samedi 10 décembre 2011

Un virus et des hommes

Une chronique de Martin

Pas facile de trouver des images efficaces pour parler de Contagion. Le dernier film de Steven Soderbergh s'illustre d'abord par sa mobilité constante. Si la tragédie classique défendait une unité de lieu, celle du cinéaste américain occupe un espace sans frontières, à l'échelle de la planète toute entière. Rien d'étonnant au fond quand il s'agit d'évoquer l'apparition d'un virus mortel pour l'homme et transmis...

Comment déjà ? C'est le tout premier enjeu de ce long-métrage flippant et fascinant. À partir d'une idée assez basique, la caméra capte l'atmosphère de plusieurs villes des États-Unis, mais aussi d'Asie, là où tout pourrait bien avoir commencé. Frissons garantis.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Contagion n'est pas franchement un film-catastrophe. Davantage que son scénario, c'est bien sa mise en scène qui peut susciter un sentiment de paranoïa. Steven Soderbergh sait filmer et s'érige en maître des plans rapides et évocateurs à la fois. Un bouton d'ascenseur par ci, la barre d'appui d'un passager debout dans un bus par là, les objets du quotidien s'avèrent inquiétants, mais le doute plane sur le fait que ce soit véritablement à juste titre. Les laboratoires de recherche réfléchissent à qui pourrait être le patient zéro et leurs hypothèses sont émises à voix haute, pendant que l'épidémie fait des ravages. L'aspect le plus intéressant de cette narration étant qu'elle multiplie les angles de vue: médical, sécuritaire, médiatique, idéologique...

Pour parler ainsi de santé, il n'est pas incongru de soigner la forme. Peut-être pour rendre les choses plus lisibles et parce que c'est aussi souvent sa signature, Soderbergh a fait de Contagion un film choral et distribué ses rôles à quelques-unes des grandes stars internationales du cinéma actuel. Mari perdant sa femme et père protégeant sa fille, Matt Damon est là en habitué. Kate Winslet, Gwyneth Paltrow et Marion Cotillard donnent de l'allure au contingent féminin. Il y a aussi un Jude Law à double face en blogueur ambitieux et un impeccable Lawrence Fishburne en chercheur controversé. Cette distribution a le défaut de ses qualités: elle peut parfois finir par donner le tournis et le sentiment d'une certaine vacuité. D'ailleurs, c'est une faille qui revient régulièrement dans le débat quand est évoquée l'oeuvre de l'ami Steven. Une mention spéciale tout de même pour l'audace de "charcuter" de la tête d'affiche !

Contagion
Film américain de Steven Soderbergh (2011)
Récompensé de la Palme d'or dès son premier film, le cinéaste conserve aussi l'image d'un intello sur qui le public n'a pas beaucoup de poids. Parfois accusé de cynisme, il est aussi réputé pour alterner projets personnels assez branchouilles et oeuvres simplistes, un peu racoleuses. Je n'ai pas envie de confirmer: je l'aime plutôt bien, moi. La liste n'est pas exhaustive, mais vous pourrez vous familiariser avec quelques-uns de ses autres films en en parcourant la chronique publiée ici. Ou me croire sur parole quand je vous dirai que l'aspect choral de celui-là rappelle Traffic, récit de la guerre contre la drogue sorti, lui, en l'an 2000. Il me faudrait le revoir pour vous en dire plus.

1 commentaire:

  1. vu avec Martin.
    Inutile de préciser que les gens avec qui on va au ciné conditionne la séance. Avec l'ami, c'est toujours sympa et le film n'a qu'à bien se tenir ou pas on en parlera avec plaisir.

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