samedi 28 février 2009

Séraphine et les Césars

Je n'ai pas vu Séraphine. J'ai failli, pourtant. Je passais un matin devant l'affiche et, je ne sais pas pourquoi, ses habits à l'ancienne peut-être, cette femme marchant dans les herbes hautes a attiré mon regard. Elle n'avait rien de glamour ou de sexy, au contraire. Encore le "piège" du film en costumes, donc ? C'est ma foi possible. En tout cas, je n'y suis pas tombé, ratant mon rendez-vous avec Séraphine au cinéma. Aurai-je la chance de me rattraper à l'occasion d'une nouvelle sortie ? C'est envisageable car, même si ce n'est pas ma priorité des priorités, ce film sur la vie d'une artiste peintre vient tout de même de rafler sept Césars, et pas des moindres, d'ailleurs ! Meilleur film. Meilleure actrice pour Yolande Moreau (son deuxième après Quand la mer monte en 2005). Meilleur scénario original. Meilleurs costumes (tiens !). Meilleure musique. Meilleure photo ! Voilà qui ressemble fort à un grand chelem: à quelques détails près, l'oeuvre de Martin Provost décroche les trophées les plus prestigieux. On dit parfois que sept est un chiffre magique...

Derrière, et c'était plus attendu, le deuxième grand vainqueur 2009 est Vincent Cassel, pour son interprétation de Jacques Mesrine dans le diptyque L'instinct de mort - L'ennemi public numéro 1. J'ai déjà eu l'occasion de vous parler des films, les 4 décembre et 25 janvier derniers. Je ne vais pas répéter tout ce que j'ai dit à l'occasion, mais je trouve que l'acteur a largement mérité d'être récompensé, car toute son interprétation - et, au-delà, son implication dans le rôle - est vraiment très bonne. J'espère désormais qu'on nous épargnera l'énième retour des polémiques pour comparer la copie et l'original. Notons au passage que l'Académie a aussi salué Jean-François Richet comme le meilleur réalisateur de l'année, et décerné un autre César au(x) film(s) pour le son. Assez mérité également, à mon avis.

Je suis vraiment très heureux aussi de la décision prise d'attribuer chacun des deux Césars de meilleur espoir aux jeunes partenaires d'un même film, à savoir Déborah François et Marc-André Grondin pour Le premier jour du reste de ta vie (cf. ici le 11 août dernier). Je me souviens avoir bien aimé ce petit film sans prétention, chronique de la vie de cinq membres d'une famille. L'interprétation tout en finesse de Zabou Breitman et Jacques Gamblin n'a donc pas fait oublier celle de deux de leurs trois "enfants de cinéma". Vraiment, voilà qui est une très bonne chose, je trouve. Ouais ! Place aux jeunes, en quelque sorte ! Petit regret: que la démarche n'ait pas été poussée jusqu'à remettre un autre César à Pio Marmai, le jeune acteur qui tient le rôle du grand frère des deux précités. Peut-être l'Académie a-t-elle jugé qu'il n'était plus un espoir. Notons tout de même, et c'est là encore assez justifié, je trouve, que le film a aussi obtenu le César du meilleur montage. Un joli tir groupé !

Un dernier film recueille plusieurs Césars cette année: Il y a longtemps que je t'aime. Les plus cinéphiles d'entre vous auront reconnu Elsa Zylberstein sur la photo, une actrice que j'apprécie plutôt et que, pourtant, je ne vois pas beaucoup. Des rôles confidentiels ? Peut-être que cela changera, maintenant qu'elle a obtenu un trophée pour... le meilleur second rôle féminin. Réalisateur sur ce projet, Philippe Claudel peut aussi se réjouir avec le César du meilleur premier film. Un bel encouragement !

Chez les hommes, le César du meilleur second rôle 2009 a été attribué à Jean-Paul Roussillon, pour moi un parfait inconnu ! Bon... Un conte de Noël, le film qui lui vaut cette récompense, j'en ai quelques images en tête. C'est - sauf erreur - une oeuvre recommandée par Télérama, une de ces productions à la française qui me laissent rarement indifférent, mais soit totalement ébloui, soit profondément lassé. Pour l'heure, je ne l'ai pas (encore ?) vue.

Entre les murs, je suis passé tout près, mais finalement... je suis allé voir autre chose le moment venu. Pour rappel, la semaine dernière, il a raté l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Désormais, le voilà couronné du César de la meilleure adaptation, ce qui est moins prestigieux, mais quand même pas si mal. Et, encore une fois, le film a eu la Palme d'or l'année dernière, donc bon...

Autre film que j'ai manqué et que je voulais pourtant découvrir: Valse avec Bachir, récompensé du César du meilleur film étranger. Je trouve bien que le jury ait choisi un film d'animation, alors même qu'il n'existe aucune catégorie dédiée. Oeuvre israélienne, récit cauchemar de la guerre au Liban, cette création originale avait été remarquée un peu partout. La voilà désormais célébrée à la hauteur de sa réputation. Je sais à peu près ce qu'il me reste à faire...

On passe d'un extrême à l'autre: j'avoue humblement que je n'avais jamais entendu parler de Les miettes, ni même de son réalisateur Pierre Pinaud, avant hier soir. Renseignements pris, l'oeuvre raconte l'histoire d'une ouvrière, dont l'usine, en toile de fond de son décor quotidien, sort progressivement du champ de la caméra. Etrange ! Curieux ! J'aimerais voir ce que ça donne. En tout cas, ça doit plutôt être une réussite, car c'est le César du meilleur court-métrage 2009.

