mardi 13 juillet 2010

Les clowns tristes

Allez, retour matinal ! Je commence cette journée en vous parlant ici de L'illusionniste, vraie perle d'animation signée Sylvain Chomet. Une petite merveille ! C'est d'abord l'occasion de noter que je ne suis pas sectaire en matière de dessin animé: je crois bien que j'apprécie un peu tous les genres et sous-styles. Ce film nous rappelle d'ailleurs qu'il est possible de réaliser toutes sortes de longs-métrages différents grâce à cette technique. Ici, l'oeuvre est au moins nostalgique, et souvent même un peu triste. Ce n'est pas un défaut ! Elle parvient aisément à nous émouvoir et j'espère que celles et ceux d'entre vous qui auront l'occasion de la découvrir en sortiront touchés, dans cet état second que le cinéma sait parfois générer. Pour moi, ça a marché aussi bien qu'avec des acteurs. Peut-être même mieux, mais, sauf improbable remake, je ne peux l'affirmer...

Ce qui est sûr, c'est que L'illusionniste repose sur un scénario original de Jacques Tati, le roi du quasi-muet décédé en 1982. Certaines critiques en parlent comme d'une oeuvre que le maître n'a pas tournée, souffrant trop de ses ressemblances avec le personnage principal. Hypothèse crédible: le film s'intéresse à un dénommé Tatischeff - le vrai nom de qui vous savez. Ce dernier est un artiste de music-hall et, comme vous l'aurez deviné, prestidigitateur. Problème: dans la France des années 60, ses numéros ne font plus recette auprès du public. Quant aux promoteurs, ils préfèrent de loin les chanteurs à la mode, rock et yéyé, qui squattent de plus en plus les salles de spectacle. C'est ce qui conduit notre homme à un exil écossais. Là-bas, il rencontre encore un ultime succès d'estime, devant la clientèle d'un pub perdu au fin fond de nulle part.

Suivront des rencontres, des voyages, des espoirs et désillusions. J'aurais pu intituler cette chronique A kind of magic, mais c'était anglais, pioché ailleurs, déjà pris et de toute façon un peu faux. Pourquoi ? Vous comprendrez en voyant le film, je pense. Le titre finalement retenu insiste donc sur l'aspect nostalgique du travail réalisé par Chomet. L'illusionniste n'en reste pas moins à mes yeux un grand moment de cinéma. En effet, au-delà même de l'hommage vibrant à un autre artiste dont le scénario lui est pour ainsi dire tombé entre les mains, le bon Sylvain donne à cette (belle) histoire une dynamique très personnelle, sur la base d'une animation splendide, d'un style "à l'ancienne" - c'est-à-dire en 2D - très réussi. Et je dis ça sans même vous avoir parlé des dessins, d'une qualité absolument exceptionnelle. Bref, l'ensemble constitue un petit bijou que je conseille de ne pas rater et de suivre jusqu'au dernier crédit du générique final. Pendant le déroulé des noms, on croit ainsi entendre plusieurs des grands noms de la chanson française aujourd'hui disparus. Comme un dernier coup de baguette magique.

1 commentaire:

  1. Entièrement d'accord avec toi Martin ! Sur toute ta chronique ! Ce film, grande réussite en 2D - j'avoue retrouver toujours avec plaisir ces bons "vieux" dessins animés ! Même si tu ressens une profonde mélancolie et une grande tristesse (enfin, j'ai bien rigolé avec notre rocker à la banane)... C'est la grande magie du 7ème art !

    Silvia

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