mardi 23 avril 2013

La veuve joyeuse

J'aime aussi le cinéma français parce qu'il regorge de petits films sortis de nulle part. Reconnaissons toutefois à Queen of Montreuil quelques tons islandais, du fait du pays d'origine de la réalisatrice, Sólveig Anspach, et de deux des personnages principaux. Le fait alors que l'action de cette historiette se déroule en banlieue parisienne ajoute au décalage offert  par cet objet filmique vaguement identifié. Le long-métrage est tout à la fois drôle, tendre, émouvant, burlesque et frappé. Un exemple que le septième art n'a pas toujours besoin d'être formaté pour qu'on y trouve du plaisir. C'est même le contraire.

Résumons. Au début de Queen of Montreuil, Agathe rentre chez elle. Elle a entre les mains l'urne funéraire qui contient les cendres de feu son mari, journaliste mort sur le terrain d'un accident de mobylette. Dans le petit bureau voisin de celui où on lui explique que faire désormais, elle rencontre Anna et Ulfur, une mère et son fils, débarqués d'Islande au retour de la Jamaïque et dépourvus de papiers d'identité. Le trio se réunit à cet instant parce qu'Agathe accepte d'aider les deux Nordiques et de les héberger, le temps qu'ils règlent quelques formalités. Bientôt, on va découvrir toute une communauté de Français multicolores, fauchés et souriants. Le côté "carte postale" de l'entreprise est clairement assumé: entre fantaisie d'un quotidien métamorphosé et onirisme, le film navigue dans la positive attitude.

Naïveté ? Idéalisme ? Volonté d'une vision du monde un peu apaisée ? Queen of Montreuil, c'est sans doute un peu tout ça. De quoi faire fuir ceux qui ne supportent le cinéma social que froidement réaliste. Pourtant, quand je suis allé voir le film, encouragé tant par ma mère que par un bouche-à-oreille favorable, la salle était pleine et j'ai gardé le sourire tout le long de la projection. Beaucoup de gens riaient, aussi, la preuve que le cinéma fait du bien quand il est un peu rêveur. Cette fable est filmée, montée et même mise en musique avec beaucoup de modestie: c'est tout à l'honneur de Sólveig Anspach d'avoir abordé son sujet sans grand discours et sans leçon de morale. J'ai découvert une cinéaste, mais aussi une troupe de comédiens. Parmi eux: Florence Loiret-Caille, assez épatante, et... une otarie.

Queen of Montreuil
Film français de Sólveig Anspach (2013)
Le fabuleux destin d'Amélie Poulain: c'est sûrement parce que je l'ai revu il y a peu que j'ai repensé à ce film en voyant celui d'aujourd'hui. Il se trouvera probablement des pisse-froids pour crier à l'idéalisation d'une situation objectivement moins reluisante. Tant pis ! Je reste amateur de ce genre de cinéma, parfait pour me détendre totalement quand je me sens un peu stressé. Rire et émotion(s) en prime.

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Bon, évidemment, ça ne plait pas à tout le monde...
Pascale, de "Sur la route du cinéma", est très dure avec le film. C'est donc avec logique qu'elle en parle avec d'autres mots que les miens.

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