Agnès Varda, je connais, de nom. La veuve de Jacques Demy repart cette année avec le César du meilleur documentaire pour son film éponyme, Les plages d'Agnès. J'ai aussi envisagé d'aller le voir, mais je ne sais pas si j'aurais le temps pour cela. On verra. Dans le pire des cas, je me rattraperai d'une certaine façon, en "entamant" enfin l'intégrale Demy que mes parents m'ont offerte à Noël...

Voilà, j'ai presque fait le tour. Il me reste à préciser que la soirée d'hier a permis d'offrir un César d'honneur à Dustin Hoffman, acteur que j'aime bien, moi aussi, mais que je n'ai pourtant plus eu l'occasion de voir depuis longtemps ! Soulignons enfin que le jury était présidé cette année par Charlotte Gainsbourg, première femme à ce poste depuis Carole Bouquet en 2006. Un joli duo pour finir !

mardi 24 février 2009

Des Oscars à la pelle

Danny, avec deux N. Ce n'est pas un scoop pour les cinéphiles passant ici deux jours plus tard: le grand vainqueur des Oscars, c'est lui, Danny Boyle, le réalisateur britannique de Slumdog Millionaire. C'est en rédigeant ma chronique précédente, cherchant alors confirmation que Tommy Lee Jones avait obtenu une statuette dorée l'année dernière, que j'ai réalisé que la cérémonie avait lieu... le jour même. Et comme j'avais l'intention de vous parler des Césars en fin de semaine, je commence aujourd'hui en évoquant le palmarès complet de leurs équivalents américains, avec en sus quelques mots de commentaires personnels. Au passage, vous pourrez déjà noter qu'outre-Atlantique, l'Académie ne couronne pas que des films nationaux, mais peut décerner des récompenses aux productions anglophones dans leur ensemble. C'est ce qui s'est passé cette fois. Et voilà que je me souviens du temps où je commençais à découvrir le cinéma, et par exemple le premier film de Boyle, Petits meurtres entre amis. C'était mes dernières années au lycée ou les premières en fac. Que de chemin parcouru et de films vus, depuis !

Revenons à Slumdog Millionaire. Favori de la compétition, le film était "nominé" pour neuf Oscars: il en a glané huit, ce qui n'est pas un record, mais reste une performance de tout premier choix. L'heureux Danny Boyle pourra désormais décorer sa cheminée avec deux des plus prestigieux trophées: celui du meilleur réalisateur, donc, et celui du meilleur film. De quoi faire une chouette collection avec ceux de ses petits camarades. Anthony Dod Mantle s'adjuge l'Oscar de la meilleure photo, Simon Beaufoy celui du scénario adapté et Chris Dickens celui du meilleur montage. Un bien beau trio, non ? Récompenses enfin pour l'équipe qui a bossé sur le son, ainsi que pour le compositeur de la bande originale et des chansons, qui s'offre même deux Oscars ! Le carton (presque) plein, en somme !

Les acteurs, maintenant. Honneur aux dames, d'accord ? "Nominée" pour la sixième fois, Kate Winslet décroche cette année l'Oscar tant convoité de meilleure actrice. Le film qui lui vaut cette distinction s'appelle Le liseur et il n'est pas encore sorti en France. Il raconte l'histoire d'une femme amoureuse d'un homme plus jeune, sur fond de Seconde guerre mondiale. En gros, hein ? Il est possible que j'aille le voir pour avoir plus de certitudes et vous donner plus d'explications. Patience, patience, donc... la chronique suivra.

Côté "second rôle féminin", je peux déjà parler de Penelope Cruz dans Vicky Cristina Barcelona. Je l'ai fait dans une chronique publiée ici même le 25 novembre. La première réflexion qui me soit venue, c'est: "Rebecca Hall et Scarlett Johansson sont bien meilleures !". C'est idiot: elles, elles jouent le premier rôle ! Impossible pour elles de devancer la miss Cruz pour l'Oscar dont il est ici question. Le choix de l'Académie m'a alors paru acceptable.

Les garçons. Là, une demi-surprise, avec la décision d'attribuer l'Oscar du meilleur acteur à Sean Penn pour Harvey Milk, autre film non encore sorti en France, biopic d'un célèbre militant de la cause homosexuelle (également lauréat de l'Oscar du meilleur scénario !). Beaucoup pensaient en fait que l'Académie récompenserait le retour de Mickey Rourke... j'y reviendrai sûrement. Constatons également que Penn en est déjà à sa deuxième statuette, après celle obtenue pour Mystic River il y a cinq ans. Rendez-vous en 2014 ?

Heath Ledger, le lauréat - très attendu - du Prix du meilleur acteur dans un second rôle, ne pourra pas "bisser". Mort l'année dernière, l'acteur reçoit une récompense posthume, la deuxième à être décernée depuis la création des Oscars en 1928. Mon avis ? Finalement, je pourrais passer mon tour, car je n'ai pas encore vu The dark knight, le nouveau Batman en question. Bon, je vais essayer de rattraper le coup, étant entendu que le film a aussi décroché un trophée pour son mixage sonore, à mon sens faiblesse importante du précédent volet de la série (Batman begins). Tiens, ça, c'est aussi, et malgré une nomination, la seule des récompenses qui échappe à Slumdog Millionaire...

Je parlais plus haut du film de Danny Boyle comme du grand gagnant de cette 81ème cérémonie des Oscars. S'il faut désigner un perdant, à mon corps défendant, je rejoins l'analyse générale qui pointe L'étrange histoire de Benjamin Button, candidat à 13 récompenses et finalement couronné de trois Prix techniques: direction artistique, maquillage et effets visuels. Je peux imaginer que bien des cinéastes s'en contenteraient et que c'est aussi déjà une joie pour les équipes concernées. Reste que, dans la grande légende d'Hollywood, le film restera un ton en-dessous d'autres oeuvres peut-être un peu moins classiques. Mon espoir, désormais, c'est de le voir bientôt pour enfin me faire une idée. Vendredi, peut-être.

