vendredi 22 novembre 2013

La juge et l'enfant

J'en suis sûr pour l'avoir vérifié: Albert Dupontel fait désormais partie de mon petit monde de cinéma. Si certains de mes amis se targuent légitimement de l'avoir découvert avant moi, j'ai rattrapé mon retard petit à petit et son style me paraît désormais tout à fait familier. Tant mieux ! Moins trash que jadis, l'insaisissable trublion me semble aussi se bonifier en vieillissant. Et si je l'apprécie en acteur, je crois que je l'aime encore davantage en réalisateur. Ce qui me conduit logiquement à vous parler de son tout dernier film: 9 mois ferme.

Dans 9 mois ferme, Sandrine Kiberlain - très drôle à contre-emploi - pense avoir fait une grosse bêtise: juge d'instruction psychorigide recluse dans son cabinet, elle a pris une sacrée cuite pour tenter d'oublier ses semblables lors d'un dîner-réveillon au tribunal. Six mois sont passés quand, prise de nausées, notre amie magistrate réalise avec effroi qu'elle est enceinte. Pire: usant de moyens d'enquête illégaux mais accessibles quand même de par son statut, elle trifouille vidéos de télésurveillance et analyses ADN pour découvrir que le père n'est autre qu'un détenu accusé d'un homicide des plus sordides. L'heure est venue d'entendre le sieur Dupontel Albert, 49 ans,  artiste de cinéma de profession, devenu pour l'occasion assassin supposé. Vous imaginez que ça va dynamiter le scénario ? Bingo ! Son décor planté et son duo principal réuni, 9 mois ferme appuie franchement sur l'accélérateur. L'humour rappelle celui d'un cartoon de Tex Avery !

Pardon de ne pas avoir noté la référence, mais je lisais dernièrement qu'Albert Dupontel s'était efforcé d'être juste dans son approche visuelle d'un tribunal pour mieux ensuite imposer son décalage burlesque à la réalité. Pour ce film, il a même demandé des conseils "techniques" à une vraie magistrate, à qui il a d'ailleurs offert ensuite un petit rôle. Avec moi, cette méthode fonctionne très bien: 9 mois ferme est à l'évidence une pochade, mais ce souci de cohérence renforce encore le plaisir que je prends à voir les codes de cet univers voler en éclats. Je veux dire aussi qu'il y a quand même quelqu'un derrière la caméra: quand il s'agit notamment d'illustrer le temps passé à compulser un dossier ou à... attendre un bébé, certains plans s'avèrent tout à fait inventifs. Et je préfère me taire sur les surprises offertes par les personnages, entre bouffées paranoïaques d'avocat bègue, concupiscence de flic crétin et pitreries de journaliste télé...

9 mois ferme
Film français d'Albert Dupontel (2013)

Vous l'aurez compris: derrière mon titre sage se cache une blague comme on en voit peu dans le paysage du cinéma ! Albert Dupontel est un peu moins féroce qu'à ses débuts, mais il envoie du lourd question singeries. J'aurai certainement bientôt chroniqué l'ensemble de ses (cinq) films. En attendant, vous en trouverez déjà trois autres dans l'index des réalisateurs. Et, parce que cet humour "dupontelien" me semble tendre vers une certaine tendresse, j'ose la comparaison avec le regretté Artus de Penguern. À vérifier avant de trancher...

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Maintenant, si vous tenez à connaître d'autres arguments...

Je vous laisse aller lire les avis de Pascale ("Sur la route du cinéma") et Dasola ("Le blog de Dasola"). Deux autres verdicts assez cléments.

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