Il y a bien longtemps que je voulais voir Duel. Sans en faire toutefois mon Graal cinématographique, le film m'attirait de par son statut remarquable de premier long-métrage de Steven Spielberg. Je précise ce que les connaisseurs savent déjà: il s'agit d'abord d'un téléfilm produit par la chaîne ABC dans un format de 74 minutes. J'ai pu voir la version longue, sortie ensuite dans les cinémas, et d'une durée d'environ 86 minutes. Chouette expérience d'ainsi remonter le temps pour mieux appréhender l'oeuvre d'un réalisateur de notre époque...
Il me faut également rendre hommage à Richard Matheson, 87 ans depuis hier, qui signe ici le scénario. Le romancier américain a fait preuve d'une belle inspiration. Ce que j'aime dans Duel, c'est en fait que tout repose sur une idée unique. Elle vient apporter à l'histoire une constance dramatique que des rebondissements exacerbés auraient sans doute affadie. Son "héros" est un personnage franchement ordinaire: David Mann est représentant de commerce. Après une semaine difficile, devinez quoi ? Il rentre chez lui. On sent juste qu'entre sa femme et lui, ce n'est pas l'amour fou tous les jours, mais l'intrigue écarte vite cette digression. Pendant une petite heure et demie, tout le propos des images est de nous montrer comment, au volant de son cabriolet rouge tomate, David Mann devient la cible d'un mystérieux chauffeur de camion. Point barre. Pas de fioriture.
Une telle histoire se passe assez facilement de personnages secondaires. D'où le titre choisi pour ma chronique, "Sur la route", celui auquel j'avais d'abord pensé, étant un peu trop connoté Kerouac pour être honnête. Ici, le bitume n'est pas opportunité: il est menace, d'autant plus évidente que la caméra nous accompagne dans les coins les plus reculés de l'Amérique. Les cinéphiles géographes pourront retenir que Duel a été tourné en douze jours seulement dans le désert des Mojaves, au nord-est de Los Angeles. Le site impose naturellement une ambiance propice au frisson, l'absence de solution face au danger devenant logiquement très angoissante et l'imagerie seventies évoquant quelques autres bons souvenirs d'effroi cinématographique. L'usage de voix off vient un peu altérer l'épure générale, mais, par sa simplicité même, le film est bel et bien réussi.
Duel
Film américain de Steven Spielberg (1971)
Vous avez raison: ça ne nous rajeunit pas ! Je n'étais même pas encore né quand le film est sorti. Steven Spielberg, lui, avait 25 ans quand il l'a tourné. Je vous laisse parcourir l'index des réalisateurs pour (re)découvrir ceux de ses films ultérieurs dont j'ai déjà parlé. Récompensé d'un Grand Prix au terme du premier Festival du film fantastique d'Avoriaz, ce premier opus me semble sans équivalent dans la filmographie du maître. Il m'a fait penser aux longs-métrages d'Alfred Hitchcock ou, pour l'origine du danger, à Christine. Le roman de Stephen King et l'adaptation de John Carpenter datent... de 1983 ! Autre comparaison possible, le Délivrance de John Boorman (1972).
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Si vous souhaitez un autre avis...
Vous lirez la chronique et les commentaires de "L'oeil sur l'écran".
Il me faut également rendre hommage à Richard Matheson, 87 ans depuis hier, qui signe ici le scénario. Le romancier américain a fait preuve d'une belle inspiration. Ce que j'aime dans Duel, c'est en fait que tout repose sur une idée unique. Elle vient apporter à l'histoire une constance dramatique que des rebondissements exacerbés auraient sans doute affadie. Son "héros" est un personnage franchement ordinaire: David Mann est représentant de commerce. Après une semaine difficile, devinez quoi ? Il rentre chez lui. On sent juste qu'entre sa femme et lui, ce n'est pas l'amour fou tous les jours, mais l'intrigue écarte vite cette digression. Pendant une petite heure et demie, tout le propos des images est de nous montrer comment, au volant de son cabriolet rouge tomate, David Mann devient la cible d'un mystérieux chauffeur de camion. Point barre. Pas de fioriture.
Une telle histoire se passe assez facilement de personnages secondaires. D'où le titre choisi pour ma chronique, "Sur la route", celui auquel j'avais d'abord pensé, étant un peu trop connoté Kerouac pour être honnête. Ici, le bitume n'est pas opportunité: il est menace, d'autant plus évidente que la caméra nous accompagne dans les coins les plus reculés de l'Amérique. Les cinéphiles géographes pourront retenir que Duel a été tourné en douze jours seulement dans le désert des Mojaves, au nord-est de Los Angeles. Le site impose naturellement une ambiance propice au frisson, l'absence de solution face au danger devenant logiquement très angoissante et l'imagerie seventies évoquant quelques autres bons souvenirs d'effroi cinématographique. L'usage de voix off vient un peu altérer l'épure générale, mais, par sa simplicité même, le film est bel et bien réussi.
Duel
Film américain de Steven Spielberg (1971)
Vous avez raison: ça ne nous rajeunit pas ! Je n'étais même pas encore né quand le film est sorti. Steven Spielberg, lui, avait 25 ans quand il l'a tourné. Je vous laisse parcourir l'index des réalisateurs pour (re)découvrir ceux de ses films ultérieurs dont j'ai déjà parlé. Récompensé d'un Grand Prix au terme du premier Festival du film fantastique d'Avoriaz, ce premier opus me semble sans équivalent dans la filmographie du maître. Il m'a fait penser aux longs-métrages d'Alfred Hitchcock ou, pour l'origine du danger, à Christine. Le roman de Stephen King et l'adaptation de John Carpenter datent... de 1983 ! Autre comparaison possible, le Délivrance de John Boorman (1972).
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Vous avez raison de souligner que la simplicité du film contribue à sa réussite. La dimension fantastique du film vient du choix de ne montrer le chauffeur du camion à aucun moment. Spielberg maîtrise ici l'art du hors-champ, en digne héritier de Jacques Tourneur. A la différence de ce dernier, il ne joue pas avec les ombres puisqu'il place toute l'action sous la lumière vive du soleil californien, mais il procède au fond comme son devancier. Il associe la clarté d'exposition d'un comportement étrange et l'incertitude persistante de la cause du phénomène. Ce mélange bien dosé est le carburant du film, en plus du gas-oil.
RépondreSupprimerBonjour Valfabert ! Et merci d'être venu remonter si loin dans mes archives !
RépondreSupprimerJe garde un très bon souvenir de ce film et n'hésiterai pas à la revoir à l'occasion.
D'après ce que vous écrivez, je me dis qu'il faut que je découvre le cinéma de Jacques Tourneur...