La dernière récompense technique consacre The Duchess, film signé Saul Dibb, avec Keira Knightley, mis en avant pour ses costumes. Il a fallu que je regarde Allociné pour me souvenir que cette oeuvre évoque le destin de Georgiana Spencer, une ancêtre de la princesse Diana. J'ai zappé, sur le coup, faute d'être intéressé par ce scénario. Retenons juste que le travail mené a été salué par les professionnels de la profession, et passons à autre chose...

Quand j'ai souligné plus haut que l'Académie célèbre des films anglophones, vous aurez peut-être compris qu'il n'existe pas d'Oscar du meilleur film étranger. La dénomination exacte parle en fait de "meilleur film en langue étrangère", ce qui n'est évidemment pas tout à fait la même chose - la preuve cette année. Le lauréat 2009 vient du Japon: Okuribito - traduit Departures en anglais - permet aux curieux de découvrir les rites funéraires nippons par l'entremise d'un ancien violoncelliste devenu croque-mort malgré lui. Anecdote: les chauvins retiendront que le film français Entre les murs était également en lice dans cette catégorie. Mais difficile d'oublier alors qu'en guise de belle récompense, il avait déjà pu obtenir la Palme d'or du dernier Festival de Cannes.

Une nouvelle photo de Wall-E sur ce blog, mes amis ! Le dessin animé made in Pixar décroche la timbale du meilleur film d'animation. Il ne l'a pas volé ! Fouillez dans les archives de l'été dernier: j'ai également déjà chroniqué ce petit bijou de poésie. Découverte du palmarès, je n'ai en revanche pas eu l'occasion d'apprécier La maison en petits cubes, du Japonais Kunio Katô, qui a obtenu l'Oscar du meilleur court-métrage d'animation.

Côté court-métrage, l'Académie récompense également la fiction et a choisi cette année de féliciter un réalisateur allemand dénommé Jochen Alexander Freydank, dès sa première nomination. Je ne sais pas grand-chose de son oeuvre, Spielzeugland, si ce n'est juste qu'elle évoque l'holocauste au travers des yeux d'un enfant, persuadé que ses voisins juifs sont partis au pays des jouets...

Enfin, les dernières récompenses consacrent des documentaires. Catégorie long métrage, le lauréat est Man on wire, qui suit les pas du... Français Philippe Petit, funambule entre les ex-tours jumelles du World Trade Center. J'ai choisi d'illustrer ce dernier paragraphe par une image issue du vainqueur de l'Oscar du court-métrage documentaire, Smile Pinki de Megan Mylan. Cette fois, le spectateur s'intéresse à une petite Indienne de la campagne. Voilà... j'y vois aussi une jolie façon de clore un palmarès en bouclant la boucle.

dimanche 22 février 2009

La fin du rêve américain

Européen convaincu, il y a tout de même quelque chose que j'admire chez les Américains: ce que j'appellerai leur capacité de résilience, cette faculté qu'ils ont de digérer (plutôt rapidement) les soubresauts de leur histoire pour mieux repartir de l'avant. Par exemple, notez que le cinéma français commence tout juste à aborder sérieusement ce qui s'est passé pendant la guerre d'Algérie, bientôt cinquante ans après les événements. Toujours engagés militairement sur le sol irakien, les Américains, eux, abordent le conflit "en direct". Bien évidemment, ce n'est pas uniquement positif. Le recul historique offre parfois un regard plus juste sur tel ou tel fait, et rien ne dit que, demain, nous aurons forcément la même vision de la réalité. Sans attendre, se libérant des mensonges de l'administration Bush, quelques réalisateurs ont pu inventer la guerre et ses conséquences, porter le fer de leur imagination dans la chair d'un pays meurtri, et ainsi livrer leur vision des choses. C'est évidemment plus ou moins intéressant. D'après moi, ça l'est beaucoup dans le film dont je vais parler aujourd'hui: Dans la vallée d'Elah, signé Paul Haggis.

Tommy Lee Jones - je suppose que vous l'aurez reconnu - aurait pu obtenir l'Oscar de la meilleure interprétation masculine pour ce rôle, l'année dernière. S'il a finalement été devancé par Daniel Day-Lewis, il n'en livre pas moins une prestation remarquable, toute en colère retenue et en détermination. Le héros du film, c'est lui, un vétéran du Vietnam dont le fils, engagé volontaire en Irak, disparaît au cours d'une permission. Le père s'étonne, bien sûr, de ne pas avoir été prévenu de ce retour, puis s'inquiète, forcément, de ne plus avoir aucun signe de vie. En face de lui, la hiérarchie militaire suppose l'absent resté auprès d'une fille et l'accuse finalement de désertion. Chose impossible à admettre pour des parents, qui plus est déjà affaiblis par la perte d'un premier enfant - Susan Sarandon est géniale dans le (petit) rôle de la maman. Et ce n'est qu'un début, car la police militaire découvre les restes d'un corps dont les empreintes digitales semblent correspondre à celles du disparu. C'est là que, déjà très intéressant, Dans la vallée d'Elah devient passionnant. Exactement le genre de films qui me scotche dans mon fauteuil.

