samedi 16 février 2013

Django, à moitié seulement

Je crois bon de le préciser d'emblée: si j'ai vite décidé d'aller voir Django unchained au cinéma, j'étais jusqu'au début de la projection tout à fait sceptique sur sa capacité à me plaire vraiment. J'avais vu quatre des sept premiers films de Quentin Tarantino et restais campé sur une impression mitigée, entre respect pour la vraie personnalité du réalisateur et sentiment de lassitude devant la répétition (éternelle ?) de certaines de ses ficelles narratives. Là où d'autres idolâtrent un style, j'ai vu un peu de facilité, voire de complaisance. Et je craignais donc, encore une fois, de rester sur ma faim.

Et puis, ô bonheur ! J'ai beaucoup aimé le début du film. L'humour cynique des toutes premières scènes m'a vraiment plu. Nous sommes aux États-Unis, en 1858. Django est un esclave noir, qu'un Allemand chasseur de primes libère et prend sous son aile, par pure vénalité d'abord, puis parce qu'il le considère comme un bon associé possible et, enfin, parce que, finalement, ce n'est pas un si mauvais bougre. Devenus d'improbables amis, les deux hommes chevaucheront bientôt ensemble vers la plantation d'un vrai sale type, arrogant, dépourvu d'une once de pitié et par ailleurs coupable de voir la - jolie - femme dont Django est amoureux comme sa propriété. Django unchained ne fait pas dans la finesse, mais ça peut être une qualité. Caricaturaux peut-être, ses personnages restent charismatiques. Franchement, je crois pouvoir dire que le western ne m'a jamais paru être le genre le plus porté sur la nuance, de toute façon. Pas grave.

Au crédit de Django unchained, outre toute une volée de dialogues savoureux, je citerais également le jeu des acteurs. Il m'est difficile de les départager ! Peut-être bien que Christoph Waltz sort légèrement du lot en voyou véritable, mais non dépourvu d'éthique. Jamie Foxx n'est pas mal non plus, aussi crédible dans le côté ingénu de son personnage que dans ses aspects vengeurs. Et j'ai jubilé devant la conviction dont Leonardo DiCaprio et Samuel L. Jackson font preuve pour composer leurs personnages d'ordures intégrales. Personnellement, je n'ai jamais eu la moindre difficulté à admettre l'immoralité de certains westerns - c'est même le contraire. J'aime énormément ce genre quand il est traité classiquement, et ce je crois depuis l'enfance, mais aussi quand il est pris à rebrousse-poil. Filmer à contre-courant est sans doute plus facile pour Quentin Tarantino désormais que pour Sergio Leone dans les années 60, cela dit.

Mon affection pour le maître italien mise à part, c'est probablement ce qui explique que je sois un peu plus dur à l'égard de son disciple américain. Et si j'affirme volontiers qu'il y a de très bonnes choses dans Django unchained, je veux dire que tout ne m'a pas plu. Traiter l'esclavage en dérision, passe encore. Accuser Quentin Tarantino d'être raciste du fait que ses personnages disent "nègre" à tout bout de champ de coton, ça me paraît juste idiot. Ce qui me déplaît un peu plus, c'est que le personnage le plus vil de cette histoire soit demeuré de mon point de vue un esclave noir ébène, un peu plus raciste encore que son maître blanc. Admettons que ce soit de la provoc ! Il reste quand même un petit malaise, le propos du film ne semblant pas toujours très éloigné de l'idée que certains ne méritent rien d'autre qu'un profond mépris, suivi à terme d'une mort violente. J'en sors avec le sentiment désagréable d'une totale absence de point de vue.

Aurait-il alors fallu que je prenne le film comme un divertissement sans prétention pour l'apprécier vraiment ? Peut-être. Il serait juste en pareil cas que je dise que je n'y suis pas entièrement parvenu. Django unchained m'a ainsi semblé trop long: les scènes du milieu m'ont paru étirées, après donc un très bon début et avant un fin imparfaite, mais plutôt efficace. Par chance, j'ai admis la violence des scènes d'action, mais j'ai là aussi un reproche à faire, sur le plan de la cohérence d'ensemble cette fois. Quentin Tarantino opte toujours pour une représentation très directe, chargée de litres d'hémoglobine. Soit. Mais alors pourquoi choisir parfois le grotesque et, à d'autres instants, proposer le plus cru des réalismes ? Il y a là une rupture de ton qui m'a gêné à plusieurs reprises. J'ai eu l'impression un peu confuse que le long-métrage me tenait volontairement à l'écart de quelque chose. C'est bien dommage...

Django unchained
Film américain de Quentin Tarantino (2012)

Je ne mets que trois étoiles, parce qu'en dépit de la vraie admiration que j'ai pour sa culture cinéphile, ce cher QT ne parvient toujours pas à me convaincre de son attachement inconditionnel pour un cinéma de genre qui ne serait pas... le sien. Je conclurai toutefois en disant que j'ai mieux aimé le film d'aujourd'hui que son prédécesseur immédiat, Inglourious basterds. Gardant de bons souvenirs adolescents autour de Reservoir dogs et Pulp fiction, j'ai aussi envie de voir et revoir toute la filmographie pour la confronter désormais au regard de l'adulte que je suis devenu. Mais ça peut attendre...

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Et pour finir, un tout dernier mot...

J'ai écrit cette chronique à chaud, avec la volonté d'être assez nuancé dans mon propos. J'espère avoir pu démontrer que j'ai du respect pour Quentin Tarantino, convaincu d'ailleurs qu'il laissera une trace importante dans l'histoire du cinéma américain. Je vous invite désormais à lire la chronique de Pascale et celle de Dasola. Dasola qui, d'ailleurs, vous propose elle aussi des liens vers d'autres blogs.

Ah, encore un tout petit détail...

Je ne l'ai pas vue, mais il paraît qu'il y a une scène post-générique.

2 commentaires:

  1. Bonjour Martin, moi non plus je n'ai pas vu la scène post-générique, cela m'apprendra de ne pas être restée jusqu'à la fin. En tout cas, merci pour le lien. Bonne journée.

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  2. Les fans de western italien auront noté que la musique du générique est celle du "Django" de Sergio Corbucci, la musique de fin est celle "on l'appelle Trinita" , l'éllipse est on ne peut plus claire..!!

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