naïveté, sa véritable empathie sociale fait presque partie du décor. On reste libre d'être insensible à cette quête d'un bonheur non-marchand, mais elle conserve une vraie pertinence.
Le scénario se développe autour d'une série de courtes discussions entre les personnages. On y parle politique, football et difficulté d'élever des enfants dans de bonnes conditions. Le propos tourne autour de trois couples et d'une poignée de mômes. Les discours enflammés, le prosélytisme militant, Robert Guédiguian les laisse volontiers à d'autres. Même s'il parsème son film d'indices - visuels - de sa conscience d'homme de gauche, il s'en amuse aussi, au cours notamment d'un aparté jubilatoire sur l'existence supposée de Dieu. Marius et Jeannette est un film généreux, voilà, avec une troupe d'acteurs investie et crédible. Outre la lumineuse Ariane Ascaride césarisée à l'occasion, Gérard Meylan et Jean-Pierre Darroussin tiennent lieu d'habitués. Également au générique, Pascale Roberts, Frédérique Bonnal et Jaques Boudet composent une belle distribution. 2,6 millions de spectateurs l'applaudirent dans les salles françaises.
Marius et Jeannette
Film français de Robert Guédiguian (1997)
J'avais vu le film au cinéma, je l'ai revu avec plaisir sur la Chaîne parlementaire ! Ne vous en détournez pas pour de simples motifs politiques: cette histoire est vraiment filmée au plus près des gens. Robert Guédiguian pose sur la situation de ses personnages un regard moins désabusé que dans Les neiges du Kilimandjaro - ce qu'on peut expliquer par l'époque des tournages, peut-être. À vous d'en juger. L'histoire s'achève sur une dédicace aux ouvriers de l'Estaque. Il y a là une approche collective qu'on ne retrouve pas chez d'autres cinéastes.
En dépit du contexte de crise économique, c'est le soleil qui domine l'imagerie de Marius et Jeannette. La personne qui a interrompu Jeannette alors qu'elle avait la main au collet est un brave type. Marius aurait d'ailleurs lui aussi quelque chose à se reprocher: il a simulé un handicap pour obtenir son poste de vigile. L'histoire commune commence quand, pris de remords, il débarque inopinément chez la voleuse pour lui offrir... deux pots de peinture et son aide pour les travaux. Une romance s'ensuit entre ces deux-là, écorchés par la vie. Je vous passe les détails. Robert Guédiguian lui-même présente son film comme un conte de l'Estaque, le quartier marseillais où il a été tourné. Et si quelques esprits chagrins pourront reprocher au réalisateur une certaine naïveté, sa véritable empathie sociale fait presque partie du décor. On reste libre d'être insensible à cette quête d'un bonheur non-marchand, mais elle conserve une vraie pertinence.
Le scénario se développe autour d'une série de courtes discussions entre les personnages. On y parle politique, football et difficulté d'élever des enfants dans de bonnes conditions. Le propos tourne autour de trois couples et d'une poignée de mômes. Les discours enflammés, le prosélytisme militant, Robert Guédiguian les laisse volontiers à d'autres. Même s'il parsème son film d'indices - visuels - de sa conscience d'homme de gauche, il s'en amuse aussi, au cours notamment d'un aparté jubilatoire sur l'existence supposée de Dieu. Marius et Jeannette est un film généreux, voilà, avec une troupe d'acteurs investie et crédible. Outre la lumineuse Ariane Ascaride césarisée à l'occasion, Gérard Meylan et Jean-Pierre Darroussin tiennent lieu d'habitués. Également au générique, Pascale Roberts, Frédérique Bonnal et Jaques Boudet composent une belle distribution. 2,6 millions de spectateurs l'applaudirent dans les salles françaises.
Marius et Jeannette
Film français de Robert Guédiguian (1997)
J'avais vu le film au cinéma, je l'ai revu avec plaisir sur la Chaîne parlementaire ! Ne vous en détournez pas pour de simples motifs politiques: cette histoire est vraiment filmée au plus près des gens. Robert Guédiguian pose sur la situation de ses personnages un regard moins désabusé que dans Les neiges du Kilimandjaro - ce qu'on peut expliquer par l'époque des tournages, peut-être. À vous d'en juger. L'histoire s'achève sur une dédicace aux ouvriers de l'Estaque. Il y a là une approche collective qu'on ne retrouve pas chez d'autres cinéastes.
Il faut que je le revoie celui-là. J'avais adoré, mais c'était il y a longtemps.
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