Stop ! Je n'en dirai pas plus sur le déroulement de cette intrigue complexe. J'ai déjà cité Tommy Lee Jones: le second personnage principal est celui d'un flic - civil celui-là - qui va accepter de l'aider pour savoir ce qui s'est passé. Un rôle que Paul Haggis a eu l'excellente idée d'offrir à une Charlize Theron méconnaissable ! Remarquez, je savais cette actrice capable de métamorphoses physiques assez lourdes, faisant ainsi oublier sa singulière beauté. C'est particulièrement vrai ici: cette Emily Sanders n'est pas laide, mais n'a rien de sexy. C'est l'archétype de l'Américaine moyenne, pas Marge Simpson non plus, bien sûr, mais la femme travailleuse, qui doit élever seule son enfant et qui trouve du temps pour s'occuper des autres. Vous craignez les clichés ? Je peux comprendre. Il faut pouvoir "entrer" dans ce type de films. Vous auriez tort d'y renoncer. Dans la vallée d'Elah est une oeuvre véritablement poignante, qui parle des Etats-Unis d'aujourd'hui comme on le fait trop peu souvent. Chaque personnage a des failles, même les "bons". J'aime autant insister sur ce que mon titre vous aura sans doute fait comprendre: on ne rigole pas vraiment. D'après moi, le film n'en est pas moins réussi, parce qu'il suscite la réflexion et évite tout manichéisme. Autre signe tangible que la vérité des choses est très changeante selon les points de vue, il est aussi inspiré de faits réels...

samedi 21 février 2009

Dany boude

Pas besoin d'aller chercher très loin: le message date du 5 février dernier. Il y a tout juste seize jours, donc, j'évoquais ici un sondage soulignant combien Dany Boon et son film Bienvenue chez les ch'tis avaient fait la fierté des gens du Nord. Je trouvais d'ailleurs ça plutôt légitime. Et voilà que j'apprends cette semaine que l'ami Dany boycottera la 34ème cérémonie des Césars du cinéma, vendredi prochain. L'acteur-réalisateur a assuré qu'il ne gardait pas de rancune du fait qu'il ne soit susceptible de recevoir qu'une seule récompense (meilleur scénario original, pour mémoire), mais indiqué qu'il jugeait ne pas avoir sa place dans une soirée qui ne célèbre pas le genre comique. Alain Terzian, le président de l'Académie des Césars, a dit qu'il soumettrait l'idée d'une nouvelle catégorie à l'Académie en mars prochain. Le plus célèbre des Ch'tis, lui, a promis qu'il reviendrait volontiers en 2010 pour remettre le premier des nouveaux trophées. L'ironie de l'histoire veut qu'actuellement, au cinéma, il fasse partie du casting de Le code a changé, film produit par... Alain Terzian.

Bref. Ce n'est pas nouveau: voir "les professionnels de la profession" juger et récompenser (ou pas) le travail de leurs pairs a toujours fait débat. Un Festival de Cannes - auquel, entre parenthèses, Dany Boon était présent en 2008 - un Festival, disais-je, sans polémique similaire serait probablement même un véritable Festival de Cannes ennuyeux. Les Césars eux-mêmes ont connu leur lot de controverses, et notamment, l'an passé, autour d'un discours engagé - et coupé - de Mathieu Amalric. Le débat me semble toujours sain pour faire avancer les choses, fut-ce dans l'industrie cinématographique. Par nature, il me semble logique qu'un palmarès suscite des discussions. Seulement, là, sur le coup, je ne suis pas d'accord avec Dany Boon. Je le trouve même un peu mesquin. Personne ne conteste le succès public de son Bienvenue chez les ch'tis. Sauf erreur, il n'a pas parlé d'autres films qui, selon lui, auraient pu briguer cette année le César de la meilleure comédie. J'ai l'impression qu'il cherche à créer un lot de consolation. Et s'il est sans doute vrai que l'Académie n'a récompensé que peu de films comiques, leur dédier une distinction me paraît assez pernicieux. Pourquoi d'autres ne demanderaient-ils pas alors la création d'un prix pour d'autres genres ? Je trouve vraiment dommage de vouloir tout cloisonner et, ce faisant, d'oublier ce qui rassemble. Vous savez, ce vieux truc qu'on appelle cinéma !

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Mise à jour (dimanche 1er mars, 12h53):
Dany Boon a finalement participé à la cérémonie. Expliquant que son conseiller communication (Jacques Séguéla ?) lui avait "monté le bourrichon" autour de la virginité de son palmarès, il a indiqué qu'il n'avait jamais été fâché et a voulu clore la polémique. Invité à la table d'honneur, il a dîné avec Dustin Hoffman et Sean Penn. Y'a pire !

mercredi 18 février 2009

Dernier retour pour l'aventurier


Chronique numéro 128 aujourd'hui. Je ne saurai jamais à combien j'en serais si je ne m'étais pas cassé la jambe au mois de mai dernier. Ce qui est très probable, c'est que j'aurais évoqué un peu plus de films vus au cinéma. Ce qui est possible aussi, en sens inverse, c'est qu'il y aurait moins de critiques de DVDs, faute d'avoir eu autant de temps pour en regarder. Bref. Le rapport de cette intro avec le message du jour, c'est que je vais parler d'un film que j'avais envie de voir avant mon accident, et que j'avais finalement manqué. Je crois me souvenir que j'avais prévu de m'offrir une séance avec une amie (tu confirmes, Ségo ?) et que, finalement, je n'avais même pas pu, convalescence oblige, participer à ce qu'on pourrait appeler une projection de rattrapage chez mes parents. Ce film que j'ai donc manqué deux fois, je suis sûr que vous aurez déjà reconnu le profil de son héros. Oui ? Non ? C'est le dernier épisode d'une vieille trilogie devenue série de quatre. Son nom, vous avez trouvé ? Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, bien sûr.

