samedi 24 août 2013

Destinées tsiganes

Je suppose que ces choses-là arrivent. L'autre soir, assez peu inspiré à l'heure de choisir un film à poser sur ma platine DVD, j'ai retenu Liberté, prêté par un ami (salut, Johan !). J'avais franchement envie de l'aimer, mais je suis quelque peu passé à côté. Pas question ici pour moi d'en dire du mal, mais je suis vraiment déçu: j'espérais quelque chose d'autre, un souffle épique ou je ne sais quoi. Me faire raconter la déportation des tsiganes pendant la seconde guerre mondiale aurait pu être un moment d'émotion, mais c'est resté plat...

Reprenons. En faisant des fils de fer barbelés d'un camp concentrationnaire les cordes d'une guitare, le film semblait vouloir m'embarquer dans un univers onirique riche d'une certaine promesse. Las ! Il est vite redevenu très terre-à-terre. Je respecte le choix personnel de Tony Gatlif, mais limiter les enjeux de son long-métrage au suivi d'une famille de quinze Tsiganes m'a paru en restreindre exagérément le périmètre et la portée dramatique. Si je veux croire qu'elle existe, la portée universelle du film ne m'a pas atteint. Aussitôt, j'ai même tiqué sur les inexactitudes du script, qui évoque le président de la République française en 1943, et j'ai été interloqué du rôle subsidiaire que le film fait jouer à l'occupant allemand. Finalement, tout m'a paru se passer comme si la déportation n'était qu'une simple conséquence des petits préjugés franchouillards vis-à-vis des gens du voyage. Liberté joue dans un cadre trop petit.

Ce qui se passe à l'écran m'a parfois semblé trop allusif ou elliptique pour toucher vraiment le public ignorant de ces faits. Le film garde toutefois quelques qualités et, bien sûr, a le grand mérite d'évoquer ces faits, justement, ce qu'aucun autre long-métrage n'avait fait avant lui, sauf erreur. De plus, en intégrant de fait une communauté tsigane, le spectateur lambda découvre un peu de leur mode de vie nomade, opportunité rare et plaisante. Peut-être que Liberté compte trop de personnages: on s'attache à deux ou trois, mais les autres paraissent posés là pour faire figuration. Les gentils sédentaires joués par Marc Lavoine et Marie-Josée Croze n'ajoutent que bien peu de choses à l'intrigue, en dépit d'un joli plan où leurs regards inquiets se croisent entre deux portes. J'ai mieux aimé la prestation acrobatique de James Thierrée, petit-fils de Charles Chaplin. Souvent en harmonie avec la musique, il apporte rythme et émotion. Enfin !

Liberté
Film français de Tony Gatlif (2010)

C'est à regret que je n'attribue que trois étoiles à ce long-métrage. Peut-être que j'en ai trop attendu pour l'apprécier à sa juste valeur. Je veux redire mon respect pour la démarche du réalisateur. S'emparer de cette thématique n'avait rien d'évident et j'y vois donc un choix personnel, presque intime, digne d'être soutenu et loué. Steven Spielberg ne fait pas autre chose avec La liste de Shindler. J'aimerais revoir Au revoir, les enfants, le film de Louis Malle...

----------
Si vous voulez lire d'autres avis sur le film...
Vous en trouverez un chez Pascale ("Sur la route du cinéma"). Dasola l'évoque dans une chronique à films multiples ("Le blog de Dasola"). 

2 commentaires:

  1. Bonjour Martin, merci pour le lien. Sinon, rétrospectivement, je pense que j'ai été plutôt sympa dans ma critique. J'avais trouvé le thème original mais c'est vrai que je n'ai pas eu envie de le revoir. Bonne après-midi.

    RépondreSupprimer
  2. Je l'ai enregistré. Il est dans ma pile à voir. Déçue que tu n'aies pas aimé ! Mon avis un de ces jours sur mon blog.

    RépondreSupprimer