mardi 20 avril 2010

Pauvre papa !

Jean Gabin, le retour. Ce soir, très heureux propriétaire d'une série de films du célèbre comédien français, j'ai choisi de vous présenter l'un d'entre eux, Rue des prairies, réalisé par Denys de la Patellière et sorti sur les écrans cinéma en 1959. Le héros de cette histoire tient un peu du Panisse de Pagnol: il élève comme son fils un garçon qui n'est pas le sien. Pourquoi ? C'est ce qu'expliquent de manière très pudique les toutes premières minutes du métrage. Ce petit inconnu, l'ex-prisonnier de guerre le découvre au moment de rentrer dans ses foyers, en 1942, et alors même qu'il apprend que sa femme est morte en couches, lui laissant en outre la charge d'assumer seul l'éducation des deux qu'ils ont eus ensemble. Séance très poignante du père devant les trois bébés couchés sur un lit. Fondu au noir.

Le temps avance: nous voilà à la veille des années 60. Les enfants d'Henri Neveux sont devenus grands. Louis, l'aîné, est champion cycliste. Odette, la cadette, vend des chaussures et fait des photos de mode. Fernand, enfin, le benjamin inattendu, n'a pas encore quitté l'école. Son comportement déplaît d'ailleurs à ses professeurs. Le jeune homme est ce qu'il est convenu d'appeler un petit caïd. C'est sur cette banalité familiale que va se développer le scénario. N'attendez pas des rebondissements épiques et un suspense à couper au couteau: Rue des prairies est une comédie de moeurs qui respire la simplicité. Elle nous parle d'une France qui n'existe plus: c'est bien dans ce constat que réside le charme du film. Désuet, sans doute, mais pas inintéressant. Le noir et blanc est même touchant, parfois.

Et que dire alors de Jean Gabin, dans ce rôle de pauvre papa débonnaire ? Sa gouaille fait ici merveille, à tel point que, s'il aurait été naturel que je m'identifie à l'un des enfants, c'est finalement bien du père dont je me suis senti le plus proche. Ce qui ne veut pas dire que les autres comédiens soient mal inspirés. C'est le contraire: Rue des prairies offre une chouette occasion de revoir Claude Brasseur jeune, de mesurer un peu mieux les nombreuses facettes du talent de Marie-José Nat et de découvrir Roger Dumas, certes un peu âgé pour son rôle d'ado lycéen, mais, à 77 ans, toujours actif aujourd'hui ! La perle de ce film, il faut toutefois la voir ailleurs. Hum... en fait, il faut même plutôt l'entendre ! Michel Audiard signe en effet des dialogues particulièrement savoureux, qu'ils soient drôles ou pathétiques. Rien que pour ça, je vous recommande vivement de regarder le film si, un jour, il (re)passe à votre portée.

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