Autant être clair: avant d'enfin pouvoir découvrir le film, les critiques que j'avais lues à son égard n'étaient pas encourageantes. Résumons le sentiment moyen: l'idée était que ce quatrième opus était vraisemblablement le plus faible de toute la série. Mouais. Admettons. Pour être tout à fait honnête, si je devais donner un avis sur ce postulat, il me semble qu'il faudrait d'abord que je revois chacun des trois autres épisodes: Les aventuriers de l'arche perdue, Le temple maudit et pour finir La dernière croisade. Bon. Ma critique du dernier nommé est disponible sur ce blog: je l'avais redécouvert à Sallanches, lors de mon séjour hospitalier. Et d'un ! Pour le reste, ma dernière vision remonte aux calendes grecques. Impossible, donc, d'établir une comparaison objective entre les Indy de 1981, 1984, 1989 et 2008. Ce serait certainement un peu facile. Un peu déloyal, aussi. Je refuse résolument de brûler l'un des héros de mon adolescence sur la seule base de quelques vieux souvenirs.

Après, puisque je choisis de vous donner mon avis sur Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal pris isolément, je crois honnête de dire tout d'abord que le film n'est sûrement pas un chef d'oeuvre. Mérite-t-il pour autant d'être descendu en flammes ? Je ne pense pas non plus. Que manque-t-il donc à cet Indy "nouvelle génération" ? Sans doute un peu de tonus et des personnages un peu plus typés. Aux côtés d'Harrison Ford, Steven Spielberg a eu la bonne idée d'offrir à Karen Allen de reprendre son rôle de Marion Ravenwood, l'ex-petite amie de l'aventurier, apparue dans l'épisode 1. Exit toutefois les autres personnages mythiques: Henry Jones Senior, Marcus Brody ou encore Sallah. Bref. Les nostalgiques n'en auront pas forcément eu pour leur argent, c'est vrai. Autre déception relative pour l'inconditionnel de la dame que je suis: la bonne idée de choisir Cate Blanchett pour un rôle de méchante donne un résultat final assez fade. Qu'à cela ne tienne ! Moi, j'étais malgré tout content de voir ce film. Et même s'il aurait peut-être pu être beaucoup mieux, j'ai trouvé sympa cet Indiana Jones vieilli et pourtant toujours actif. Les vrais héros ont forcément une petite part d'immortalité...

dimanche 15 février 2009

Nos amies les bêtes

Vous savez ce que c'est. Cette fois, je suis sûr que ça vous arrive aussi. Le soir venu, vous n'avez qu'une seule envie: vous vautrer dans un canapé et regarder un truc pas-prise-de-tête à la télé. Programme consulté (ou pas), vous vous rendez compte qu'il n'y a pas grand chose de valable à vous coller sous la rétine et vous sacrifiez une nouvelle fois au culte du dieu DVD. Mais attention ! Le but premier demeure: vous détendre devant quelque chose qui laisse, selon l'expression désormais consacrée, une bonne part de cerveau disponible. Moi, dans ces cas-là, je me détourne - sans hésitation ! - des émissions de type Star Ac et autres Koh Lanta, et, quand c'est possible, je fais tourner un dessin animé sur ma platine. Le dernier en date, c'était il y a quelques jours, Les rebelles de la forêt.

L'idée de départ, c'est vrai, les créateurs de films d'animation l'ont souvent rabachée ces dernières années. Comme très souvent, donc, dans ce genre de productions, l'intrigue repose sur un duo a priori incomptable. Cette fois, les deux héros s'appellent Boog, un ours apprivoisé, et Elliot, un cerf riquiqui du genre débilo-trouillard. Clairement, Les rebelles de la forêt ne le sont pas vraiment, rebelles. L'idée est qu'Elliot, prisonnier d'un vilain chasseur et promis au découpage en rondelles, est sauvé par Boog de ce funeste destin. Les choses deviennent loufoques quand il en profite pour faire découvrir à son nouvel ami les joies de la liberté et du grand air. Autant vous dire ce que vous aurez sûrement compris: le nounours est encore moins adapté à la vie sauvage que son compagnon à bois. D'où, par la suite, pléthore de situations farfelues en compagnie d'écureuils fous, de canards déjantés ou de lapins volants...

Dreamworks ? Pixar ? Les rebelles de la forêt ne nous vient d'aucun des grands studios habituels, mais de Sony Pictures Animation, gage de... rien du tout, en fait. Comme je disais en introduction, ce n'est pas le genre de choses à regarder pour porter ensuite un regard nouveau sur le monde, au contraire. Depuis un pitch banal, il n'y a aucune vraie originalité dans cette histoire, simple suite de scènes délirantes, au terme desquelles une bande d'animaux déterminés met à mal la supériorité humaine et fait respecter son environnement naturel. Voilà, ce n'est rien d'autre que ça, mais je dirais également que c'est déjà ça. Je ne m'attendais à rien de révolutionnaire quand j'ai choisi ce film et j'ai vu ce que j'attendais: une oeuvre propice aux sourires qui, sur un scénario convenu, permet de s'évader quelque temps. En clair et résumé, un bon petit pop corn movie.

jeudi 12 février 2009

Il était une fois en Irlande

Je ne sais pas si c'est votre cas. Me concernant, je ne parlerai pas d'habitude, mais il m'arrive de donner leur chance à des films improbables, dont je n'ai presque pas ou pas du tout entendu parler avant. Une opportunité cinéma, une bonne affaire DVD, un passage télé impromptu... peu importe, au fond: je suis parfois aventureux dans mes choix. La dernière fois que je l'ai été, cela m'a souri. C'est Once, un film sorti en 2007, qui a tourné l'autre soir sur ma platine. Aucune star à l'affiche, un réalisateur - John Carney - pour moi inconnu au bataillon. Aujourd'hui, son tour venu, j'ai donc eu envie de vous dire deux mots de cette (agréable) découverte.

