mercredi 21 août 2013

Combat pour l'honneur

L'histoire ne dit pas si les toutes premières séances ont fait le plein. Quand, à la fin de sa première semaine d'exploitation, je me suis rué pour aller voir Les sept samouraïs au cinéma, il y avait encore moins de spectateurs dans la salle que de guerriers à l'écran ! La ressortie dans une copie neuve et en version intégrale du film d'Akira Kurosawa m'a offert la chance de le voir dans de belles conditions, meilleures sûrement que celles offertes par le DVD que j'avais d'abord envisagé de regarder. Un plaisir rare et raffiné, le fruit d'un Japon fantasmé.

Sauf oubli malencontreux, Les sept samouraïs devient le plus vieux des films que j'ai découverts en salle. L'histoire ? Celle d'un village perdu dans la montagne, au 16ème siècle. Fauchés comme les blés qu'ils récoltent pour survivre, ses habitants craignent légitimement l'attaque d'un gang de bandits cavaliers. Jugeant qu'ils n'ont plus rien à perdre, certains d'entre eux partent à la recherche d'un groupe d'hommes aguerris au combat pour leur venir en aide. Leur souci premier, c'est qu'ils n'ont qu'un peu de riz à offrir en compensation. Heureusement, après quelques jours de recherche, un brave type accepte le marché et convainc même quelques autres de se joindre avec lui à l'équipée-retour. Je ne vais pas vous parler de la suite. Simple précision à l'attention de celles et ceux qui auraient eux aussi l'occasion d'appréhender le film pour la première fois: cette version intégrale dure près de trois heures et demie. Il est d'ailleurs amusant d'avoir droit à un entracte au milieu, image fixe et musique à la clé. C'est qu'en 1954, tout le métrage ne tenait pas sur la même bobine...

Sur le grand écran blanc, Les sept samouraïs a encore belle allure. Question de ressenti, bien sûr. Sauf à être véritablement réfractaire au noir et blanc ou ignare en cinéma, il n'est pas compliqué d'imaginer quelques-unes des prouesses réalisées ici par les équipes engagées. Si ce que j'ai lu est exact, le film est resté longtemps le long-métrage le plus cher de l'histoire du cinéma japonais. Akira Kurosawa préparait son coup depuis un bon moment, mais avait initialement dû renoncer à tourner une histoire de ce genre, alors freiné dans son élan artistique... par la censure de l'occupant américain ! On peut juger qu'après coup, le cinéaste s'est joliment rattrapé. Dépassant largement les délais et les moyens que la production lui avait octroyés, il parvint à définir une nouvelle référence du film d'action. Attention: son oeuvre est nettement plus riche et ne se cantonne certainement pas à une suite de batailles homériques. Les talents multiples des comédiens engagés en font aussi une très belle galerie de portraits, portée encore par un discours signifiant sur la société nippone et les rapports de force entre les hommes d'un même pays. Aujourd'hui encore, il y a vraiment de quoi penser et s'émerveiller !

Les sept samouraïs
Film japonais d'Akira Kurosawa (1954)

Avec un peu de recul, je crois pouvoir dire que je suis assez mûr aujourd'hui pour apprécier ce genre de longs-métrages. Il y a encore quelques années, j'aurai fini par trouver le temps long. Je suis allé cette fois au cinéma en connaissance de cause... et de durée. Désormais, Akira Kurosawa m'apparaît en père d'une cinématographie assez fascinante. Le plus beau reste à découvrir: je n'ai encore vu que trois de ses films, tous tournés sur fond de Japon médiéval. Kagemusha ? J'en reparlerai. D'ici là, vous pouvez relire ici mon avis sur Le château de l'araignée. D'autres encore pourraient suivre. Possible que je commence par un remake: Les sept mercenaires !

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Et en attendant ces chroniques non encore programmées...
Vous pouvez noter que le perfectionniste Akira Kurosawa avait choisi d'utiliser cinq villages différents pour donner l'impression d'un seul dans le film !  Un autre avis sur le long-métrage ? Il y en a un publié sur ce blog ami qu'est "L'oeil sur l'écran". Il vous reste à cliquer...   

1 commentaire:

  1. "Plus vieux film vu en salle" me fait soupirer en pensant à l'époque lointaine où l'on pouvait trouver, chaque semaine, à Paris, des salles (toujours un peu les mêmes!) donnant et redonnant des Charlie Chaplin, Laurel et Hardy, Marx Brothers... Pour beaucoup, elles ont fermé... ou changé de programmation!

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