dimanche 17 octobre 2010

Leur vie, après

Ce n'est pas une péninsule, mais c'est tout de même un cap, un cap symbolique: ce soir, après avoir écrit ma chronique, j'aurai présenté 300 films sur ce blog. D'autres ont fait mieux, mais je suis content. Je trouve que le hasard fait bien les choses: de cap, il est en effet aussi question dans le long-métrage que je souhaite évoquer aujourd'hui, L'arbre, que certains cinémas diffusent peut-être encore au moment où je tape ces lignes. Mais cette fois, pas de joie ou de plaisir, puisque c'est du deuil dont il s'agit. En fait, l'histoire débute à peine que Dawn, son héroïne - une jeune femme d'origine franco-écossaise installée en Australie - perd son mari, Peter, qui est aussi, avec et grâce à elle, le père aimant de quatre jeunes enfants.

D'emblée, et même si l'image, elle, ne l'est pas trop, le coup au coeur est violent. Il l'est d'autant plus, en fait, qu'au tout départ, le couple offre aux regards une harmonie quasi-parfaite. On ressent dès lors une empathie immédiate pour les survivants de cette petite famille et d'abord pour la maman qui a perdu ce papa qui semblait parfait. Merci Charlotte Gainsbourg ! Oui, c'est elle et vous l'aviez reconnue sur la photo, pas vrai ? Tout ça ne vous dit pas pourquoi le film s'appelle L'arbre. Je vais vous l'indiquer: parce que Peter est victime d'une attaque subite quand il rentre chez lui, au volant de sa voiture, et que son véhicule termine sa course à faible vitesse dans le figuier du jardin. Lequel figuier va alors prendre une importance capitale dans la vie de Dawn et ses enfants, à partir du moment où la gamine de la maisonnée se persuade qu'il renferme désormais l'âme du père.

Cette petite Simone est magique. Un autre nom est à retenir: celui de Morgana Davies, la toute jeune comédienne qui l'incarne. Fortiche ! Même si les autres personnages sont TOUS dignes d'intérêt, c'est d'abord à partir de ses réactions à elle que le film prend son envol et sa tonalité, sa couleur en somme. Il est remarquable qu'il ne soit jamais larmoyant. Non, vous ne rirez pas devant L'arbre, mais je suis persuadé que, si quelques larmes coulent, elles sècheront au générique final. La projection fait vivre quelques émotions fortes, mais l'évolution des uns et des autres s'inscrit tout doucement dans une dynamique positive. La toute fin du scénario montre qu'en dépit de tout ce qu'elle contient de douleur parfois, la vie continue toujours. Et, en chemin, qu'il n'est pas nécessaire de tout oublier pour se reconstruire. Un message universel qui, délivré avec tant de délicatesse, aide à aller mieux.

L'arbre
Film franco-australien de Julie Bertuccelli (2010)
Dans un décor absolument superbe, un long-métrage que je classe volontiers parmi les meilleurs de cette année. Grand moment ! Je l'ai déjà dit, mais deux fois valent parfois mieux qu'une pour convaincre totalement: il n'est jamais tout à fait plombant. Disons en tout cas qu'il ne le reste pas et que les plus émotifs - comme mon smiley d'aujourd'hui - peuvent le voir sans trop de crainte. Sur la thématique du deuil, par exemple, un film comme La chambre du fils, signé Nanni Moretti et Palme d'or à Cannes en 2001, s'encaisse sûrement beaucoup plus difficilement. Pour rebondir à présent sur une oeuvre moins âpre, je choisis Max et les maximonstres, de Spike Jonze. Sous la forme d'un conte, une belle variation sur le thème de l'enfant enfermé dans un univers qu'il s'est créé, plus doux que la réalité.

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