Once parle d'un homme et d'une femme, jeunes tous les deux, dont on ne connaîtra jamais le nom. Au générique final, les deux acteurs sont crédités comme "le gars" et "la fille". Rien à voir en tout cas avec nos Jean Dujardin et Alexandra Lamy nationaux, puisque le film est irlandais, son action se déroulant d'ailleurs à Dublin. Le gars joue de la guitare dans la rue et aide son père à réparer des aspirateurs. La fille, elle, vend des magasines ou des fleurs et dispose justement d'un appareil tombé en panne. Plus que le bricolage d'ustensiles ménagers, c'est la musique qui va réunir ces deux-là. Mais chut ! Désormais, vous me connaissez: je n'aime pas trop en dire...

J'ai trouvé beaucoup de charme à cette histoire simple. S'il fallait définir Once d'un seul adjectif, je dirais très certainement que c'est une oeuvre pudique. Chacun brodera ce qu'il veut sur ce scénario. Des choses sont suggérées, mais peu sont réellement exprimées, et encore moins montrées. Disons en somme que le chemin du gars croise celui de la fille, juste le temps de jouer quelques accords. Tourné en deux semaines, ce film d'à peine 85 minutes brille également par sa sensibilité, flagrante quand les scènes sont filmées à l'épaule ou encore quand la caméra suit les pas d'un personnage silencieux dans la ville endormie. Il n'y a pas là de quoi révolutionner à tout jamais le cinéma, c'est certain, mais il y a en revanche suffisamment de belles choses pour passer un vrai bon moment.

mercredi 11 février 2009

Complément en couleur(s)

Ce soir, les amis, une (courte) chronique pour donner quelques infos complémentaires à celles que je livrais le 27 janvier sur les acteurs noirs. Grâce à mon confrère Thomas Sotinel, journaliste spécialisé ciné du Monde, j'ai eu confirmation que Hollywood n'avait pas attendu l'élection de Barack Obama pour ouvrir les portes du Bureau ovale à un homme de couleur. Peut-être que cela a pu favoriser certaines choses, allez savoir. Je crois l'hypothèse raisonnable. Il faut toutefois préciser, à l'instar du chroniqueur précité, que les séries télévisées semblent, là aussi, avoir souvent su prendre les salles obscures de vitesse. Reste que, sur pellicule, les Américains ont eu un président noir dès 1972, et la sortie de The Man, film sur lequel j'ai à vrai dire bien du mal à trouver plus d'informations précises. Seul élément: James Earl Jones, celui que certains d'entre vous connaissent peut-être comme la voix originale de Dark Vador, y joue un sénateur au charisme discutable qu'une série d'accidents propulse à la présidence. Il faut relever qu'à l'époque, Vincent Canby, critique au New York Times, descend le film: "S'il était plus réussi, il pourrait choquer. Ce n'est pas le cas. Il est idiot et innocent".

Le premier président noir de l'histoire du cinéma US ? Thomas Sotinel pensait en fait qu'il s'agissait de Morgan Freeman, chef de l'Etat fictif en 1998, dans Deep impact. Son erreur reconnue, le journaliste cite aussi Tommy Lister, quasi-dictateur dans Le cinquième élément (1997), ou le ticket Chris Rock / Bernie Mac de Head of State (2003), une comédie qui, d'après lui, "a coulé sans laisser d'autre trace qu'une bande annonce sur Youtube". Et de conclure que le cinéma a donc beaucoup de terrain à rattraper sur la petite lucarne, dans l'attente d'un toujours hypothétique biopic consacré à Barack Obama. Pour le coup, il semblerait d'ailleurs que plusieurs projets et noms circulent déjà, comme celui de Will Smith, comme je le soulignais l'autre jour. Le dernier en date est celui de Robert Downey Jr, mais pour ce qui semble être une boutade plus qu'une idée sérieuse. Enfin... je ne sais pas ce que vous en penserez, mais pour ma part, je ne suis pas vraiment pressé et à la fois persuadé que ça arrivera un jour. Juste retour des choses, je dirais. Yes, they can !

dimanche 8 février 2009

Jamal avait les réponses !

Waouh ! Ce n'est pas (encore ?) une péninsule, ni même un cap, mais c'est incontestablement un pic ! Hasard ou pas, depuis que je mets des grandes photos sur ce blog, sa fréquentation explose ! Courant octobre et novembre, je recevais une centaine de visites par mois. Après un léger ralentissement en décembre, l'année 2009 est partie sur des bases très élevées, avec 209 connexions en janvier et déjà 195 en février ! J'avoue que je suis plutôt surpris de ce revirement de tendance. Cela dit, et même si j'espère toujours lire un peu plus de commentaires, ça m'incite à continuer à vous proposer des mises à jour régulières et - dans la mesure du possible - sur des thèmes variés. Aujourd'hui, je vous soumets une nouvelle critique de film, celle de Slumdog Millionaire, que j'ai découvert au cinéma il y a maintenant une semaine jour pour jour. Ah, petit rappel au passage pour les amateurs de Danny Boyle: un autre de ses films fait également l'objet d'un message ici. Pour l'heure, si vous voulez bien me suivre, je vous emmène en Inde, pour évoquer ce qui pourrait être l'événement cinématographique de ce début d'année. N'allons pas trop vite dans les rétrospectives: je vais donner mon avis comme si c'était à la fois le dernier et le premier que je puisse livrer.

