mardi 1 octobre 2013

Elle ou personne

Dissipons tout de suite un possible malentendu: en espagnol, La nana signifie la nourrice, la servante. Celle du film dont je vous parle aujourd'hui travaille pour le compte d'une riche famille chilienne depuis des lustres. Elle en a presque élevé les enfants. Son histoire s'ouvre le jour de son anniversaire: ses employeurs pensent lui faire plaisir avec quelques cadeaux, mais Raquel ne sourit pas sur la photo souvenir. Elle ne comprend pas qu'on puisse lui demander autre chose que des tâches ménagères. Elle retourne donc bien vite à sa vaisselle.

La situation se tend un peu plus encore quand Pilar, sa patronne, juge nécessaire de recruter une deuxième domestique pour l'assister. Possessive en diable, limite acariâtre, Raquel mène une vie infernale à la petite nouvelle, vite découragée. Avant d'en dire trop, je dois admettre que je m'étais fourvoyé: j'attendais un polar et c'est plutôt une fresque sociale qu'il m'a été donné de découvrir. Ma déception passée, je me suis laissé prendre au jeu, d'autant mieux que La nana est donc un film chilien, ce qui lui confère en Europe un petit côté "exotique". Choix délibéré ou non, l'image s'en ressent. J'ai eu l'impression d'être dans la maison des personnages, à leurs côtés, comme si un proche les avait filmés au caméscope pour me faire passer la vidéo. À vrai dire, je n'ai pas toujours trouvé ça agréable. Cette photographie numérique m'a souvent paru un peu sale, terne.

La nana n'est pourtant pas un mauvais film. J'ai simplement trouvé qu'il était trop long au début et peut-être trop rapide à la fin. Concrètement, au bout de vingt minutes, j'avais le sentiment d'avoir tout vu du mal-être de Raquel et je commençais à en avoir marre. J'attendais un frisson qui ne venait pas. C'est vraiment tardivement que j'ai fini par comprendre les intentions du réalisateur: il s'agissait pour lui non pas de faire peur ou de faire mal, mais de dresser doucement le portrait d'une femme dévouée et solitaire. L'aspect réussi du long-métrage tient à ce que Catalina Saavedra, l'interprète, évolue lentement vers un mieux-être compliqué, en se révélant finalement à elle-même plutôt qu'aux autres. Bien qu'un peu sombre parfois, le scénario s'achève sur une toute petite note d'optimisme. D'aucuns pourraient se sentir frustrés de ne pas en savoir davantage.

La nana
Film chilien de Sebastian Silva (2009)

Ma relative déception ne me fera pas tourner le dos au cinéma sud-américain. Pas de bouderie, non: c'est simplement que j'attendais autre chose de ce long-métrage, primé au Festival de Sundance. Conseil à ceux d'entre vous qui aiment les oeuvres dites minimalistes et aimeraient en voir une issue du même continent: Caméra d'or cannoise en 2011, Les acacias me laisse, lui, un meilleur souvenir.

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Si vous voulez d'autres avis...
Vous en trouverez un petit, plutôt favorable, sur "Le blog de Dasola". L'ami David avait aussi donné le sien sur "L'impossible blog ciné".

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