jeudi 9 mai 2013

Un idéal mafieux ?

"Autant que je me souvienne, j'ai toujours rêvé d'être gangster". Martin Scorsese donne le ton dès le début: plus qu'un simple film supplémentaire sur la mafia, Les affranchis est d'abord le long récit d'une vie, celle d'Henry Hill, gamin devenu délinquant dans l'Amérique des années 50, 60 et 70. J'ai découvert cette fresque très récemment et j'ai pris un plaisir faussement coupable à m'en délecter. C'est typiquement le genre de films qui fonctionne à merveille avec moi comme public: une belle reconstitution et un scénario assez haletant pour rester scotché à l'écran près de deux heures et demie. Le cinéma américain s'exprime dans toute sa grandiloquence: je n'en perds rien !

Henry Hill est donc un ado des quartiers populaires de l'Amérique d'après-guerre. Fasciné par les bandits, il n'a qu'à traverser la rue pour leur proposer ses services et, parce qu'il ne dénonce personne quand il est arrêté, il gagne rapidement les faveurs du chef de clan. C'est pour lui l'occasion de "faire carrière" aux côtés d'un truand confirmé, Jimmy Conway, et d'un malfrat de son âge, Tommy DeVito. Les affranchis tourne autour du trio, avec d'autant plus d'efficacité que les rôles sont confiés à Ray Liotta, Robert DeNiro et Joe Pesci. Têtes d'affiche, les trois acteurs brillent chacun dans son domaine: Liotta en petite frappe trop vite montée en graine, DeNiro en leader charismatique au regard chargé de menaces, et Pesci en tueur psychopathe, prêt à faire parler la poudre à la moindre contrariété. N'oublions toutefois pas la qualité des personnages secondaires, chef mafieux et épouse-complice, dont Paul Sorvino et Lorraine Bracco assument parfaitement l'ambiguïté. Une distribution en or 24 carats.

Il arrive que l'on reproche à Martin Scorsese de ne pas prêter assez d'attention aux détails. Y aurais-je pris garde si je ne l'avais pas su ? Quelques faux raccords un peu gênants "polluent" l'image de son film. Retenir cet aspect des choses et négliger le reste serait dommage. Objectivement, le maître américain sait composer des plans remarquables: Les affranchis en contient quelques-uns capables d'accrocher la rétine des cinéphiles. Je pense à ces longues séquences intérieures et par exemple à cette entrée dans un cabaret par la porte des cuisines, le couple amoureux du criminel et de sa fiancée traversant tout l'établissement avant qu'une table leur soit octroyée au premier rang de la salle de spectacle. Ce que le film a de grand, c'est aussi qu'il élude quelques scènes d'action pour se concentrer alors sur l'intimité de ses personnages - mention pour un repas improvisé entre les trois mafiosi et la vieille mère de l'un d'entre eux, alors qu'un quatrième larron agonise dans le coffre de la voiture. D'autres scènes en prison sont aussi tout à fait remarquables: le clan y règne toujours en monarque absolu. Sur le plan formel, vous noterez qu'inspiré d'une histoire vraie, le long-métage est porté par une bande originale aux petits oignons. Et jamais au détriment des dialogues !

Les affranchis
Film américain de Martin Scorsese (1990)
Il me restera à voir Il était une fois en Amérique de Sergio Leone. Peut-être aussi Scarface de Brian DePalma. Mon petit tour d'horizon des gangsters du septième art est loin d'être terminé. Au film d'aujourd'hui, je préfère cela dit Le parrain de Francis Ford Coppola. Peut-être parce qu'il vient avant dans la chronologie du cinéma mondial. Peut-être aussi parce que Marlon Brando en fait foncièrement un film "à part". En attendant d'aller plus loin, je dirais enfin que connaître l'un ne doit pas vous décourager de voir l'autre.

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En guise de tout petit complément...
Vous pouvez lire l'avis des rédacteurs de "L'oeil sur l'écran".

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