Un mot sur l'histoire, d'abord, pour savoir de quoi on parle. Le film s'ouvre sur deux scènes entremêlées, chacune introduisant le héros: un Indien d'une vingtaine d'années prénommé Jamal. Je ne trahis rien d'important en vous disant que le Slumdog Millionaire, le "chien des taudis millionnaire", c'est lui. D'un côté, notre bon ami participe au jeu "Qui veut gagner des millions ?", de l'autre, il subit la torture dans ce qui ressemble à un commissariat de police. Montage intéressant qui, déjà, capte l'attention: en fait, la seconde scène suit chronologiquement la première, même si - comme je viens juste d'expliquer - les deux s'entrecoupent fréquemment. Si Jamal se voit obligé d'en découdre avec des flics peu soucieux de ses droits, c'est parce qu'il est accusé d'avoir triché au jeu télévisé. Vous suivez ? L'idée, c'est qu'on essaye de lui faire avouer la manière dont il a combiné son affaire. Et le pauvre Jamal, entre deux gifles, ne fait que répéter: "Je n'ai pas triché, je connaissais toutes les réponses". Aussi fou que cela paraisse à ceux qui l'interrogent, le jeune homme affirme donc avoir gagné la somme record de 10 millions de roupies sans avoir rien fait d'illégal. Et c'est alors autour de ses explications que le scénario du film va se dérouler. Un scénario qui prend la forme d'un long flash-back entrecoupé de scènes de jeu.

Très vite, donc, l'histoire qui nous est racontée ici est celle de Jamal, bien plus que celle d'un possible futur millionnaire. Il est possible d'imaginer que tout va bien se terminer, mais ce n'est pas écrit d'avance. Je ne vous dirai donc rien: pas question de vous gâcher votre plaisir. Sachez simplement que Slumdog Millionaire raconte donc l'histoire d'un homme, de sa petite enfance dans un bidonville jusqu'à sa vie de jeune adulte, ce qui justifie que trois acteurs jouent le rôle du seul Jamal - les mêmes causes produisent d'ailleurs les mêmes effets pour Selim et Latika, les deux autres personnages principaux. Les richesses de ce film sont à mon sens multiples. Danny Boyle nous fait réfléchir, rire, pleurer, douter, tout à la fois. L'image qu'il donne de Bombay et de l'Inde en général n'est certes pas toujours très reluisante et même parfois erronée, ce qui peut rendre compréhensible certaines des critiques formulées contre ce travail. Reste que cette oeuvre a aussi d'immenses qualités: un suspense certain, des rôles profonds et bien interprétés, quelques plans véritablement à couper le souffle, des images souvent magnifiques, au-delà de la carte postale, et beaucoup, beaucoup de rythme. D'ailleurs, même si le film est relativement long, on ne s'ennuie pas une minute ! Le message d'ensemble me paraît positif, un peu comme une déclaration d'amour originale à un pays encore méconnu. Voilà du grand spectacle qui ne se moque pas du public ! Franchement, et comme espéré, j'y ai pris beaucoup de plaisir.

vendredi 6 février 2009

Une chienne de vie

Cela paraît indubitable: Jean-Paul Belmondo va laisser une marque importante dans l'histoire du cinéma français. Aucune statistique précise pour étayer mon propos, mais je suppose que les gens gardent généralement de lui l'image de Bébel, cet homme qui faisait lui-même ses cascades, cette star au grand coeur, au langage populaire et au sourire Ultra Brite. Je dois admettre que je n'ai jamais idolâtré cet acteur mais, voyez comme la vie est étrange parfois, j'ai souvent eu pour lui une certaine affection, sans trop savoir comment la définir ou l'expliquer. Peut-être est-ce que j'avais simplement, moi aussi, le sentiment d'avoir affaire à un "morceau" du patrimoine français. C'est en tout cas avec un raisonnement similaire que j'ai tenu à voir Un homme et son chien au cinéma, sans attendre sa sortie en DVD ou sa - probable - diffusion télévisée.

Avec maintenant presque deux semaines de recul, j'ai l'impression que le film a généré un buzz médiatique important avant sa sortie, puis, sitôt passés quelques jours d'exploitation, est vite retombé dans un relatif anonymat. Comme si ce n'était pas à une histoire, finalement, que les gens s'étaient intéressés, mais plutôt au héros: Jean-Paul Belmondo, de retour à l'affiche à 75 ans et quelques années après un grave accident de santé. Un homme et son chien: le film est d'évidence à la gloire de sa star. L'occasion est belle de l'admirer dans un registre plus pathétique que celui de ses anciens rôles, pour une production évidemment nostalgique, mais qui joue aussi parfois sur les tableaux de l'humour, de la tendresse, voire de la chronique sociale. On ne retrouve pas ici le Bébel d'autrefois, bien sûr. Simplement, la possibilité de retrouver Bébel "tout court" pouvait suffire à attirer le spectateur, attaché au souvenir des années glorieuses du comédien. Une façon de lui dire "au revoir et merci".

Moi, c'est en tout cas plutôt dans cette optique que je suis allé voir Un homme et son chien. Je n'ai pas envie de dire du mal de ce film, bien qu'il ne soit pas franchement un grand moment de cinéma. Francis Huster réalisateur garde les défauts de Francis Huster acteur, à commencer par un manque assez évident de sobriété. Objectivement, il en aurait sans doute fallu un peu plus pour susciter de l'émotion devant cette histoire de vieux monsieur fatigué, chassé de chez sa maîtresse et qui se retrouve livré à lui-même, à la rue, avec son chien comme dernier compagnon. Après l'avoir vu, j'ai lu pas mal de critiques sur le film. Beaucoup s'attardaient sur le casting et relevaient qu'en convoquant une kyrielle de grands comédiens d'hier et d'aujourd'hui, Huster avait transformé le retour de Belmondo en sorte d'hommage funéraire anticipé (et du même coup déplacé). Tout cela me paraît sensé, mais malgré tout exagéré. Ce que j'ai pour ma part retenu du film, en fin de compte, c'est le plaisir empreint de courage d'un homme visiblement diminué, mais qui, pourtant, continue à faire son métier. Au-delà de la passion, j'y vois une preuve de grand respect, je dirai même d'amour, pour le public. Et ça, je suis vraiment content d'avoir pu le ressentir en salle.

jeudi 5 février 2009

Bravo, biloute !

