mercredi 23 octobre 2013

Reconstruction ?

Je ne sais plus comment j'ai appris que Woody Allen tournait un film avec Cate Blanchett. Quand Blue Jasmine a commencé à faire parler de lui, j'ai lu quelques articles à son sujet, mais j'ai surtout attendu. J'avais cette émotion que suscitent les projets cinématographiques jugés les plus enthousiasmants, étant donc partagé entre l'impatience de le découvrir et l'inquiétude d'en être déçu, après coup. C'est aussi pour ce frisson, plus intense en salles je crois, que je vais au cinéma.

Alors oui, quand la seule véritable actrice que j'admire véritablement et presque inconditionnellement obtient un rôle chez un réalisateur dont j'ai appris à aimer le style si particulier, j'essaye d'esquiver chaque détail - trop - révélateur et je suis fidèle au rendez-vous. Deux jours ! J'ai tenu deux jours après sa sortie avant d'aller voir Blue Jasmine. Je trouve ça bien qu'il n'apparaisse sur le blog qu'aujourd'hui, presque un mois plus tard. Certains d'entre vous l'auront sans doute vu, d'autres pas: s'il n'est pas trop tard, courez-y ! C'est un beau film avec, surtout, une magnifique comédienne. Il peut m'arriver de manquer d'objectivité, mais là, j'insiste... et j'assume !

Malgré son incroyable prestance, la Jasmine du titre est une femme brisée. Après lui avoir permis de mener grand train dans un hôtel particulier de New York, son mari s'est suicidé... en prison, condamné qu'il était pour escroquerie - le film le montre comme un Madoff franchement convaincant et j'en profite pour saluer la prestation d'Alec Baldwin, on ne peut plus crédible lui aussi. Bref... insouciante hier, ruinée aujourd'hui, Blue Jasmine n'a d'autre solution de repli que d'aller vivre chez Ginger, sa demi-soeur, à San Francisco. Problème: cette femme a une vie bien différente, celle d'une caissière de supermarché. Du temps de sa superbe, Jasmine la méprisait...

Ce cynisme plane sur le scénario et donne matière à des répliques particulièrement grinçantes. Blue Jasmine sait faire rire, parfois. Woody Allen se retrouve à l'évidence derrière les névroses obsessionnelles de son héroïne déchue, bien plus franche et assumée après avoir avalé sa dose quotidienne de Xanax. Le long-métrage n'est dès lors pas qu'une bonne partie de rigolade. Il est bien certain que le réalisateur a de l'empathie pour son personnage principal. Soucieuse de se reconstruire, Jasmine se coltine un nombre impressionnant de crétins et ça ne lui facilite pas la vie. Le scénario ne lui donne pas toujours le beau rôle, toutefois. J'en dis déjà trop...

Allez, juste un mot encore pour saluer l'ensemble du casting. Inutile de revenir sur la performance de Cate Blanchett, qui confirme encore tout le bien que je pense d'elle. J'ai aussi parlé d'Alec Baldwin. J'ajoute simplement que, d'après moi, l'autre très beau personnage est celui de Ginger - et Sally Hawkins est impeccable dans les habits bon marché de cette demi-soeur frustre et mal-aimée. Blue Jasmine est-il un film de femmes ? Peut-être bien. Le meilleur Woody Allen depuis longtemps ? Possible aussi. Intelligemment monté et traversé par un jazz inspiré, c'est un long-métrage puissant, plutôt rude parfois, mais dépourvu de manichéisme. Un film très humain, en fait.

Blue Jasmine
Film américain de Woody Allen (2013)

D'aucuns vous diront que ce nouvel opus prouve que le New-yorkais n'est jamais aussi inspiré qu'au moment de tourner dans son pays. Personnellement, ces considérations géographiques me laissent froid, d'autant que le film me paraît pour beaucoup reposer sur les épaules d'une comédienne australienne et, au second plan, celles d'une actrice britannique. Je redis simplement que ce Woody-là est un bon cru. Dans mon panthéon personnel, je le place entre Alice et Manhattan.

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Et maintenant, si vous souhaitez en savoir plus...
Vous pouvez lire l'avis de Pascale ("Sur la route du cinéma"). Elle est plus bavarde sur le déroulé du scénario, mais nous sommes d'accord. L'opinion de Dasola ? Elle est positive aussi: à lire sur son propre blog. Liv, elle, est moins emballée: elle en parle sur "Liv/raison de films". Je termine avec un petit clin d'oeil à Phil Siné, auteur d'un site éclectique que je lis parfois et qu'il désigne comme sa Cinémathèque.

1 commentaire:

  1. oh merci pour le lien !! :)
    et tu es en effet un vrai fan de cate alors... moi j'ai plein d'actrices qui me font ça, mais pas cate... même si je la trouve superbe de toute façon, hein ! :)

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