Juste une brève ce soir pour vous faire part de ce que j'ai appris voilà quelques jours: d'après un sondage TNS-Sofres, Dany Boon serait devenu l'année dernière la personnalité originaire du Nord Pas de Calais préférée des Nordistes. Il est cité par 72% des personnes interrogées comme celui qui incarne le mieux la région. Il paraît clair que le sondage permettait de citer plusieurs noms: le Ch'ti le plus médiatique de 2008 devance... le général de Gaulle (42%), l'actrice Line Renaud (32%) et le footballeur Franck Ribéry (23%).

L'effet Bienvenue chez les ch'tis sur ces chiffres paraît indiscutable. Neuf personnes sondées sur dix déclarent en tout cas avoir vu le film et une proportion encore plus grande - 93% - l'avoir aimé ! Statistique tout aussi révélatrice: 70% des interrogés pensent que la comédie a contribué à améliorer l'image de leur région et seulement 8% imaginent qu'au contraire, cette image a été détériorée. Conséquence ou pas, c'est difficile à dire, mais, de fait, la fierté affichée des Nordistes pour leur région grimpe (88% aujourd'hui contre 84 en 2003) et la qualité de vie dans le Nord est mieux perçue encore qu'elle ne l'était hier (83-81%). Avant les César, Dany Boon trouvera peut-être un peu de réconfort dans ces chiffres, son film n'étant en lice que pour le prix du meilleur scénario original...

dimanche 1 février 2009

Albert aux deux visages

Il me faut commencer cette chronique par un aveu. Ce sera sûrement plus honnête de poser les choses d'emblée: en général, et en tout cas dans les rôles récents où je l'ai vu jouer, et aussi en tant qu'homme engagé à sa manière, j'ai un certain respect - pour ne pas dire même un respect certain - pour Albert Dupontel. Actuellement, il fait partie de ces rares comédiens qui m'inciteraient à aller voir un film de par leur seule présence dans la distribution. Il faudra d'ailleurs bien un jour que je me décide à regarder ses premiers rôles, dont on m'a dit qu'ils étaient pour le moins déjantés. Ce sera l'occasion idéale d'avoir une autre image, peut-être pas meilleure, mais plus juste, de celui que je ne connais finalement presque que pour les films d'auteur auxquels il participe. Le dernier que j'ai regardé s'appelle Deux jours à tuer. Un film de Jean Becker qui m'avait échappé l'année dernière au cinéma. J'ai rattrapé le coup grâce au DVD, tout juste édité.

Un petit résumé ? Antoine, la quarantaine, bosse dans la publicité. Visiblement, c'est sans conviction aucune, car notre homme détruit littéralement le produit d'un client... et l'argumentaire pathétique d'un associé. Une scène d'ailleurs très drôle, où Dupontel semble transformer l'incroyable et célèbre tirade du nez de Cyrano en autant de slogans ravageurs à la gloire du yaourt nature. Mais je digresse. Revenons à notre scénario. Antoine s'ennuie donc dans son travail. Très vite, cette sensation désagréable de ne pas s'accomplir semble gangrener son couple, sa relation avec ses enfants, ses rapports aussi avec ses voisins et amis, bref... l'ensemble de sa vie. Pris soudain d'un profond mal de vivre, Antoine pète les plombs et envoie tout promener, du jour au lendemain. Devenu cynique, il n'épargne plus rien ni personne, fait pleurer sa femme, enrager ses proches, semblant décider à vivre selon ses seules valeurs. De sympathique dans la rébellion, le personnage devient très rapidement odieux. Métamorphose et grincements de dents au cours d'un dîner.

Deux jours à tuer pourrait vous faire rire, mais sans doute un peu jaune. Je ne veux en révéler ni les tenants (pourquoi Antoine agit-il ainsi ?), ni les aboutissants (comment tout cela va-t-il finir ?). Notez bien que le titre vous donne un indice: le développement de l'intrigue est assez resserré dans le temps. Cela dit, rien ne donne pour autant l'idée d'une course contre la montre. On a plutôt d'abord le sentiment d'une page qui se tourne, d'une nouvelle étape de la vie d'un homme, construite devant nos yeux. En relisant quelques critiques parues ici et là, je constate que je connaissais un peu le pourquoi du comment, sans pourtant qu'un média l'ait explicité. Tiens, c'est curieux, ça ! D'où me vient cette pré-connaissance ? Je l'ignore. Mais peu importe: le film m'a surpris quand même, en ce sens que, même en sachant les raisons qui poussent Antoine à agir de la sorte, je n'ai pas vu venir l'ultime - et donc surprenant - rebondissement de situation. Une conclusion un peu "grosses ficelles", qui, au final, place le film au niveau d'une honorable production, mais pas du chef d'oeuvre qu'on pouvait espérer. Quant à Albert Dupontel, il ne trouve pas là son meilleur rôle, mais il est bien dans le ton de son personnage. Expressif et violent, assez noir au début, plus lumineux ensuite. Mention spéciale pour le ténébreux Pierre Vaneck et coup de coeur personnel pour la très belle Marie-Josée Croze, parfaits partenaires.